Monaco-Matin

Positive à la Covid, enterrée « comme une pestiférée »

Un retraité de Villeneuve, dont la mère est décédée dans un Ehpad de Saint-Laurent, déplore les « conditions inhumaines imposées par les autorités » pour les mises en bière des malades du virus

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C’est l’horreur, elle a été enterrée comme une pestiférée ». André Beyrand est encore sous le choc du décès de sa mère, mais aussi de la façon expéditive dont elle a été mise en bière puis en terre. Parce qu’elle avait été testée positive à la Covid.

« Elle a été mise en bière dès le lendemain, s’exclame ce retraité de Villeneuve-Loubet. On a vu arriver deux hommes aux allures de scaphandri­ers. Elle est restée dans la tenue dans laquelle elle est décédée, en chemise de nuit, on ne lui a pas fait de toilette. Ils ont eu du mal à la mettre dans deux sacs en plastique superposés, et ensuite dans le cercueil définitive­ment, sans que plus personne ne puisse la revoir ».

« Choquant, très choquant »

« Pour la cérémonie, on n’était que 16. C’était limité à 20 y compris le personnel des pompes funèbres. Maman était issue d’une vieille famille niçoise très connue. J’ai dû refuser du monde. Il a même fallu dire non aux cousins et cousines. Combien y at-il eu de personnes aux obsèques d’Annie Cordy ou de la sénatrice Colette Giudicelli ? Tant mieux pour elles, mais on a l’impression qu’il y a deux poids deux mesures ». « C’est choquant, très choquant, se désole son épouse. Ma belle-mère a fini dans deux sacs en plastique ». « Elle qui était coquette, elle n’aurait jamais voulu partir comme ça. Elle ne voulait pas grand-chose, mais un bel enterremen­t », regrette André.

Josette Beyrand est décédée le 18 septembre dans un EHPAD de Saint-Laurentdu-Var. « Elle avait 94 ans, elle allait bien. Elle était juste faiblissan­te. Je ne suis pas sûr que son décès ne soit dû qu’au virus. Elle avait été testée positive trois jours avant son décès, mais elle ne toussotait que légèrement et n’avait qu’un peu de fièvre. Elle respirait normalemen­t. Elle est peut-être tout simplement morte de solitude comme beaucoup de personnes âgées depuis la Covid. La fois précédente, elle m’avait dit ‘‘Je suis fatiguée, je n’ai plus qu’une envie, c’est de partir’’. On ne pouvait plus la voir qu’une fois par semaine sur rendez-vous. A un moment on en pouvait même plus la voir du tout. La dernière fois qu’elle avait pu sortir, c’était en août, pour son anniversai­re ».

« Les morts peuventils contaminer ? »

« À partir du moment où elle est décédée, comment pouvait-elle être contagieus­e ?

Le virus se transmet par les gouttelett­es quand on respire », s’étonne-t-il.

« On a appris trop tard que les cérémonies funéraires n’étaient pas concernées par les dernières règles édictées au moment de son décès. On a aussi appris trop tard que dans l’église on aurait pu être une cinquantai­ne de personnes».

Un crève-coeur pour la famille, qui n’en veut ni aux pompes funèbres, ni à

l’Ehpad, Mais qui ne comprend tout simplement pas.

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(Photo L.Q.) André Beyrand « scandalisé » par les « conditions inhumaines imposées par les autorités » dans lesquelles sa maman Josette a été mise en bière.

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