Monaco-Matin

Formé à Monaco, il réunit  chefs à Tokyo et verse   $ au Liban

Ancien élève du Lycée technique et hôtelier, Hugo parcourt le monde et ses plus prestigieu­ses tables. Touché par l’explosion à Beyrouth, il a monté une soirée caritative en un temps record

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Ce lundi à Tokyo, neuf chefs étoilés ont offert un dîner franco-italien d’exception à 66 convives du restaurant Arva (Groupe Aman) au profit du Liban. Tombola comprise, la soirée a rapporté 10 000 dollars aussitôt reversés à la Croix-Rouge japonaise, qui convertira ces fonds en aides alimentair­e et logistique aux victimes de la terrible explosion du 4 août dernier à Beyrouth. Derrière cette initiative caritative montée en un peu plus d’un mois, Hugo Salanitro, un globe-trotter de la restaurati­on de luxe qui a grandi à Monaco. Soutenu par l’ambassadeu­r du Liban au Japon, Hugo convainc de grands noms de la gastronomi­e comme le Cannois Michaël Michaelidi­s, chef exécutif du restaurant Joël Robuchon ; Bernard Anquetil ; Olivier Oddos ; Christophe Pauccod et autres stars locales des fourneaux. « C’est la première fois que j’organisais une telle opération. C’était pas mal de boulot. Le fleuriste nous a offert les fleurs, sachant que ça coûte une fortune au Japon. Une artiste a joué dans le garden lounge. Un DJ était présent… Grâce aux nombreux sponsors, tout était presque gratuit », se félicite Hugo, qui n’a pas eu à composer avec la crise sanitaire.

« Pour nous, c’est du passé. On n’en parle plus du tout. Déjà, ici, tout le monde porte le masque naturellem­ent et les gestes barrières sont respectés puisqu’on ne se sert pas la main et on ne s’embrasse pas. Les frontières sont encore fermées aux touristes et il faut respecter une quarantain­e en arrivant, mais les restaurant­s, bars et hôtels reprennent bien leurs activités avec la clientèle locale. »

« C’était le moment de le faire »

Pourquoi avoir choisi d’aider le Liban ? « J’ai vécu cinq ans à Dubaï où la communauté libanaise est très présente, et nous avons beaucoup d’amis libanais. C’était le moment de le faire, avant que les gens passent à autre chose. Les victimes attendent d’urgence de l’aide alimentair­e et de l’équipement pour reconstrui­re la ville », confie le cerveau de cet élan du coeur. En 48 heures, tous les couverts étaient réservés ! Ce, en dépit d’une crainte entendue par Hugo. Celle d’un amalgame entre le Liban et Carlos Ghosn, actuelleme­nt réfugié au pays du Cèdre.

Les Japonais n’ayant toujours pas digéré la spectacula­ire évasion de l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan au nez et à la barbe de la justice nippone.

Originaire de La Turbie, Hugo Sanalitro a fréquenté le collège Charles-III puis le Lycée technique et hôtelier de Monaco. À 34 ans, il est directeur du départemen­t « Nourriture et boisson » pour le prestigieu­x groupe Aman. A Tokyo, il a 85 employés sous sa coupe pour 84 chambres et cinq points de vente.

Voilà cinq ans qu’il a posé ses valises, en famille, au pays du Soleil Levant. Dernière étape d’un parcours parsemé d’étoiles. Après des jobs de saisonnier au Monte-Carlo Beach et un passage par l’Hôtel de Paris, Hugo met les voiles vers Paris, puis Boston pour le groupe Fairmont et son chef étoilé, Guy Martin. Cap ensuite sur le Canada, près de Cagliari, où il gère deux restaurant­s toujours pour le compte du Fairmont. Pierre Gagnaire met alors la main sur ce jeune talent et l’embarque dans son aventure à Dubaï. Puis Tokyo, où il est en charge de son restaurant deux-étoiles avant de rejoindre le groupe Aman.

Un tour du monde qui ne l’empêche pas de garder les pieds sur terre, manifestem­ent.

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(Photo Juan Carlos Ortiz Pozos) Hugo Salanitro et les neuf chefs de coeur, à Tokyo.

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