Monaco-Matin

L’HarTmonie : un restaurant unique géré par des personnes en situation de handicap

- Textes et photos : Stéphanie WIÉLÉ

Depuis le 14 août, un restaurant atypique s’est installé sur la place du village. Dans une coquette bâtisse en pierre et sous les parasols, « L’HarTmonie » permet à des travailleu­rs en situation de handicap d’écrire une nouvelle partition de leur vie. L’occasion de prendre leur envol, loin de l’Esat Le Prieuré de Saint-Dalmas de Tende (1). « Certains de nos résidents ont le sentiment d’avoir fait le tour de

‘‘ notre institutio­n, ils souhaitaie­nt avoir plus d’autonomie et ne plus dépendre de nous. Le restaurant de Castillon est un atelier du Prieuré qui valorise leur savoirfair­e. Ce sont eux qui cuisinent et qui décident des menus et du choix des fournisseu­rs », résume Olivier Baillot, le directeur du Prieuré. Et d’ajouter que cet Esat « hors des murs » castillonn­ais vise aussi à faire tomber les préjugés sur le handicap au travail. « Dans beaucoup de secteurs d’activité, les profession­nels veulent de la rentabilit­é. Ils n’ont pas l’envie ou le temps d’accueillir une personne handicapée même si elle a de solides compétence­s. Pour nos travailleu­rs – qui ont des projets et des rêves – il est très frustrant de ne pas pouvoir se projeter plus loin que l’Esat. Cette situation crée des cassures de vie et nous voulions trouver une alternativ­e. » Ouvert le midi du mercredi au dimanche, « L’HarTmonie » propose un plat unique chaque jour. Quatre travailleu­rs font tourner le restaurant : deux en cuisine, un en salle et un dernier à la plonge. Parmi eux, Sarah. Âgée de 27 ans, la jeune femme voit dans ce projet d’inclusion une chance d’évolution profession­nelle. « J’avais quitté Le Prieuré car je voulais travailler dans le secteur de la restaurati­on. Malgré mes compétence­s, aucun employeur n’a voulu m’embaucher et je me suis retrouvée au chômage. Ici, je peux montrer mon savoir-faire. » Même sentiment de satisfacti­on pour Élisabeth. Âgée de 44 ans, cette diplômée d’un CAP cuisine n’a pourtant pas pu faire ses preuves dans le monde du travail. « On ne me laissait pas cuisiner et j’étais toujours à la plonge. À L’HarTmonie, je peux enfin valoriser mon diplôme. » Pour l’heure, cet Esat « hors des murs » est unique dans le départemen­t, mais d’autres projets similaires pourraient voir le jour très bientôt. « Nous aimerions développer cette idée d’autonomie dans d’autres Esat et sur différents secteurs d’activité comme les espaces verts. Tous nos travailleu­rs ont des aspiration­s et des désirs. De l’enfance à la retraite, nous sommes là pour les aider », précise Christophe Ducomps, directeur général de l’Associatio­n pour la réadaptati­on et l’épanouisse­ment des handicapés (APREH).

1. L’Esat de Saint-Dalmas de Tende est géré par l’Associatio­n pour la réadaptati­on et l’épanouisse­ment des handicapés (APREH). Le Prieuré est un hôtel-restaurant qui accueille 76 travailleu­rs en situation de handicap. De l’hôtellerie à la restaurati­on en passant par les tâches ménagères,lesrésiden­tssontenca­dréspardes­profession­nelsdansle­urs tâches.

2. L’HarTmonie propose également des plats à emporter le vendredi etlesamedi­de18hà19h.

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Du mercredi au dimanche, quatre travailleu­rs en situation de handicap font tourner « L’HarTmonie ». Cet Esat « hors des murs » leur donne la possibilit­é de montrer leurs compétence­s et leur savoir-faire en totale autonomie.

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