Les visiteurs de Marineland partagés
« Le parc marin responsable. » Marineland le revendique dès l’entrée, sur des affiches bleu mer. Hier, alors que les delphinariums font les gros titres des journaux télévisés, le parc antibois vit une petite journée en termes d’affluence. Un paradoxe qui reflète le ressenti des visiteurs, tiraillés entre plaisir d’enfant et cas de conscience. En témoignent Serge et Edith Valette. « Les animaux seraient peut-être mieux en plen air, confie Serge. Ça ne devrait peut-être pas exister. Mais si on n’en voit pas dans les parcs, on n’en verra jamais... » Edith non plus n’aime « pas voir les oiseaux en cage, ni les poissons dans un aquarium ». Reste que la visite était « super chouette ». Utile, même.
« C’est un moyen de sensibiliser les personnes. Ça nous permet de dire : “Il faut la protéger, notre nature”.» Et le bien-être animal, invoqué par la ministre Pompili ? « Il n’y a pas de maltraitance. On voit qu’ils aiment les bêtes, rétorque Edith Valette. Elles sont sûrement nées là. Je ne vois pas l’intérêt de les relâcher en pleine mer .... Si c’est pour gagner des voix, je ne suis pas d’accord ! »
Ce mardi après-midi, peu d’Azuréens à l’horizon. Morgan Puget, Nancéen de 33 ans, est revenu à Marineland dix ans après. Il accompagne son ami Vincent Rouyer, 23 ans, pour qu’il « puisse voir les animaux sauvages ». Pourtant, Morgan « préfèrerait les voir en liberté. J’espère que les générations futures n’envisageront plus ce genre de parc. Je pense que les orques ont besoin d’espace, et que ces bassins sont bien trop petits ».
« Les enfants se régalent » D’autres assument pleinement ce plaisir des yeux. Comme cette enseignante venue d’Ansouis (Vaucluse), qui raccompagne ses jeunes élèves dans le car. « Les enfants se sont régalés, souritelle. Les animaux n’ont pas l’air de souffrir. Ils sont en captivité, certes, mais dans de bonnes conditions. » Un travail de sensibilisation en classe précède et suivra la visite.
Daniel Gareh, lui, a carrément pris un pass pour l’été. Originaire de Londres, établi à Lyon mais en vacances sur la Côte, il vient « deux à trois fois par semaine » avec sa femme et leur petit. « Il adore voir les poissons, les dauphins, les orques, les pingouins... Les tortues sont ses nouveaux amis ! » Daniel n’aime pas l’idée de contraindre des animaux. « Mais on voit qu’ils sont bien soignés. C’est peut-être un peu égoïste, mais les enfants apprennent à leur contact. C’est bien pour leur développement. »
En somme, les visiteurs interrogés sont « partagés ». Le terme est de Vanessa, 31 ans, venue de Mulhouse avec Mustapha et leur fille, 3 ans aujourd’hui. Vanessa voit en Marineland « un support éducatif qu’[elle] utilise pour expliquer à un enfant la vie marine, le plastique... » Mais elle l’admet : « À terme, il faudra sans doute évoluer, aller davantage vers les animaux. » Quitte à tempérer « notre petit confort d’êtres humains. C’est le même principe que de manger des fruits du bout du monde en plein hiver ».