Thriller artificiel
LES APPARENCES
De Marc Fitoussi (France/ Belgique). Avec Karin Viard, Benjamin Biolay, Lucas Englander. Durée : h . Genre : thriller. Notre avis : ★★
L’histoire
Vienne, ses palais impériaux, son Danube bleu et… sa microscopique communauté française. Couple en vue, Ève (Karin Viard) et Henri (Benjamin Biolay), parents d’un petit Malo, ont tout pour être heureux. Lui est le chef d’orchestre de l’Opéra, elle travaille à l’Institut français. Une vie apparemment sans fausse note, jusqu’au jour où Henri succombe au charme de l’institutrice de leur fils.
Notre avis
En compagnie d’un solide casting, où sont réunis Karin Viard, Benjamin Biolay (son interview dans nos éditions d’hier) et Laetitia Dosch, Marc Fitoussi lorgne du côté d’une certaine forme de « thriller psychologique à la française » comme les affectionnait Claude Chabrol. Sans avoir le même sens de la mise en scène, ni le goût pour les plans symboles, si importants dans ce type d’exercice, le cinéaste ne parvient à traiter qu’en partie la thématique de l’apparence. Son choix de jouer dans un premier temps sur le triangle amoureux et ses clichés (ici la maîtresse d’école est la maîtresse du mari), avant d’introduire un quatrième larron interprété par l’Autrichien Lucas Englander, était prometteur. Problème de taille, de façon étrange, ce personnage est constamment dans l’excès et tranche avec l’atmosphère volontairement lisse jusqu’alors dépeinte. Drame sérieux ? Envie d’insérer de la comédie ? Du polar ? Cette adaptation du roman Trahie de Karin Alvtegen ne s’engage sur aucune piste et laisse le regret de ne pas être une critique cinglante de la bourgeoisie représentée ici par des expatriés français qui ont tendance à se réunir entre eux en se coupant de la culture qui les entoure. À la place, le film se perd dans les quiproquos et multiplie les rencontres hasardeuses en oubliant de jouer sur le mensonge et d’apporter une véritable ambiguïté à ses personnages, beaucoup trop artificiels.