Nathalie Roret : une avocate pour diriger l’Ecole de la magistrature
Lors d’une conférence de presse, hier à la Chancellerie, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui a longtemps prôné la suppression de cette école, a annoncé avoir proposé au président de la République le nom de Nathalie Roret, avocate pénaliste et vicebâtonnière du barreau de Paris. Ce sera la première fois que l’ENM sera dirigée par une non-magistrate depuis sa création en 1958.
Tensions avec les magistrats
Cette annonce intervient alors que les relations avec les magistrats sont tendues : vendredi, le garde des Sceaux a demandé l’ouverture d’une enquête administrative contre trois magistrats du parquet national financier
Nathalie Roret.
(PNF), après un rapport de l’Inspection générale de la justice (IGJ) qui a relevé des dysfonctionnements de procédure dans une enquête sur la « taupe » de Nicolas Sarkozy dans l’affaire des « écoutes ».
« Une attaque inédite » de l’institution judiciaire, avaient dénoncé les deux principaux syndicats de la magistrature. Depuis sa prise de fonction il y a deux mois, a dit le ministre à la Chancellerie lundi, Dupond-Moretti a certes constaté « l’enthousiasme de la majorité des magistrats », mais aussi «la force d’inertie de certains, la frilosité à moderniser l’institution et les dérives d’une culture de l’entre-soi ».
« Un dialogue indispensable »
« Rien ne sera fait sans un dialogue indispensable et constructif » à l’ENM, a-t-il insisté.
Dans un communiqué, l’ENM a pris « acte de l’annonce », rappelant « à cette occasion » les progrès de l’école en termes d’ouverture. « Le recrutement s’est profondément diversifié », les auditeurs qui passent «70% de leur temps de formation » en stage entretiennent «au quotidien » des échanges avec le monde de la justice dans son ensemble, souligne l’ENM.
Nathalie Roret s’est dans un tweet dite honorée de cette « mission majeure » qui
« permettra de renforcer le lien entre avocats et magistrats ».
Le bâtonnier de Paris Olivier Cousi a souligné «les20 ans d’expérience » de Nathalie Roret, qui pourra aider à « mieux faire comprendre la justice ». La présidente du Conseil national des barreaux (CNB) Christiane Féral-Schuhl y a, elle, vu « un message positif pour la profession, qui souhaite des ponts entre avocats et magistrats ».