Les écologistes face au défi de l’union
Une élection municipale ne fait pas le printemps. À peine ont-ils eu le temps de se réjouir de la conquête d’une poignée de grandes villes françaises que, déjà, les Verts sont à la peine. Pas seulement parce que certains de leurs tout nouveaux élus maires, de Bordeaux et Lyon notamment, ont dès les premières semaines montré, maladroitement, à quel point ils étaient en décalage avec l’état d’esprit moyen des Français : ainsi du refus de l’arbre de Noël, « arbre mort », ou la dénonciation du Tour de France « macho » et « polluant ». On en a ri ou on s’en est indigné, selon l’humeur, mais, au-delà des formules malheureuses, reconnaissons que, au moment où ils parlent déjà de campagne présidentielle, les écologistes sont encore loin du compte. Leurs performances municipales, c’est le moins qu’on puisse en dire, n’ont pas mis un terme à leurs divisions. Yannick Jadot, le député européen qui fait figure de candidat naturel des Verts, vient d’en faire l’expérience. Pour s’être prononcé contre le port du burkini dans les piscines, il a suscité une vague d’indignation dans son propre mouvement, une partie des militants n’ayant aucun problème religieux ou philosophique à l’égard de cette conception de la laïcité. Même chose lorsqu’il s’est rendu à l’université d’été du Medef où, par comparaison avec le capitalisme outrancier, il avait fait applaudir le capitalisme européen. Bref, l’ouverture de Jadot vers le centre gauche a été plutôt mal accueillie par les siens. Une majorité parmi les Verts est plus proche d’une fermeture sur eux-mêmes que d’un élargissement de leur base électorale. Et puis, à gauche, les écologistes d’EE-LV ne sont pas les seuls à se diviser.
Le parti socialiste s’attend aussi à la division. Son premier secrétaire, Olivier Faure, a déjà pris le parti de ranger son parti derrière les écologistes pour . Mais il est encore bien seul sur cette stratégie et les autres grandes voix socialistes lui rappellent depuis plusieurs jours qu’ils sont là et bien là, et pas prêts à céder leur place. Enfin, cerise sur le gâteau, les Verts, à quelque fraction qu’ils appartiennent, feraient bien, dans leurs calculs, de ne pas éliminer Jean-Luc Mélenchon. En réalité, le leader de La France insoumise ne s’est jamais aussi bien porté. Sa cote a bondi de points en septembre, et c’est notamment sur les Verts qu’il a exercé la plus grande séduction. À coup sûr, l’écologie populaire de Mélenchon passe mieux, chez eux, que le libéralisme économique de Jadot. Si la division de la gauche profite à quelqu’un aujourd’hui, c’est au plus ancien de ses candidats à la présidence de la République.
« Une majorité parmi les Verts est plus proche d’une fermeture sur eux-mêmes que d’un élargissement de leur base électorale. »