Salles de sport fermées : l’arrêté du préfet validé
Hier soir, le tribunal administratif de Nice a rendu son jugement : les salles de sport resteront fermées. L’instance se penchait en effet, dans le cadre d’une procédure de référé liberté, sur l’arrêté préfectoral du 28 septembre.
Il avait prononcé la fermeture des salles pour lutter contre la propagation de la Covid-19.
Cinq enseignes de fitness, parmi lesquelles Fitlane et Basic-Fit, et le syndicat professionnel France Active, dénonçaient une « décision arbitraire ». Nombre de professionnels étaient présents à l’audience.
Me David Larbre, avocat des salles de fitness, a plaidé une mesure « disproportionnée ». « Il y a urgence, des pertes de chiffre d’affaires sont déjà constatées. » Le conseil des patrons de salles estime que cette mesure a été prise de manière « soudaine », « sans concertation ». Selon lui, « les salles de fitness ont adopté un protocole éminemment strict, et vont même au-delà de la réglementation applicable ».
« L’Etat s’égare »
Il dénonce également l’absence d’éléments probants de la part de la préfecture pour justifier cette fermeture. « Dans les salles de fitness, le taux de contamination est 500 fois inférieur à la moyenne nationale. »
Pour Me Larbre, l’État s’égare en « cherchant à envoyer des signaux à la population ». Il a réclamé au tribunal une « décision courageuse » et de suspendre l’arrêté.
La préfecture est intervenue à l’audience, graphique en mains, pour prouver la gravité de la pandémie. « Loin de nous l’idée de stigmatiser les salles de sport et de laisser penser que les choses y sont moins bien tenues qu’ailleurs », a-t-elle toutefois pondéré.
La préfecture a souligné dans son mémoire de défense qu’un pack de mesures (chômage partiel, exonération de charges sociales, fonds de solidarité) a été pris pour accompagner ces fermetures.
« Les salles de sport sont un lieu de détente, où on parle, on échange, mais ce brassage de population dans un lieu clos génère un risque de contagion supplémentaire. Il y a un fort risque dans les échanges de matériel. On n’a pas la garantie d’un contrôle strict des mesures de distanciation physique. » La préfecture a défendu une décision « équilibrée » et « proportionnée ».
La décision du tribunal provoquait hier soir incompréhension et colère chez les gérants de salles de sport.
Christian Solans est le patron de FixBody, rue Delille à Nice : 250 adhérents et trois salariés. Sa salle affiche désormais porte close pour quinze jours au moins. Mardi, c’est une patrouille de la Police nationale qui l’a contraint à fermer à 18 h 30. « L’arrêté du préfet était tombé le matin seulement, on allait fermer le soir. Je pense que cela s’est fait sur dénonciation. » Le chef d’entreprise ne comprend pas et s’inquiète. Septembre représente pour lui 30 % du chiffre d’affaires annuel. « Notre public est relativement jeune. Ils viennent chercher la forme physique et mentale chez nous. De plus, si quelqu’un venait à être touché, ce qui n’a pas été le cas, nous avons une traçabilité immédiate. Nous avons leurs noms, leur contact et avec qui ils étaient. Tout notre matériel est nettoyé avant et après, nous le faisions d’ailleurs avant. Chez nous sur 200 m², il y a maximum huit personnes à l’heure. »
Pour le chef d’entreprise, l’année est terrible. « Tous les mois, j’ai un loyer de 3 000 euros à payer. Il y a eu une aide de 500 euros de la ville de Nice pendant les trois mois de confinement. Mais avec ce nouvel arrêt, le risque est de devoir mettre la clé sous la porte du jour au lendemain. »