Etats-Unis : la mort de Ruth Bader Ginsburg électrise la présidentielle
Le remplacement de la doyenne de la Cour suprême, disparue à l’âge de 87 ans, se trouve désormais au coeur du combat entre Trump et Biden
Le président américain Donald Trump s’est prononcé samedi pour un remplacement rapide de la juge à la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, icône décédée de la gauche américaine, un choix politique susceptible d’enflammer la fin de campagne présidentielle.
Nommer les magistrats du temple du Droit est « la décision la plus importante » pour laquelle un président est élu, a-t-il dit sur Twitter. « Nous avons cette obligation, sans délai ».
Il semble décidé à s’engager dans une désignation au pas de charge d’un nouveau juge qui ferait basculer le temple du droit américain dans le camp conservateur pour plusieurs décennies. La juge « RBG », comme elle était surnommée, s’est éteinte, vendredi, des suites d’un cancer du pancréas à l’âge de 87 ans. Avocate, elle obtint de la Cour suprême le démantèlement des lois discriminatoires à l’encontre des femmes. Entrée à la Cour suprême il y a 27 ans sur nomination de Bill Clinton, elle fait l’objet d’un culte aux EtatsUnis.
Sa vie a inspiré des films, des documentaires et même des livres pour enfants. Sa petite silhouette frêle, et son visage mince barré de grandes lunettes étaient connus de tous les Américains.
Sa mort a suscité une vague d’émotion dans le pays et aussi une immense inquiétude dans le camp démocrate, doublée d’un tir de barrage politique.
La charrue avant les boeufs
À 45 jours de l’élection présidentielle, le candidat démocrate Joe Biden et l’ex-Président Barack Obama ont immédiatement mis en garde Donald Trump. « Les électeurs doivent choisir le Président, et le Président doit proposer un juge au Sénat », a dit Joe Biden.
Barack Obama a appelé son successeur républicain à s’abstenir alors que « des bulletins de vote sont déjà déposés » pour le scrutin du 3 novembre, par anticipation ou par correspondance.
Les neuf juges de la Cour suprême sont nommés à vie, et Donald Trump a déjà procédé à deux nominations, celles des conservateurs Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh. Son camp dispose actuellement de cinq juges. L’enjeu est considérable puisque la Cour tranche les principales questions de société, comme l’avortement, le droit de porter des armes ou les droits des homosexuels, qui sont souvent aussi les lignes de fracture d’une société américaine plus divisée que jamais. La haute cour a aussi le dernier mot sur les litiges électoraux, comme lors de la présidentielle de 2000 finalement remportée par George W. Bush face à Al Gore.
Sur le papier, rien n’empêche, en effet, Donald Trump de nommer un nouveau juge. Il y est prêt et avait présenté début septembre une liste de vingt noms de personnalités qu’il pourrait présenter en cas de vacance à la Cour suprême. Parmi eux, deux sénateurs ultra-conservateurs, Ted Cruz et Tom Cotton.