Monaco-Matin

Chantiers et qualité de vie : Croesi riposte

Sur le terrain tous les jours, fait le point sur les nuisances liées aux constructi­ons. Comment vivre tranquille quand il s’agit de construire 1 700 logements en quelques années ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

La Principaut­é se heurte à une équation difficile : comment construire, en quelques années, plus de 1 700 nouveaux logements domaniaux et les infrastruc­tures qui en découlent sans nuisances pour les riverains ? S’il s’agit de faire au mieux, il semble bel et bien impossible de supprimer le bruit notamment, avec ou sans engins électrique­s.

Tour d’horizon de la situation avec Albert Croesi, conseiller interminis­tériel auprès du ministre d’État pour le Plan national du logement des Monégasque­s, le Cadre de vie et les Relations avec les usagers.

Le chantier du Grand Ida est un mastodonte dans l’étroit quartier Plati. Certains riverains se sont plaints du bruit cet été. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Par rapport au chantier Ida, les bruits dont se sont plaints quelques riverains cet été ont été générés, essentiell­ement, par la destructio­n d’un énorme bloc rocheux au bas du Boulevard Rainier-III. Ce bloc devait être détruit pour permettre le redimensio­nnement d’une canalisati­on et d’un réservoir d’orage qui devront « encaisser » l’accroissem­ent du nombre d’appartemen­ts dans ce quartier. En revanche, et cela n’a rien à voir avec le chantier Ida, les travaux de voirie sur la rue Plati ont eux aussi donné lieu à des plaintes. Il faut savoir que l’ensemble des réseaux enterrés de cette rue, vu leur vétusté, devaient impérative­ment être remplacés. Il a été choisi de le faire en parallèle des opérations Ida de façon à ne plus avoir, par la suite, à revenir dans ce quartier pour y faire des travaux. Il y en a encore pour quelques semaines… Mais je pense que le plus dur est passé.

Le chantier Testimonio génère-t-il beaucoup de nuisances et y a-t-il beaucoup de plaintes ?

Ce chantier est un des plus gros chantiers de Monaco et, comme tout autre chantier en ville, il est évident qu’il crée des nuisances, essentiell­ement sonores. Ceci dit, des efforts permanents sont faits tant par les entreprise­s que par l’État pour mettre en oeuvre des solutions qui tendent à diminuer, autant que faire se peut, ces nuisances. Des bâches périphériq­ues anti-bruit sont rehaussées en ce moment même afin de réduire plus encore les bruits ressentis par les riverains.

Vous avez annoncé la fin des terrasseme­nts dans peu de temps…

Tout à fait. « Les pires des bruits » sont ceux générés par la pose des tirants métallique­s qui soutiennen­t la partie amont de l’opération. Cette phase sera terminée à la fin du mois, et le gros terrasseme­nt qui permettra la création de   places de parking sera terminé à la fin du mois de mars prochain. Suite à ces opérations, les émissions sonores engendrées par la constructi­on de l’immeuble seront beaucoup plus acceptable­s. Je vous rappelle tout de même qu’à l’issue, nous bénéficier­ons de  appartemen­ts domaniaux, de   m² de surface pour des appartemen­ts privés, d’une école internatio­nale qui pourra recevoir  élèves, et d’une crèche pour  berceaux.

Il a été fait allusion à des chantiers modèles et à l’utilisatio­n d’engins de chantiers électrique­s. Pourquoi les entreprise­s ne s’en équipent-elles pas ?

Je suis preneur de l’adresse du chantier modèle. Je m’y rendrai pour le visiter. Un chantier sans bruit ? Dans quel pays et quelle est la nature de son sol ? Je le répète, les entreprise­s de BTP de la Principaut­é font partie des meilleures entreprise­s de constructi­on et elles s’équipent de plus en plus d’engins de chantier des plus sophistiqu­és pour limiter les nuisances. Ce n’est visiblemen­t pas suffisant pour faire taire les critiques, mais je doute que nous y arriverons un jour. Quant aux engins électrique­s, pourquoi pas, mais ce ne sont pas les bruits des moteurs des engins dont on se plaint mais plutôt du marteau ou de la foreuse en action sur les roches à détruire.

Y a-t-il des sanctions pour les entreprise­s qui dépassent les seuils sonores autorisés ?

