Feu d’artifice slovène
Avec Tadej Pogacar en jaune, Primoz Roglic en dauphin et le Président en tribunes, la Slovénie a été à l’honneur, hier. Ce n’est peut-être qu’un début pour ce petit pays de 2 millions d’habitants
Le triomphe surprise de Tadej Pogacar ne change rien au constat déjà établi depuis plusieurs jours : ce Tour de France a surtout été un tour de force slovène.
Avec quatre étapes (trois pour Pogacar, une pour Roglic) et 12 jours en jaune (11 pour Roglic, un seul, le plus important, pour Pogacar), les deux coureurs ont été pendant trois semaines la fierté de ce petit pays d’Europe centrale et de ses 2 millions d’habitants. Hier c’est sous les yeux de leur Président, Borut Pahor, que Tadej Pogacar et Primoz Roglic ont défilé sur les Champs-Elysées.
Samedi, au soir du contre-la-montre salvateur pour le premier et fatal pour le deuxième, les tons étaient déjà bien différents.
« Mon rêve était de participer au Tour de France et aujourd’hui, je l’ai gagné », s’est réjoui Tadej Pogacar, 21 ans seulement. « J’étais en train de me battre contre moimême », a admis de son côté, dans un tout autre état d’esprit, Primoz Roglic.
« J’ai de la peine pour Roglic, un ami »
En conférence de presse après son exploit samedi soir, Pogacar a eu quelques mots pour Roglic, adversaire acharné pendant trois semaines mais dont il est proche dans la vie : « J’ai un énorme respect pour lui, c’est un ami. J’ai de la peine pour lui. Il perd le maillot jaune après la dernière véritable étape, c’est vraiment dur. J’imagine comment il se sent. Mais c’est la course, on essaie tous de gagner. » Le rêve absolu, c’est pourtant bien Tadej Pogacar qui l’a vécu hier, en devenant le plus jeune vainqueur du Tour depuis Henri Cornet en 1904.
Il a eu l’occasion de vivre plusieurs fois l’ivresse du podium : en plus du maillot jaune, il a reçu le maillot blanc de meilleur jeune et celui à pois de meilleur grimpeur, qu’il a récupéré samedi grâce à son temps d’ascension de La Planche des Belles Filles.
Le tout sans véritable aide de ses coéquipiers. Sur ce Tour, Pogacar s’est souvent retrouvé esseulé dans le final des étapes, face à l’armada Jumbo de son adversaire direct Primoz Roglic. Surtout après l’abandon des deux coureurs qui devaient être (avec Polanc et de La Cruz) ses meilleurs soutiens en montagne, les Italiens Fabio Aru et Davide Formolo. Mais le maillot jaune a très bien su se débrouiller tout seul, en course. Alors que tous les regards étaient tournés vers lui hier, Tadej Pogacar jetait sans doute le sien vers l’avenir : vainqueur à 21 ans de la plus grande course du monde, demain lui appartient. « Les choses vont changer mais je veux rester le même, m’entraîner et courir avec le même état d’esprit. Il faut poursuivre le bon travail de l’équipe, rester humble et continuer à donner le meilleur de nous-mêmes dans les prochaines courses ».
“Tadej
était bien meilleur que moi (...) Il mérite sa victoire, félicitations à lui. ”
Primoz Roglic