Monaco-Matin

Agnès b. & Bruno Troublé Comme des poissons dans l’eau à Antibes

À l’occasion de la 25e édition des Voiles d’Antibes, la célèbre styliste et son frère, navigateur de renom, puisent dans leurs souvenirs d’enfance, où la mer et les bateaux occupent une grande place.

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Il est bientôt 18 heures en ce mercredi de septembre. Sur le port Vauban, à la veille des premières régates, les équipiers se répartisse­nt les tâches. Pendant que certains briquent, astiquent, règlent, mesurent, d’autres ont lancé l’apéro. Esprit d’équipe. On ne vient pas leur donner un coup demain ni lever le coude, officielle­ment.

En apprenant qu’Agnès b. et Bruno Troublé seraient disposés à évoquer leurs

‘‘ souvenirs de petits marins d’eau douce dans ce coin-ci de la Méditerran­ée, on a simplement sauté sur l’occasion.

On tombe vite nez à nez avec Corinthian, le bateau centenaire barré par le frangin durant les 25es Voiles d’Antibes (lire en page suivante), une épreuve où les vieux gréements rivalisent d’élégance.

L’appel du Sud

Discrète et nature qu’elle est, la soeur de Bruno se serait fondue sans peine dans le décor. Ce sera pour une autre fois. En pleine préparatio­n d’une nouvelle collection, elle est coincée à Paris, loin de son Eden antibois. Là où, presque chaque été, elle reprend possession de sa maison, vers le quartier du Roi-Soleil. Une demeure familiale bâtie à la fin du XIXe siècle.

« Je suis sûr qu’elle rêverait d’être là en ce moment », lance Bruno. « Bon, on va l’appeler », proposet-il. Elle décroche : «Ça va Zozotte ? Ah tu veux pas que je t’appelle comme ça devant les journalist­es ? Bon ok », s’amuse le vilain garnement de 75 ans. « J’ai toujours fait chier mes trois soeurs », nous prévient le benjamin des Troublé.

« Vous avez de la chance d’être là. Vous n’êtes pas très loin du vieil-Antibes, du musée Picasso. Je pense aussi à la chapelle de la Garoupe, au Fort-Carré avec sa plage de galets et la baie des Anges en face, j’adore tout ça. Notre famille a toujours eu beaucoup d’amour pour Antibes. Cela tient aussi à des rencontres, comme le boulanger, Monsieur Veziano ou cette fille très jolie qui vend les salades sur le marché », énumère Agnès b.

« On est au port, à peu près à l’endroit où était amarré le premier

Bruno Troublé

Tara. C’est émouvant », Bruno.

Revenir, toujours, irrésistib­lement…

lui glisse

Le Tara en question, c’était le nom du bateau de leur père, Ado Troublé. « Vous savez d’où ça vient ? », nous teste Bruno Troublé. Pour éviter ce genre de piège, on avait un peu révisé. Tara, c’est le nom d’une maison dans le film Autant en emporte le vent, « celle où l’on revient toujours, irrésistib­lement ». Un peu comme à Antibes, donc...

Même après avoir parcouru le globe, pour des régates internatio­nales ou durant une année sabbatique, avec femme et enfants à bord, Bruno Troublé n’oublie pas que tout a commencé sur cette mer souvent paisible.

« J’ai appris à nager ici. Et j’ai aussi appris à naviguer à côté d’ici, à la Salis, avec le club nautique d’Antibes », note le natif de Versailles, comme Agnès.

De son côté, l’icône de la mode affirme avoir toujours privilégié son cocon sudiste pour les vacances. « Je n’ai jamais voulu aller dans des resorts au bout du monde ou des choses comme ça. Je me partage avec la Bretagne, que j’aime aussi beaucoup, et Antibes. Ici, on a gardé la maison, pour pouvoir se retrouver là, en famille. Beaucoup de souvenirs sont à Antibes, où je me suis mariée deux fois », assure celle qui est cinq fois maman, seize fois grand-mère et trois fois arrière-grand-mère.

À en croire Agnès b. et Bruno Troublé, la mer fait le sel de leur relation privilégié­e.

« Pendant l’été, on a navigué ensemble, dans le golfe du Morbihan. Un pur bonheur. La mer, c’est l’élément qui nous réunit, même si on a toujours été très liés tous les deux. Je ne vais pas dire qu’on se ressemble, parce qu’elle est extrêmemen­t brillante et moi pas. J’ai beaucoup d’admiration pour elle », assure Bruno Troublé.

« Ne l’écoutez pas, il ne raconte que des bêtises. On a des talents différents, c’est tout », enchaîne-t-elle par smartphone interposé. Sur sa lancée, Bruno tient une dernière fois à asticoter sa frangine. Il lui parle de la photo prise par Ado Troublé, que nous reproduiso­ns en haut de cette page. Elle a treize ans et lui neuf ans. « Dis-moi, qui c’est, ce grand gaillard sur le canoë ? C’était un Jules à toi ? » « Cétait Michael, un petit copain d’un été, un Anglais. Il était très mignon. Je l’ai connu en nageant à la Garoupe.. »

À cet âge-là, amourettes estivales marquent bien plus qu’un coup de soleil.

La mer, c’est l’élément qui nous réunit”

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