Alpes-Maritimes : « La situation s’est considérablement améliorée »
Deux experts estiment l’état du patrimoine azuréen : Jean-Louis Marquès, délégué de la Fondation du patrimoine dans le 06, et Pierre de Pissy, délégué des Vieilles maisons françaises dans le 83
Jean-Louis Marquès est formel : « Dans les Alpes-Maritimes, le patrimoine s’est considérablement amélioré depuis une quinzaine d’années. » Un état des lieux qu’il associe à une prise de conscience des élus «desavaleuretdeson intérêt, mais aussi de l’impact qu’il a sur l’attractivité touristique ».
Le délégué de la Fondation du patrimoine le décrit comme « ancien, donc souvent fragile, contrairement à la Bretagne parce qu’ici, nous n’avons pas de granite. Il s’agit de constructions relativement sommaires qui étaient dégradables. Et que ce soit à Nice, Menton, Cannes ou Vence, les maires ont fait beaucoup pour sa préservation et sa restauration.
Ceux qui ont en charge de petites communes y sont également sensibles. Depuis que je m’occupe de la Fondation, une trentaine de chapelles à l’abandon ont été restaurées. Des chapelles charmantes et rares sur le plan esthétique. » Le Département est là, également, pour soutenir leurs actions : « Il aide toutes les communes dès lors que les projets de restauration ne concernent pas des monuments classés. »
Saint-Honorat, unique en Europe Quant à l’intérêt de ce patrimoine dans les Alpes-Maritimes, il assure qu’il vaut le détour, notamment « deux monuments assez exceptionnels qui n’ont pas d’équivalent ailleurs. D’abord, la tour monastère de Saint-Honorat, que tout le monde reconnaît comme un monument unique en Europe et peut-être même dans le monde, et qui avait besoin qu’on s’occupe de lui. Les travaux, qui devaient démarrer en 2014, ont enfin débuté en décembre dernier. Ce magnifique et rare monument sera donc sauvé. Le deuxième ensemble, c’est la citadelle de Villefranche, avec tout ce qui tourne autour du port, les anciennes forges, le bâtiment des galériens, etc. On vient de faire admettre l’un des quatre bastions au financement du Loto du patrimoine. Il ne faut pas s’attendre à des sommes extraordinaires, mais elles seront tout de même significatives, et c’est surtout une reconnaissance. » Jean-Louis Marquès le dit : il est optimiste. «Je le suis parce qu’il y a 14 ans, quand j’ai pris mes fonctions à la Fondation, je rencontrais encore quelques élus qui me disaient avoir d’autres priorités que le patrimoine. Cela, je ne l’entends plus du tout. Les élus ont compris que lorsqu’ils font des efforts sur le patrimoine, ils sont très aidés. Avec les souscriptions que nous lançons sur les projets, il y a un apport financier fait par la population et les entreprises locales, et ça, c’est un encouragement pour les élus. Ils se sentent soutenus et ont moins peur qu’avant de se lancer dans des projets. »
Mille chapelles
« Notre petit patrimoine est exceptionnel : on est dans un département qui ne compte pas loin de mille chapelles. Peu de régions en France en ont autant. Elles sont fragiles parce que bâties avec du toutvenant, mais elles sont préservées. Dans ce département, en fait, il n’y a plus d’inquiétude majeure. »
Précision de l’expert : « Il ne faut pas oublier le rôle de Stéphane Bern, qui est un formidable ambassadeur. Ses émissions sensibilisent le grand public et les grands acteurs du patrimoine. » Jean-Louis Marquès vante aussi « le savoir-faire remarquable des Compagnons et entreprises, dont certaines sont sollicitées à l’étranger. » Et il le rappelle : « Quand on met de l’argent dans le patrimoine on fait travailler des entreprises locales, un architecte national, on utilise des matériaux, bref c’est un acte économique. » Pas négligeable par les temps qui courent…