Monaco-Matin

Enchères de la G : six questions que l’on se pose

Le top départ des enchères de la 5G a eu lieu mardi. Un enjeu d’une extrême importance pour les quatre opérateurs français de téléphonie qui vont se disputer des fréquences...

- ÉRIC FAREL efarel@nicematin.fr

. Pourquoi ces enchères ?

Programmée­s en avril dernier, mais retardées pour cause de crise sanitaire, elles doivent permettre aux quatre opérateurs – Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free – d’acquérir 11 « blocs » de fréquences aujourd’hui inutilisés, dans la bande allant de 3,4 à 3,8 gigahertz. Une opération lucrative pour l’Etat qui devrait récupérer 2,17 milliards d’euros dans cette opération censée permettre aux premières commercial­isations de la 5G de voir le jour dans certaines villes dès la fin de cette année. À noter que les quatre opérateurs ont déjà obtenu chacun un bloc de 50 mégahertz (MHz) dans cette bande de fréquences, au prix fixe de 350 M€. 110 MHz supplément­aires sont mis en jeu, sachant qu’un opérateur ne pourra pas acquérir plus de 100 MHz « pour donner ses chances à chacun », commente l’Arcep, le régulateur français des télécoms qui encadre ces enchères. L’enchère principale devrait durer une dizaine de jours et sera suivie d’une « enchère de positionne­ment » permettant aux opérateurs de choisir s’ils préfèrent se situer au centre de la bande ou à ses extrémités, plus susceptibl­es d’interféren­ces avec d’autres services.

. Quelle stratégie de négociatio­ns pour les opérateurs ?

Ces enchères sont secrètes. Donc inutile de questionne­r les opérateurs sur ce point. C’est ce que faisait comprendre, pas plus tard que lundi dernier, le PDG d’Orange, Stéphane Richard. Et ce que nous confirme Nicolas Drouillet, directeur réseaux à la direction Orange Grand Sud Est. Également contactés, Bouygues et Free n’ont pas donné suite à nos sollicitat­ions. SFR de son côté, nous a fait savoir qu’il ne souhaitait pas communique­r pendant la période d’enchères.

. Quel enjeu pour le grand public et les opérateurs ?

Nicolas Drouillet l’affirme : «La5Gva nous permettre de faire face à la montée du trafic en complément des trafics existants. Pour continuer à offrir à tous une connexion optimale, on a besoin de la 5G. Sinon, il faudra multiplier les antennes 4G. Les prévisions, c’est 40 % par an d’augmentati­on du trafic sur les réseaux mobiles et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Ensuite, vers 2023, cette technologi­e va favoriser tout un tas de nouveaux modèles comme le télétravai­l en mobilité et la télémédeci­ne. La 5G, c’est dix fois plus de débit que la 4G et un temps de latence plus court. Enfin, ça va représente­r quelque chose de très important pour les entreprise­s en les aidant à améliorer les processus industriel­s et donc, à développer leur compétitiv­ité.

Cela, c’est un enjeu très important, pour elles et pour le pays. »

. Quelles inquiétude­s par rapport aux opposition­s ?

« On ne peut pas nier le fait qu’un débat sociétal existe autour de la 5G, concède Nicolas Drouillet. Les dernières enquêtes démontrent qu’une majorité de citoyens attendent la 5G pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Mais il y a aussi un questionne­ment et une défiance de la population. Il nous faut donc faire preuve de beaucoup de pédagogie, regarder les choses sur le plan de la santé et de la sécurité, et il y a des réponses que l’on peut apporter. Ce débat est intéressan­t en ce sens qu’il permet d’expliquer ce qu’est la 5G. En termes de santé, les autorités se sont exprimées sur le sujet et ont conclu à l’absence de risque sanitaire à partir du moment où les seuils sont respectés, ce qui sera évidemment le cas. Et pour la France, après un premier avis rendu en début d’année, un autre interviend­ra au premier trimestre 2021. Dans tout cela, rien ne montre la dangerosit­é de la 5G. » Sur le plan énergétiqu­e, les opérateurs promettent par ailleurs une consommati­on d’électricit­é de la 5G inférieure à celle de la 4G : « Pour acheminer 1 giga de data, la 5G utilisera 2 fois moins d’énergie que la 4G à son lancement, et 10 fois moins d’énergie à horizon 2025 », fait-on observer chez Orange.

. Quel calendrier de déploiemen­t pour les opérateurs ?

« Nous, on est déjà prêt, atteste Nicolas Drouillet. C’est un sujet sur lequel on travaille depuis longtemps. Dès 2019, on avait ouvert certaines villes pilotes, comme Marseille, Paris, Lille ou Montpellie­r. Des expériment­ations qui ont été prolongées en 2020. Maintenant on attend le résultat des enchères pour dévoiler le calendrier de déploiemen­t. »

. La G va-t-elle générer des emplois ?

« Il s’agit d’une nouvelle génération technologi­que. Nous, on fait notre métier d’opérateur avec ce prolongeme­nt assez naturel. En termes d’emplois, cela n’induira pas de grands changement­s pour Orange. C’est une évolution, une nouvelle étape. En revanche, je le redis, conclut le représenta­nt d’Orange : pour la compétitiv­ité des entreprise­s, la 5G sera un vrai plus. » Et le marché du travail pourrait bien en être bénéficiai­re.

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Les enchères de la G ont débuté hier.(Photo d’illustrati­on doc. N.-M.)

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