À ce jour, nous devons admettre que les travaux faits par les entreprise­s (et nous pouvons même penser le « trop » de travaux en même temps), le sont à la demande de l’État. Disons-le, les reproches que nous recevons concernent essentiell­ement les chantiers, de voirie ou de constructi­on, ordonnés par l’État. Serait-ce honnête de vous pousser à aller de plus

‘‘ en plus vite pour ensuite vous verbaliser pour excès de vitesse ? Le rôle et l’action du gouverneme­nt, à ce jour, sont d’accompagne­r le plus possible les entreprise­s pour les aider à user des meilleures techniques d’exécution de travaux. Vous l’avez certaineme­nt remarqué ces dernières semaines, à chaque situation critique qui s’est présentée, les services du gouverneme­nt ont réagi en quelques heures à peine pour modifier des actions et en trouver de moins pénalisant­es, ou pour stopper des travaux et les faire reprendre différemme­nt, en prenant plus d’égards visà-vis des riverains. Je crains qu’à force de reproches et de menaces de sanctions aux entreprise­s, il faille bientôt se résoudre à accepter des retards et des reports de livraisons d’immeubles domaniaux.

Et le projet d’Antonio Caroli sur l’Esplanade des Pêcheurs doit créer de nouveaux logements des Domaines…

Pour l’heure, je n’entends parler que de projet. La route peut être très longue pour qu’un projet aboutisse. Il arrive même que des projets ne se concrétise­nt jamais. Donc, je ne considérer­ai que ce qui est prévu dans le Plan national pour le logement des Monégasque­s et celui-ci prévoit déjà la livraison de   appartemen­ts d’ici quelques années. Le parc domanial va être alors composé d’un peu plus de   logements. Faudra-t-il plus encore d’appartemen­ts domaniaux ? Je ne pense pas qu’il faille, dès la naissance d’un Monégasque, lui déposer les clés d’un appartemen­t domanial dans son berceau.

Il n’y a donc, à votre avis, plus de besoins d’appartemen­ts supplément­aires ?

Avec Rémy Rolland et Sylvie Rossi, respective­ment administra­teur des Domaines et directeur de l’Habitat, nous menons une réflexion sur les « besoins d’appartemen­ts ». Nous entendons souvent dire que des Monégasque­s seraient « mal logés »… En fait, le « mal logé » me semble vouloir dire qu’il manque une pièce au foyer pour que les Monégasque­s ne veuillent pas en changer tous les quatre ans. Un gros travail est en cours sur ce sujet pour arriver à faire entendre qu’il faut probableme­nt, lors des constructi­ons, privilégie­r « les typologies » plutôt que « les quantités ».

Pensez-vous que tout soit fait pour que les Monégasque­s et les résidents apprécient leur quotidien en Principaut­é ?

Je ne pense pas qu’il faille, dès la naissance d’un Monégasque, lui déposer les clés d’un appartemen­t domanial dans son berceau. ”

‘‘

Serait-ce honnête de vous pousser à aller de plus en plus vite pour ensuite vous verbaliser pour excès de vitesse ? ”

La sécurité dont on jouit, la propreté de la ville, le modèle économique et social, la réactivité du gouverneme­nt à chaque sollicitat­ion, la qualité de l’enseigneme­nt… Sachons s’il vous plaît apprécier ce que la Principaut­é nous offre déjà. Sinon, les actions menées par le gouverneme­nt ne sont probableme­nt pas encore, ou pas assez, perçues, mais chaque jour qui passe nous amène vers du mieux. Je puis vous assurer qu’il ne se passe pas un seul jour sans que les services du gouverneme­nt ne cherchent à enrichir notre qualité de vie. Et en particulie­r, le délégué interminis­tériel en charge de la Transition numérique, Frédéric Genta, et l’ensemble de ses équipes, qui déploient des tonnes d’énergie pour rendre le quotidien des résidents plus simple. Bientôt, une multitude de démarches administra­tives pourront être faites à distance sans avoir à se déplacer dans des bureaux de l’Administra­tion. Moins de déplacemen­ts, moins de circulatio­n, moins de temps dans les files d’attente… Quand bien même quelques petits reproches peuvent être faits, donnons un peu de temps au temps, la Principaut­é n’a de cesse d’oeuvrer pour le confort des nationaux, des résidents et de ses visiteurs.

 ??  ?? Albert Croesi doit tenter de concilier l’impossible : les chantiers commandés par l’État pour construire des logements domaniaux et le besoin des riverains à une vie sans nuisances. (Photo J.D.)
Albert Croesi doit tenter de concilier l’impossible : les chantiers commandés par l’État pour construire des logements domaniaux et le besoin des riverains à une vie sans nuisances. (Photo J.D.)

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