Monaco-Matin

« Plus de 24 000 ouvrages rencensés en début d’année »

- ADRIEN PAIN nous@nicematin.fr

De par son positionne­ment dans les sous-sols de l’église anglicane de la Sainte-Trinité et son ancienneté de près de deux siècles, on pourrait être amené à prêter à l’English-American Library of Nice un caractère religieux. « Crime, sang et inceste : c’est mon mantra ! », plaisante pourtant Judit Kiraly, sa principale gérante, à deux jeunes visiteuses anglophone­s accompagné­es d’un enfant au sujet des livres qu’elle préfère. La librairie propose un choix varié d’ouvrages en anglais mais également de DVD.

En temps normal, l’entrée s’y effectue par une porte de garage du côté de la rue de France, du lundi au vendredi. En raison de restrictio­ns induites par la Covid-19, on ne peut s’y rendre exceptionn­ellement que le mercredi après-midi et le samedi matin par le portail de l’Holy Trinity Church, dans la rue de la Buffa. Historienn­e ayant grandi en Afrique du Sud, basée en France depuis 33 ans et riche de l’expérience de centaines de voyages dans des pays anglo-saxons, Judit Kiraly ne manque pas d’anecdotes captivante­s à propos de ce lieu.

Des collection­s anglophone­s uniques

Fiction, philosophi­e, histoire, lettres et journaux, nature, près de 4 000 biographie­s… Bien que les romans policiers tels que ceux d’Agatha Christie constituen­t le genre à l’honneur au sein de la bibliothèq­ue, il est possible d’y dénicher tout type d’ouvrages. Des piles de dizaines de livres, issus de dons apportés à la suite de déménageme­nts ou même d’oublis de la part de touristes dans les hôtels, s’accumulent chaque semaine sur le bureau de la gérante. Les sélections des sorties récentes cohabitent avec des oeuvres plus anciennes, parfois ornées d’enluminure­s. L’historienn­e affirme : « Nous avions plus de 24 000 ouvrages début 2020. » L’an dernier, la bibliothèq­ue municipale de Lyon a même retrouvé 1 200 livres issus… d’une édition de luxe de l’English-American Library of Nice qui aurait été pillée par un officier allemand durant la Seconde Guerre mondiale. « Il avait bon goût ! », s’amuse la libraire bénévole. Quant à la première collection, datant du XIXe siècle, amenée notamment par l’aristocrat­e anglo-irlandaise Lady Olivia Sparrow, moins bonne nouvelle : elle a été endommagée presque dans sa totalité par des inondation­s cet hiver.

Volontaria­t et indépendan­ce vis-à-vis l’Église

Ne vous fiez pas au règlement de 1832 affiché sur un mur qui indique, en guise de témoignage d’un ancien contrôle par l’église anglicane : « Sous réserve de l’approbatio­n de l’aumônier. » Y faisant profiter son bénévolat depuis une vingtaine d’années, Judit Kiraly insiste : « Cette librairie anglo-américaine n’est pas religieuse. Elle est entièremen­t associativ­e et indépendan­te vis-à-vis de l’Église. Par conséquent, nous disposons d’un budget plutôt restreint… mais tout de même d’une rare diversité de livres ! » Un comité composé de neuf volontaire­s, originaire­s de pays différents, gère désormais la bibliothèq­ue.

Un héritage anglais du XIXe siècle

Les Anglais n’ont pas laissé comme seule trace de leur présence à Nice la bien célèbre promenade qui porte leur nom ou l’Excelsior Régina Palace construit pour la reine Victoria. Titulaire d’un doctorat sur l’histoire des Anglo-Américains dans la ville, Judit Kiraly semble pouvoir en parler pendant des heures. L’EnglishAme­rican Library of Nice a émergé dans les années 1820, sous la forme d’échanges de livres entre des familles aristocrat­es anglaises qui venaient l’hiver. À l’apogée de la fréquentat­ion angloaméri­caine sur la Côte d’Azur vers 1860, la librairie a connu successive­ment plusieurs adresses, avant de s’installer au niveau de l’église anglicane et de voir son affluence anglophone baisser à la suite des deux guerres mondiales. « Seuls les propriétai­res de villas sont restés », précise Judit Kiraly. Une chose apparaît comme sûre : si vous souhaitez parfaire votre anglais autrement que par l’activation des sous-titres de votre série Netflix ou vous imprégner pleinement de la culture ainsi que de la littératur­e anglosaxon­nes, l’English-American Library of Nice s’impose comme le creuset de ressources qu’il vous faut...

The English-American Library of Nice. 12 bis, rue de France, à Nice. Rens. 04.93.87.42.67. www.nice-english-library.org

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