Monaco-Matin

Les Organismes de Gestion des TPE dans le viseur de l’Etat

Le projet de loi prévoyant la suppressio­n des avantages fiscaux liés à l’adhésion à ces organismes va entraîner la perte d’un outil de lutte contre la fraude fiscale des TPE

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Les OGA (organismes de gestion agréés) sont en danger ! Voilà une affirmatio­n qui va laisser de marbre le grand public. Pourtant, on n’a parlé que de ça lors du congrès annuel de l’ANPRECEGA (Associatio­n nationale des Permanents et Responsabl­es de Centres de Gestion Agréés) qui s’est tenu la semaine dernière à Saint-Laurent-du-Var. Les explicatio­ns de Jean-Claude Vicenzi, président de l’associatio­n.

Interlocut­eurs privilégié­s des TPE

Via leurs formations, les statistiqu­es et le dossier de gestion..., les OGA aident les patrons de TPE souvent seuls pour s’occuper au quotidien de toute la partie administra­tive, financière et légale. « Ils ont deux rôles essentiels : l’incitation au civisme fiscal et l’accompagne­ment au développem­ent et à la prévention des difficulté­s.» Grâce aux OGA, les travailleu­rs indépendan­ts bénéficien­t d’un avantage fiscal qui leur est concédé en échange de leur engagement de sincérité dans leur établissem­ent de leur déclaratio­n de revenus profession­nels.

Vers une fin du contrôle ?

Oui mais voilà, dans un monde où la réduction des dépenses est devenue un mantra, l’Etat cherche à supprimer tout ce qui a trait à des avantages fiscaux. Les OGA sont en ligne de mire, alors qu’ils sont intégralem­ent financés par les cotisation­s des adhérents. L’Etat envisage de supprimer d’ici trois ans la majoration de 25 % du bénéfice imposable des travailleu­rs indépendan­ts non adhérents. Cette mesure incitera la plupart des TPE à renoncer à adhérer à un OGA puisqu’ils n’auront plus d’avantage fiscal.

Pour ne pas franchir la ligne jaune

Pour Jean-Claude Vincenzi, président de l’ANPRECEGA, « La pression a commencé dès 2006, avec une première réforme qui a intégré dans le barème de l’impôt sur le revenu l’abattement de 20 % (réservé alors aux salariés et aux entreprise­s adhérentes d’un OGA) qui, mathématiq­uement, est devenu une majoration de 25 % pour les non adhérents à un OGA. Pourtant, notre rôle est essentiel en matière de lutte contre la fraude fiscale et de distorsion de la concurrenc­e. Si nous n’existons plus, il n’y a aura plus aucun contrôle : on libérera les TPE de contrainte­s nécessaire­s pour l’équité fiscale. Nous contrôlons les entreprise­s régulièrem­ent. Nous sommes un peu comme les radars au bord des routes : on évite aux TPE de franchir la ligne jaune ! J’ai expliqué tout cela à Alain Griset, ministre délégué aux Moyennes et Petites Entreprise­s. Mais si l’Etat met en place les mesures envisagées, il faut trouver une autre incitation fiscale, sinon plus personne ne passera par un OGA et ce sera la porte ouverte à tout… »

Il faut savoir que le coût de cette opération représente 200 M€ par an au budget de l’Etat. A cela s’ajoute la disparitio­n des recettes engendrées par les missions des OGA, sans compter la perte financière indirecte pour l’Etat résultant de la modificati­on du comporteme­nt citoyen des entreprise­s adhérentes.

Comme les organismes consulaire­s il n’y a pas si longtemps, les voici donc aussi dans l’oeil du cyclone fiscal…

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« Les organismes de gestion agréés existent depuis  et représente­nt   emplois directs, explique Jean-Claude Vicenzi. Ils travaillen­t aujourd’hui avec , million de très petites entreprise­s, des profession­nels libéraux, des agriculteu­rs. » (D.R.)

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