Monaco-Matin

Thierry Lhermitte au coeur du complot

À l’affiche du dernier film de Kheiron – Brutus Vs César – sorti cette semaine sur Amazon en raison de la Covid-19, l’acteur campe un sénateur complotist­e en duo avec Gérard Darmon.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

On a grandi avec Thierry Lhermitte, jeune, beau, en slip avec une balance sous le bras pour peser ses conquêtes estivales et des répliques cultes à tire-larigot dont la fabuleuse «La classe mondiale... peut-être même le champion du monde » adressée à Jacques Villeret. L’homme de la bande du Splendid est devenu un monument du cinéma français, du Diner de cons à Un Indien dans la ville en passant par Les Bronzés, Le père Noël est une ordure, Les Ripoux ou La Totale. À 67 ans, l’acteur n’a rien perdu de sa superbe et n’a plus rien à prouver. La preuve, son activité est débordante, que ce soit sur les planches ou sur les tournages. Avant que la crise sanitaire ne bouleverse beaucoup de sorties, Lhermitte s’était retrouvé sur le projet de Kheiron, ce jeune humoriste qui s’est brillammen­t transformé en réalisateu­r avec Nous trois ou rien et Mauvaises herbes. Cette fois, le projet était différent puisque Brutus Vs César se veut avant tout être une satire. Le film qui rassemble un casting très relevé (Ramzy, Pierre Richard, Gérard Darmon, Pascal Demolon, etc) devait sortir en salles durant l’été, COVID-19 oblige, c’est finalement sur la plateforme Amazon Prime que la pépite de Kheiron, qui joue Brutus, est apparue ce vendredi.

Thierry Lhermitte, qui campe Rufus un sénateur friand de complot pour assassiner César, est naturellem­ent de la partie. Pour le plus grand bonheur de nos zygomatiqu­es. Rencontre avec un monument du cinéma français.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet atypique ?

Ce qu’il y avait à jouer était marrant, j’aime bien jouer des trucs décalés en jouant très sérieuseme­nt. Kheiron est un metteur en scène de talent, le casting était très sympa, on tournait au Maroc, que de bonnes choses au final pour se lancer. Que du bon.

Quels souvenirs gardez-vous du tournage car on sait qu’actuelleme­nt, tourner un film est difficile.

Alors celui-là était absolument merveilleu­x. Que des gens sympas, le soleil, la piscine. J’ai passé un très bon moment.

S’appuyer sur une plateforme comme Amazon pour sortir le film est un soulagemen­t.

Quand on a été confiné alors que le film devait sortir peu de temps après dans les salles, on se doutait bien que ça allait être une catastroph­e. Maintenant, c’est une expérience nouvelle pour moi, je n’ai jamais fait de films qui sortent directemen­t en plateforme. C’est vrai, qu’en y réfléchiss­ant, il n’y a pas l’épée de Damoclès de la première journée en salles et de la carrière forcément courte du film car d’autres films arrivent derrière. Là, ça reste sur la plateforme pour des années. Si un film doit marcher, on n’a plus d’excuses du fait qu’il ne soit plus en salles. Là, n’importe qui peut le regarder n’importe quand à partir du moment où on est abonné. C’est une nouvelle expérience, on ne sait pas trop comment ça va évoluer.

Ça peut changer votre manière de travailler ?

Pour moi ça ne change rien car je joue toujours de la même manière. Mais ça va changer, sans doute, le financemen­t. La manière de consommer du spectacle aussi. On peut se demander s’il existera aussi encore beaucoup de salles de cinéma, estce que ce média sera encore important ou partagera-t-il sa place avec les autres écrans ? C’est en train de changer.

Existe-t-il des parallèles avec des films comme Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ ou l’Astérix d’Alain Chabat dans Brutus Vs César ?

Non car ces films-là sont des satires de péplum. Là, on est dans un ton très spécial, Kheiron se sert de l’histoire, avec des anachronis­mes, pour avoir un propos. Il veut parler d’un traitre, dire des trucs aux travers d’un péplum décalé. C’est vraiment le ton particulie­r de Kheiron.

Il y a un casting très nouvelle génération et puis on retrouve vous, Pierre Richard et Gérard Darmon.

Que des supers acteurs. J’étais enchanté et j’ai découvert des acteurs, notamment Ramzy et Pascal Demolon avec qui j’ai tourné dans la foulée pour un film d’Audrey Dana qui s’appelle Hommes au bord de la crise de nerfs qui devrait sortir... je ne sais pas quand (rires). Je suis très fan d’Artus, que je ne connaissai­s que du Bureau des légendes et c’est un acteur fantastiqu­e.

On sent une vraie complicité avec Gérard Damon à l’écran.

C’était marrant d’être les deux vieux qui tirent les ficelles de tout ça, avec les bons petits décalages. Très marrant. On s’est tous régalés à faire ce film, sauf peutêtre Kheiron car il était metteur en scène, mais pour les autres, c’étaient un peu les vacances (rires).

Au fond de vous, existe-t-il des germes d’un traitre, d’un adepte du complot ?

(rires) Alors pas du tout, non. Ce n’est pas mon truc.

Peut-on aborder votre coupe de cheveux dans le film ?

C’est une création capillaire, ce sont mes cheveux que j’ai mis devant. C’est ma touche personnell­e pour le film.

‘‘

Est-ce que le cinéma sera encore un média important ?”

‘‘

C’est un péplum décalé”

La fin du film laisse penser qu’une suite est envisageab­le.

Kheiron adorerait faire une suite. C’est le succès du film qui en décidera mais on sera tous partants pour refaire des conneries avec lui sans aucun souci, enfin c’est mon cas en tout cas.

C’est une nécessité de faire des films détentes ?

Oui, c’est très sympa surtout quand on fait des rôles secondaire­s. Quand on a le rôle principal, vous avez le film sur vos épaules.

Mais là, vous êtes un instrument­iste dans un orchestre, pas un soliste. Vous avez le loisir de regarder, se suggérer, de vous marrer. J’aime beaucoup cette position.

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