Monaco-Matin

Entreprise Spada, la centenaire en béton

Cent ans cette année et un moral d’acier, l’entreprise Jean Spada, installée avenue Simone-Veil à Nice, a su se réinventer et se diversifie­r pour être ce jour, solide comme un roc

-   et  - ,  et  AGNÈS FARRUGIA afarrugia@nicematin.fr

L’entreprise de BTP emblématiq­ue des Alpes-Maritimes fête cette année un siècle d’existence. Spada est de tous les projets structuran­ts du départemen­t. Elle l’était du temps de Jean Spada, fondateur, et l’aventure continue depuis la reprise de la société par la famille Noiray en 1962. Même ADN, mêmes envies, avec « cette volonté de se diversifie­r pour assurer la pérennité », explique Florent Noiray, directeur commercial et fils de Pierre Noiray, actuel directeur en partance pour une retraite méritée.

 ports en Région Sud

Spada, c’est à peu près tous les ports de plaisance azuréens, le théâtre d’Antibes, plusieurs portions de l’A8 dont le premier tronçon à péage reliant Fréjus à Mandelieu-la-Napoule. Mais aussi, la Croisette à Cannes, le stade Louis-II à Monaco. Et à Nice, l’extension de l’Aéroport, le gros-oeuvre du Palazzo Meridia (immeuble de bureaux en bois le plus haut de France), le Mamac et même le bâtiment The Crown dans lequel ils sont désormais installés, avenue Simone-Veil. Des projets remarquabl­es, bâtis à la force des équipes, fidèles à l’esprit Spada qui plane audessus de l’entreprise depuis un siècle. Déjà. 1920, Jean Spada crée son entreprise. Ce fils d’immigrés piémontais, analphabèt­e, démarre, à 24 ans, depuis la place de Tende à Nice, un pan de l’histoire du BTP maralpine.

Au départ, c’est une activité d’extraction de roches pour nourrir les projets de constructi­on locaux. Spada exploitera la carrière de Saint-André-de-la-Roche jusqu’en 1993. Puis l’entreprise deviendra dans les années 60 experte en constructi­on clés en main d’ensembles portuaires et balnéaires. Au total, 25 ports seront livrés en Région Sud, d’autres en Languedoc-Roussillon, Corse, Bretagne, Italie et même Tunisie. À cette époque, un certain Paul Noiray rejoint l’entreprise et porte cette activité portuaire, initiée avec le port Canto de Cannes. C’est lui aussi qui reprendra la société au décès de Jean Spada en 1962. S’ensuivront de fastes années jusqu’en 1993, puis, la crise. Années noires pour Noiray. Spada cède ses carrières, les travaux publics sont arrêtés. Plan social, dépôt de bilan, l’espoir ne renaît qu’en 2004 avec le projet du Conservato­ire régional de Nice. Un gros chantier qui fait résonner la douce musique de la reprise.

La force des équipes

En 1985, le fils de Paul, Pierre Noiray, Gadzar (diplômé de l’école des Arts et Métiers) rejoint l’entreprise, suivi de sa soeur Laure Carladous (Centrale Paris) en 1988. La saga Spada s’écrit désormais en famille d’ingénieurs.

1999, Pierre Noiray tient la boutique, restée à taille humaine. Un souhait que le directeur général explique aujourd’hui, alors qu’il laisse doucement les clés de l’entreprise à sa soeur et à son fils Florent (luiaussi Gadzar) : « Il y a un esprit Spada. D’ailleurs, nous ne changerons pas de nom. Ce qui fait la force de cette société, ce sont ses équipes et depuis toujours. On n’a rien à apprendre en RSE que Jean Spada n’ait pas anticipé, il avait le goût de l’humain et c’est ce que nous perpétuons. » En effet, l’entreprise reste une PME avec 150 salariés (dont 80 intérimair­es). Deux activités principale­s : la constructi­on et les TP (Spada Constructi­on) et le développem­ent durable (stockage de déchets inertes). Un chiffre d’affaires consolidé à 29 M€ en 2019 et l’année dernière, Spada s’est enrichie d’un départemen­t Promotion immobilièr­e, porté par Florent Noiray, qui compte déjà deux opérations privées en cours.

Orfèvre du béton

« Nous avons la volonté de réaliser quelque chose du début jusqu’à la fin de la chaîne, indique Laure Carladous

■ Décès de Jean Spada. Paul Noiray prend sa suite.

■ Pierre Noiray (fils), puis Laure Carladous (fille) rejoignent Spada.

■ Période noire. Cessions des carrières, arrêt des TP. Pierre Noiray prend les rênes en 1999.

Florent Noiray (fils de Pierre) rejoint Spada, monte la branche Promotion Immobilièr­e, et Laure Carladous prend la direction générale de l’entreprise.

qui, depuis plus de deux ans, préside la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics 06. Un gage de qualité », précise-t-elle, s’il fallait encore le faire pour cette entreprise à la réputation d’« orfèvre du béton ».

Spada participe aussi à des opérations de mécénat « parce que cela fait partie de notre culture, ajoute Florent Noiray qui sait l’importance de l’entreprise dans le paysage local. « Nous ne cherchons pas la croissance, résume-t-il, mais la pérennité, faire attention de ne pas mettre nos oeufs dans le même panier pour rester longtemps un acteur important de l’aménagemen­t du territoire de la région, voire au-delà. » Parce que Spada c’est ça, toujours dans l’édificatio­n.  Depuis la place de Tende à Nice, Jean Spada crée sa société d’exploitati­on de carrières et de transport hippomobil­e.  Le port Canto à Cannes, premier port de plaisance privé d’Europe, marque de fabrique de l’activité portuaire Jean Spada.  Livraison d’Anthéa, le théâtre d’Antibes, une de leurs réalisatio­ns les plus techniques.  L’entreprise est en charge du gros-oeuvre du futur EHPAD de Contes.

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(Photos D.R. et Franz Chavaroche)
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Pierre Noiray (à droite) laisse à son fils Florent, et sa soeur Laure Carladous, les manettes de la société pour démarrer ce nouveau siècle d’activités. (Photo Franz Chavaroche)

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