Insultes contre Macron : la procédure contre le «gilet jaune» annulée à Toulon
Tout ça pour ça. Des effectifs de police ont été déployés hier aprèsmidi devant le palais de justice de Toulon pour contenir quelques dizaines de supporters de Stéphane Espic, présenté comme un «gilet jaune» de la première heure. Le tribunal correctionnel a même renvoyé plusieurs procès, dont un pour des violences intra-familiales, qui ne seront pas jugés avant 2021. Et les journalistes étaient plus nombreux que d’habitude pour assister à l’audience.
« Bouffon de la République »
Stéphane Espic, gérant d’entreprise, âgé de 49 ans et domicilié à
Annecy-Vieux (Haute-Savoie), a comparu pour « injure publique envers le président de la République
» et « injure publique et diffamation envers un particulier ». Ce « bouffon de la République », comme il s’est lui-même présenté, était poursuivi pour avoir diffusé une vidéo, en direct depuis les abords du fort de Brégançon, dans laquelle il s’en prend, dans un langage fleuri voire outrancier, à Brigitte et Emmanuel Macron, alors en vacances dans le Var en août dernier. Sur les images, on voit Stéphane Espic et des acolytes patauger sur le plan d’eau de Bormes-les-Mimosas, chevauchant des bouées en forme de homard.
Sur l’un de ces crustacés gonflables, la Première dame est directement ciblée par des graffitis indélicats. « Quand Stéphane Espic parle de trou du cul, c’est le trou du cul du homard », a affirmé son avocat Me Juan Branco, dans une plaidoirie surréaliste.
Bref, ce procès devait éclaircir la frontière entre liberté d’expression et propos injurieux. Pour le procureur, qui a requis une amende de 2 000 euros, les limites ont été allègrement franchies. « Ce sont des mots qui n’honorent pas votre cause. Où est le message politique ? », a-til lancé alors que le «gilet jaune» a tenté de se placer sur le terrain revendicatif.
Loi de
Finalement, le tribunal n’a pas eu à trancher. Des « conclusions de nullité » déposées par Me Branco ont fait mouche. Pour y donner suite, le tribunal s’est appuyé sur la loi de 1881 sur la liberté de la presse, encadrant ce type de délit : les poursuites pour injures et/ou diffamations doivent reposer sur des plaintes déposées par les personnes visées.
Or, c’est le chef de la sécurité de l’Élysée qui a entamé les démarches pour le compte d’Emmanuel Macron. Quant à l’avocat qui a déposé plainte pour Brigitte Macron, il n’a pas produit de mandat de représentation. La procédure a donc été annulée.