Monaco-Matin

Laura Laune Si gentille à la ville et vraie diablesse à la scène

La décapante humoriste belge, et accessoire­ment bombe sexuelle qui s’ignore, se lâche ce soir à SaintRapha­ël. Oreilles chastes s’abstenir tant sa langue fourchue n’épargne personne. Humour noir garanti sang pour sang

- RAPHAËL COIFFIER rcoiffier@nicematin.fr

Timide, Laura Laune. Voire réservée. Enfin à la ville. Car sur scène, elle n’a rien d’un enfant de choeur. Si ce n’est ce joli minois à faire fondre les cierges de monsieur le curé...

Une fois la bride lâchée, la Belge part au galop. Enfourche son humour noir et décape à tout va. Toujours avec ce petit air coquin de ne pas y toucher.

Parlez-en à la girafe. Patatrafe. Elle a regagné l’enclos du zoo clopinclop­ant. En même temps, elle n’avait qu’à pas se balader les fesses à l’air et le nez au vent... Ce qui est rarement le cas, au passage, de Laura. En tout cas pas sur les planches. Des théâtres, pas des cimetières. Où elle excelle, en dépit des gousses d’ail et autres crucifix accrochés ici et là... Diablesse en diable, elle ne s’interdit rien. « Aucun sujet. Il y a simplement une approche à avoir. Et ça m’énerve quand j’entends dire qu’on ne peut plus rien dire ! » C’est-à-dire ? Des rires. Puis sans délire : « Ce sont surtout les réseaux sociaux le problème. Les gens s’y déchaînent. Te critiquent gratuiteme­nt. Or, le public rigole à mon humour noir. Comprend que je ne suis pas là pour choquer. »

Et qu’importent les grincheux. Les rétrograde­s. Les défenseurs coincés de la bien-pensance. La gentille petite fille ne se prive pas de desserts. Monstrueux et donc savoureux.

La Wallonie. Ah ! toute son enfance à Saint-Ghislain. Bien peignée. Sage. Jusqu’à ce que la lumière soit. Ses premiers cours de théâtre. « Un espace de liberté. Les gens m’écoutaient. Ça m’a marqué. »Tu seras donc artiste ma fille. Alléluia...

Rêve toujours. « Quand j’ai débuté, on m’a vite découragée. On me répétait que ça ne marcherait jamais. Au bout d’un moment, ça met le doute... ».

Des petites salles clairsemée­s. Des spectateur­s qui partent. « J’ai galéré. Mais moins que d’autres. Alors le succès, c’est un peu une revanche ! »

La revanche d’une blonde. Pas si innocente. Et bosseuse. Bosseuse. C’est bien simple, elle n’a plus le temps de dormir... « Je suis loin d’être arrivée, donc je me remets toujours en question. J’essaye de me renouveler. » Préparez vos pensebêtes : elle a des projets d’écriture de films, de séries et d’album de chansons. Oui, car non contente d’être homophobe et raciste, elle chante. Et, déjà, elle se ronge les ongles sur son prochain one-woman-show et se permet même le luxe de refuser des rôles au cinéma. Garce, va ! « J’ai joué un petit rôle dans Lucky d’Olivier Van Hoofstadt. Sinon on ne me propose

‘‘ que des personnage­s On ne me propose de cruche. Je ne veux pas m’enfermer làdedans... » Côté Rocco, aucun appel du pied en revanche. Pourtant, c’est elle qui le dit, elle ose tout. Sauf qu’elle ne mange pas de ce pain-là. Susciter la controvers­e, oui. Tomber à la renverse, non ! La maltraitan­ce sexuelle, très peu pour elle. Certains font ça bien mieux qu’elle et n’échappent pas à sa verve (sans faute de frappe) au moment de passer à la casserole... Elle est ainsi Laura Laune, aussi irrévérenc­ieuse que délicieuse. Un angelot à la queue fourchue qui se délecte de la gêne suscitée par ses sketchs trash. Et qui se nourrit des éclats de rire nés de ses répliques tabou. Une espèce de KitKat en somme : fondant et croquant à la fois. Attention toutefois à ce qu’elle n’y ait pas glissé une pointe de mortaux-rats. Elle en serait capable la bougresse, en représenta­tion ce soir, pour le plus grand bonheur des censeurs, à l’Estérel Aréna de Saint-Raphaël. Pressez-vous pour l’applaudir. Ah ben non, c’est déjà complet. Pas de bol quand même...

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J’ai galéré. Mais moins que d’autres. Alors, le succès, c’est un peu une revanche”

que des rôles de cruche. Je ne veux pas m’enfermer là-dedans... ”

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