Monaco-Matin

L’AFFAIRE EST DANS LE (BEAU) SAC

La créatrice Hélène Siliphayva­nh travaille le cuir dans son atelier toulonnais.

- AMANDINE ROUSSEL amroussel@nicematin.fr

« Le cuir c’est une odeur, un toucher et une méthode. »

Il ne faut pas contrarier les rêves de petites filles. Ils reviennent toujours taper à la porte à un moment donné. Hélène Siliphayva­nh l’a expériment­é. La création, elle a ça dans le sang. C’est une passion depuis toute petite. La formule peut paraître éculée, elle n’en est pas moins vraie pour la jeune femme originaire du Laos. « C’est ma mère qui me l’a transmise. Elle travaille dans la mode depuis toujours. Chez nous, il y avait plein de machines à coudre, des tissus, des mannequins… Je voulais absolument être modéliste. » Ses parents, conscients des difficulté­s de cette voie, l’encouragen­t plutôt à s’en trouver une autre ! « Ils n’étaient clairement pas chauds. Du coup, je me suis lancée dans des études d’ingénieur à Paris. »

Elle travaille dans les télécoms pendant cinq ans, avant de subir un licencieme­nt économique. C’est là que ses envies de création la reprennent. Elle décide de suivre une formation de modéliste. Autant profiter du chômage pour faire quelque chose d’utile ! Elle enchaîne les cours, les stages dans des maisons de haute couture… Vit un rêve éveillé. Sauf que l’ambiance est ultra-pesante. «Et puis il n’y avait pas de stabilité possible. Dans ce genre d’univers, ça marche à coups de stages, pas d’embauche en vue. » Avec un enfant à la maison, Hélène se voit contrainte de retourner vers sa carrière d’ingénieur. Enfin, c’est ce qu’elle croyait. Jusqu’à ce que son compagnon soit muté à Toulon. Toute la famille quitte alors la région parisienne pour le sud. À peine installée dans sa nouvelle vie, elle fonde Design your bag, son propre atelier de maroquiner­ie. C’était sans doute le

bon moment. Elle se spécialise dans les sacs et surtout dans le cuir. « C’est une matière extrêmemen­t noble, quelque chose de rare. Il y a le toucher, l’odeur… Et surtout une méthode traditionn­elle de travail qui lui donne tout son charme. » Elle balaie d’un revers de main les éventuelle­s critiques des défenseurs des animaux. « Pour moi le cuir répond à l’industrie

alimentair­e. Tant qu’on mangera de la viande autant utiliser la peau. »

Pour se démarquer de la concurrenc­e, Hélène mise sur le sur-mesure. En gros : si vous avez une idée de sac, vous lui faîtes un petit croquis et elle se charge de le réaliser. Vous voulez une certaine dimension ? Un mélange de couleurs ? Une multitude de poches ? C’est possible ! Elle le fait pour des particulie­rs mais aussi pour des profession­nels. Dernièreme­nt elle a travaillé avec Mehdy Delannée. La néo-toulonnais­e a donné vie aux inspiratio­ns du jeune designer.

La créatrice propose également des modèles déjà prêts pour ceux qui sont en manque d’idées « Je n’utilise que des cuirs français ou italiens. Il m’arrive souvent d’intégrer également d’autres matières comme du tissu ou du bois. J’adore expériment­er ! » D’ailleurs, la jeune femme a récemment élargi sa collection. En plus des sacs (de toute taille et de toute forme), elle imagine désormais des bijoux (sautoirs, boucles d’oreilles, bracelets et bagues), toujours avec du cuir. « L’objectif, c’était aussi d’utiliser les chutes de cuir. Histoire de ne rien gaspiller ! »

 ??  ?? . Pour ses sacs, Hélène privilégie les cuirs français et italiens.
. Dans l’atelier qu’elle a installé chez elle, la créatrice s’attaque à un sac pour une maîtresse d’école. . L’une des dernières créations fantaisies. Les pétales sont faits avec des chutes. (Photos Amandine Roussel) #2
. Pour ses sacs, Hélène privilégie les cuirs français et italiens. . Dans l’atelier qu’elle a installé chez elle, la créatrice s’attaque à un sac pour une maîtresse d’école. . L’une des dernières créations fantaisies. Les pétales sont faits avec des chutes. (Photos Amandine Roussel) #2
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