La truffe de Provence veut se faire un nom
Le syndicat régional des trufficulteurs veut obtenir une Indication géographique protégée (IGP). Objectif : garantir la qualité aux acheteurs et lutter contre les produits bas de gamme
Les syndicats de trufficulteurs des différents départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur ont lancé cet été à Bauduen, dans le Var, à l’initiative de leur fédération régionale, un ambitieux projet : la mise en place d’un plan de travail qui sera chargé de constituer un dossier en vue d’obtenir une IGP « Truffe de Provence ».
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L’Azuréen Michel Santinelli, président de la Fédération régionale de trufficulteurs Provence-Alpes-Côte d’Azur, éclaire ce qui motive une telle démarche.
Est-ce la concurrence qui vous incite à protéger la truffe de Provence ?
Pas vraiment. La concurrence, qu’elle vienne d’Espagne, d’Italie ou des pays de l’Est, fait partie du jeu. On ne va pas se
‘‘ leurrer : près de % des achats effectués en France sont des truffes en provenance d’Espagne. On ne peut d’ailleurs pas réellement parler de concurrence, puisque les prix sont sensiblement les mêmes partout, le cours étant établi au niveau international.
Ce que nous souhaitons, c’est que l’acheteur sache précisément ce qu’on lui propose, en termes de qualité.
La truffe noire, telle qu’on la trouve ici, n’est-elle pas la même partout ?
On entend souvent parler de « truffe du Périgord », mais il s’agit bien de la Tuber melanosporum ,que l’on trouve aussi bien dans le sud de la France qu’en Espagne ou en Italie. Elle fut longtemps associée au Périgord, puisqu’on la cuisinait beaucoup avec les plats à base de graisse, notamment le canard, mais l’ancienneté de la production provençale est attestée. Aujourd’hui, la moitié de la production française vient de Provence.
L’appellation ne protégerait donc pas un produit purement régional ?
Elle permettrait de garantir un cahier des charges de production et, mécaniquement, une qualité du produit. La truffe est un produit naturel, que nous, trufficulteurs de Provence, récoltons sans utiliser de produits désherbants, au contraire de ce que l’on peut voir en Espagne ou dans les pays de l’Est.
Contre qui défendez-vous votre production alors ?
La truffe est un produit « vendeur », qui suscite des comportements parfois malhonnêtes. Certains n’hésitent pas à
« parfumer » leurs plats ou leurs huiles, parfois même des truffes « chinoises », avec des produits chimiques qui donnent un goût de truffe véritable.
Nous voulons que la législation nous permette de dénoncer ces pratiques et de certifier les « vraies » productions.
Au niveau français, nous pensons que nous y parviendrons, même si le chemin est long pour obtenir une IGP.
Là où nous devrons nous battre réellement, c’est au niveau européen, où l’on fera face à des groupes industriels, dont la plupart utilisent les arômes artificiels dans leur production.
Aujourd’hui, comment être certain que le produit que l’on achète est bien de la « vraie » truffe ?
Longtemps, les producteurs ont souffert d’une image suspecte, puisque, non professionnels, ils ne disposaient pas de gros volumes et proposaient quelques kilos sur des marchés de détail, se faisant payer en espèces. Aujourd’hui, la filière se professionnalise et abandonne peu à peu ces pratiques.
Nous, au niveau des fédérations, formons des contrôleurs qui pourront intervenir sur les lieux de vente. Cela permet de rassurer les clients et d’éviter que des revendeurs de produits bas de gamme installent leurs étals. 1. Indication géographique protégée. Désigne des produits dont la qualité ou la réputation est liée au lieu de production, de transformation ou d’élaboration, mais dont les ingrédients ne proviennent pas nécessairement de cette aire géographique.
La concurrence, qu’elle vienne d’Espagne, d’Italie ou des pays de l’Est fait partie du jeu.” Nous souhaitons, que l’acheteur soit informé de ce qu’on lui propose en termes de qualité.”