« Au coeur des territoires et de la République »
Les trois nouveaux sénateurs LR azuréens (sur cinq) ont fait hier leurs premiers pas au Palais du Luxembourg. A la fois impressionnés, fiers et désireux d’apporter leur pierre à l’édifice
Je n’ai pas de conseils particuliers à leur donner, sinon de bosser et de rester eux-mêmes et ils trouveront alors toute leur place dans cette maison où on leur confiera des responsabilités. » Réélue vice-présidente du groupe LR, fort de plus de cent cinquante membres et présidé par Bruno Retailleau, Dominique Estrosi-Sassone était un peu la « nounou » des nouveaux sénateurs azuréens, hier au Palais du Luxembourg. Les novices LR, Alexandra BorchioFontimp, Philippe Tabarot et Patricia Demas, ont ainsi été conviés à petit-déjeuner dans le bureau de la sénatrice en poste depuis 2014, en compagnie de l’autre sortant LR réélu dimanche, Henri Leroy.
« Rien dans mon parcours ne m’y prédestinait »
« Je n’ai pas encore atterri ! », souffle-t-elle, sincèrement intimidée. Patricia Demas, maire de Gilette pour quelques jours encore, rêve éveillée, elle qui n’avait jamais mis les pieds au Sénat et qui s’y trouve propulsée sans l’avoir cherché, à la faveur du grand chelem départemental des Républicains. «Mon émotion est double, concède-t-elle, Je suis profondément émue par ce lieu magique imprégné par l’Histoire de France et par le fait de me retrouver ici, au coeur de la République, alors que rien dans mon parcours ne m’y prédestinait. »
Au sortir de la réunion du groupe LR, à laquelle est venu participer le président du Sénat Gérard Larcher, elle est toutefois rassurée : elle sera ici à sa place, dans une chambre haute où « elle sera au centre des problématiques des territoires et de la ruralité ». Si elle prend conscience de « l’immensité de la tâche qui l’attend », elle a aussi déjà bien compris que son ancrage local sera son meilleur sésame.
« Je me suis faite toute seule »
Il en est une autre qui ne boude ni son plaisir ni sa fierté légitime d’être là : Alexandra Borchio-Fontimp qui, à 38 ans, endosse le rôle de benjamine des sénateurs azuréens. « En montant le grand escalier tout à l’heure, j’ai eu le sentiment de revivre les différents paliers qui m’ont conduit ici. C’est pour moi un immense honneur d’être parvenue jusque-là car c’est une reconnaissance de mon travail : je ne suis pas une ‘‘fille de’’, je suis une fille de commerçants qui s’est faite toute seule. Il va quand même me falloir quelques jours pour réaliser que je ne suis pas là comme invitée mais vraiment comme sénatrice ! » Philippe Tabarot a beau être lui aussi un tout frais sénateur, il est davantage en pays de connaissance. Visiblement, nombre des anciens de la maison le connaissent déjà, des « têtes amies » qui viennent régulièrement le saluer ou lui glisser quelques mots dans la salle des conférences.
Philippe Tabarot en terrain défriché
Il faut dire que le vice-président de la Région en charge des Transports est déjà venu, à ce titre, plusieurs fois au Sénat, que ce soit pour y rencontrer Jean-Claude Gaudin, la première fois, ou y participer à des commissions thématiques par la suite.
« Mais je ne suis surtout pas blasé, au contraire, assure-t-il dans un large sourire. Je mesure la chance qui est la nôtre de représenter les
Alpes-Maritimes, dans une approche collective de notre mandat. A titre personnel, sur le sujet des transports que je connais bien, je sais qu’il y a beaucoup à faire au niveau national pour alléger des lois trop tatillonnes. Notre pays a besoin de décentralisation, laissons oeuvrer les élus locaux plutôt que de leur couper les vivres ! Il faut que l’Etat fasse confiance aux collectivités et se recentre sur ses missions principales. »
Le poids de la République
Pour tous, ces premières journées au Sénat ne sont en tout cas pas de tout repos. Tunnel de réunions, démarches administratives, sessions de formation pratiques sur le choix des collaborateurs et le remboursement des frais de mandat [le forfait mensuel de 5 900 € est soumis à la production de justificatifs depuis 2018], l’emploi du temps sera dense ces prochains jours, le tout sans disposer de bureau. Ceux-ci ne seront en effet attribués que la semaine prochaine. « C’est tout à la fois le poids de l’Histoire et celui de la République qui leur tombent dessus », note Julie Boillot, une assistante parlementaire varoise. Si ses deux collègues ont choisi de séjourner à l’hôtel lorsqu’ils seront à Paris, Alexandra Borchio-Fontimp rajoute de son côté à un agenda déjà copieux des visites d’appartements : « J’ai besoin d’avoir un cocon, de me retrouver dans un univers familier, pose-t-elle. Et puis comme ça, je pourrai accueillir mes enfants .» Si fiers de leur maman.