Monaco-Matin

Prudhomme : « Déjà une victoire d’arriver à Paris »

-

Christian Prudhomme, le directeur du Tour, qui s’est dit « soulagé » hier de voir son épreuve arriver à son terme, à la fin d’une édition décalée de deux mois pour cause de pandémie.

Avez-vous eu peur que le Tour s’achève prématurém­ent ?

Chaque année, les journalist­es me demandent si je suis soulagé à la fin du Tour. Cette année, je réponds oui. C’est déjà une victoire d’arriver à Paris. On a eu peur dans les heures précédant le départ à Nice, avec deux cas positifs de Covid amenant à l’exclusion d’une équipe. Je me dis finalement que c’est ce qui nous a permis d’aller au bout. Les équipes ont serré la vis encore plus. Le boulot a été fait. Les mesures prises pour qu’il y ait une course, pour qu’on puisse tous travailler, tout ça a fait son chemin dans la tête des uns et des autres.

Avez-vous tremblé une fois la course lancée ?

Il y a une rupture totale. Les jours précédents, je n’ai pas une seule question d’un journalist­e français sur le sport. Le samedi, c’est la pluie, la patinoire sur la route, le verglas d’été. Le lendemain, c’est la victoire de Julian Alaphilipp­e, le maillot jaune, le soleil resplendis­sant, la beauté des paysages, le public sur le bord de la route avec  % de gens masqués... Sur ce Tour, on était en septembre et bien sûr il y avait moins de monde qu’en juillet. Mais j’ai été frappé par la réponse du bord des routes, les villages décorés, le public.

« Réduire le kilométrag­e des étapes de plaine »

Comment jugez-vous cette édition sportiveme­nt ?

Je ne vais pas la mettre au même niveau que celle de l’an dernier qui était enthousias­mante, avec aussi des performanc­es de choix des coureurs français. On a rêvé un moment à Nice mais les chutes ont joué un rôle énorme. Thibaut Pinot, même s’il a le courage d’être encore là, a été quasi-éliminé, Romain Bardet, Nairo Quintana... et puis Egan Bernal, la plus grosse surprise. Je ne m’attendais pas à sa spectacula­ire baisse de régime.

Allez-vous privilégie­r les étapes intermédia­ires, souvent plus intéressan­tes sportiveme­nt ?

Les étapes de Lavaur, de Lyon, de Champagnol­es, ont été formidable­s. Grâce à Peter Sagan, Sam Bennett, leurs équipes. La lutte pour le maillot vert a été la plus belle depuis je ne sais combien de temps. Mais c’est difficile d’en tirer des conclusion­s définitive­s. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut faire en sorte de réduire en termes de kilométrag­e les étapes de plaine. Quand elles sont longues, il faut que le final soit très rude.

Quels enseigneme­nts tirez-vous des attaques de certains élus écologiste­s contre le Tour ?

C’est la confirmati­on tout simplement de ce que tout le monde sait : les élus ont le pouvoir de dire oui ou non. Sans les élus, il n’y a pas de course cycliste, pas d’infrastruc­ture à construire non plus, pas de stade, de piscine, de court de tennis.

Vous avez dit « casser le vivre ensemble, ce n’est pas une erreur, c’est une faute »...

Mais ce n’est pas politique du tout, c’est juste du bon sens. Après, on peut toujours estimer que l’on ne va pas assez vite en matière environnem­entale. Mais les choses avancent. Le Tour montre et se nourrit des beautés de la France, on n’a aucune envie d’abîmer les beautés de la France. Depuis des années on est dans cette démarche-là.

 ??  ?? Christian Prudhomme a vécu une édition tourmentée, mais qui est allée à son terme. (Photos AFP et D. Meiffret)
Christian Prudhomme a vécu une édition tourmentée, mais qui est allée à son terme. (Photos AFP et D. Meiffret)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco