Pourquoi l’animal doit obtenir le statut de « personnalité juridique »
Qui est l’animal ? Caroline Regad et Cédric Riot [cicontre], enseignants-chercheurs à l’université de Toulon, ont largement planché sur cette question. Les coauteurs de la Déclaration de Toulon considèrent que le droit ne peut plus ignorer les avancées des sciences dans ce domaine. Les deux juristes plaident en faveur de l’animal comme personnalité juridique. Ils avancent des arguments de poids.
« Les chercheurs de Cambridge ont démontré que les animaux sont dotés des substrats neurologiques de la conscience. Les sciences révèlent, chaque jour, à quel point les animaux sont des êtres intelligents, sensibles, conscients. Ça fait beaucoup d’éléments qui devraient contribuer à un changement de regard juridique, de regard sociétal, de regard tout court sur l’animal. »
« J’ai entendu à la radio : “Oui, mais il y a des personnes qu’on n’aide pas”, rapporte Cédric Riot. Mais ça n’enlève rien aux hommes de reconnaître et d’éviter la souffrance animale. Les animaux ressentent la douleur, c’est le fond du problème. Dans nos sociétés, au XXIe siècle, on devrait prendre en compte les intérêts de l’animal pour qu’il ne souffre plus. En droit français, il n’y a aucun obstacle à considérer l’animal comme une personnalité juridique. L’obstacle est de nature politique. »
« Jusque-là, la phylogénétique, c’est-à-dire la manière de classifier le vivant, considérait l’homme au-dessus de la pyramide. La vision, aujourd’hui, n’est plus pyramidale. Les intellectuels et scientifiques s’accordent sur le buisson du vivant. Le droit des animaux doit intégrer les avancées scientifiques. Les phylogénéticiens nous disent que l’humain n’est qu’une des branches dans l’arborescence du vivant. Les animaux sont une autre branche. Chaque branche a sa raison d’être. Montaigne, et même Aristote, faisaient remarquer que, sur l’échelle de la nature, l’homme se classe tout en haut de façon absurde. C’est parce qu’il fait lui-même cette échelle. Platon expliquait que si l’on avait demandé aux grues [les animaux] de classifier le vivant, elles auraient mis d’un côté les grues, et de l’autre côté tous les autres. » C. H.
. La Déclaration de Toulon, proclamée le
mars est issue de la trilogie des colloques sur la personnalité de l’animal. Elle est conçue comme une réponse, par des universitaires juristes, à la Déclaration de Cambridge du juillet .