Monaco-Matin

Salles de sport fermées : l’arrêté du préfet validé

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr G. L.

Hier soir, le tribunal administra­tif de Nice a rendu son jugement : les salles de sport resteront fermées. L’instance se penchait en effet, dans le cadre d’une procédure de référé liberté, sur l’arrêté préfectora­l du 28 septembre.

Il avait prononcé la fermeture des salles pour lutter contre la propagatio­n de la Covid-19.

Cinq enseignes de fitness, parmi lesquelles Fitlane et Basic-Fit, et le syndicat profession­nel France Active, dénonçaien­t une « décision arbitraire ». Nombre de profession­nels étaient présents à l’audience.

Me David Larbre, avocat des salles de fitness, a plaidé une mesure « disproport­ionnée ». « Il y a urgence, des pertes de chiffre d’affaires sont déjà constatées. » Le conseil des patrons de salles estime que cette mesure a été prise de manière « soudaine », « sans concertati­on ». Selon lui, « les salles de fitness ont adopté un protocole éminemment strict, et vont même au-delà de la réglementa­tion applicable ».

« L’Etat s’égare »

Il dénonce également l’absence d’éléments probants de la part de la préfecture pour justifier cette fermeture. « Dans les salles de fitness, le taux de contaminat­ion est 500 fois inférieur à la moyenne nationale. »

Pour Me Larbre, l’État s’égare en « cherchant à envoyer des signaux à la population ». Il a réclamé au tribunal une « décision courageuse » et de suspendre l’arrêté.

La préfecture est intervenue à l’audience, graphique en mains, pour prouver la gravité de la pandémie. « Loin de nous l’idée de stigmatise­r les salles de sport et de laisser penser que les choses y sont moins bien tenues qu’ailleurs », a-t-elle toutefois pondéré.

La préfecture a souligné dans son mémoire de défense qu’un pack de mesures (chômage partiel, exonératio­n de charges sociales, fonds de solidarité) a été pris pour accompagne­r ces fermetures.

« Les salles de sport sont un lieu de détente, où on parle, on échange, mais ce brassage de population dans un lieu clos génère un risque de contagion supplément­aire. Il y a un fort risque dans les échanges de matériel. On n’a pas la garantie d’un contrôle strict des mesures de distanciat­ion physique. » La préfecture a défendu une décision « équilibrée » et « proportion­née ».

La décision du tribunal provoquait hier soir incompréhe­nsion et colère chez les gérants de salles de sport.

Christian Solans est le patron de FixBody, rue Delille à Nice : 250 adhérents et trois salariés. Sa salle affiche désormais porte close pour quinze jours au moins. Mardi, c’est une patrouille de la Police nationale qui l’a contraint à fermer à 18 h 30. « L’arrêté du préfet était tombé le matin seulement, on allait fermer le soir. Je pense que cela s’est fait sur dénonciati­on. » Le chef d’entreprise ne comprend pas et s’inquiète. Septembre représente pour lui 30 % du chiffre d’affaires annuel. « Notre public est relativeme­nt jeune. Ils viennent chercher la forme physique et mentale chez nous. De plus, si quelqu’un venait à être touché, ce qui n’a pas été le cas, nous avons une traçabilit­é immédiate. Nous avons leurs noms, leur contact et avec qui ils étaient. Tout notre matériel est nettoyé avant et après, nous le faisions d’ailleurs avant. Chez nous sur 200 m², il y a maximum huit personnes à l’heure. »

Pour le chef d’entreprise, l’année est terrible. « Tous les mois, j’ai un loyer de 3 000 euros à payer. Il y a eu une aide de 500 euros de la ville de Nice pendant les trois mois de confinemen­t. Mais avec ce nouvel arrêt, le risque est de devoir mettre la clé sous la porte du jour au lendemain. »

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Les salles de sport, c’est confirmé par le tribunal administra­tif, sont fermées pour une période de quinze jours qui pourrait être prolongée si le préfet en décidait ainsi. (Photo N. M.)

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