Monaco-Matin

Jonathan Zaccaï : « Un plaisir dans le risque »

L’acteur reprend les traits de Matteo, un homme tourmenté qui doit gérer une relation difficile avec son ex-femme, interprété­e par Claire Keim dans la deuxième saison d’Infidèle.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr M. FAURE

Depuis peu, Jonathan Zaccaï est surtout reconnu pour son rôle de Raymond Sisteron dans Le Bureau des légendes. Mais l’acteur Belge de 50 ans est une machine à tourner. Films, séries, il brille partout et notamment dans Infidèle sur TF1 dont la deuxième saison débute ce soir. Face à Claire Keim, l’acteur reprend le rôle de Matteo, un mari qui trompe sa femme et qui, à la fin de la première saison, a tout perdu...

Vous revoilà sous les traits de Matteo et la saison deux ne démarre pas au mieux pour vous...

J’avais bien joué dans la première saison, le rôle était flamboyant. Là, c’est un parcours du combattant. C’est le moment de payer l’addition [rires]. Je dois remonter la montagne...

Comment prépare-t-on un tel rôle ? Vous incarnez un homme qui est au bord du précipice...

On parle avec beaucoup de sincérité. On a tous vécu des déceptions amoureuses dans nos relations, il faut faire appel à un passé douloureux. Mettre beaucoup d’émotion car on ne peut pas tricher sur certaines scènes. Ce sont des rôles difficiles à jouer car les issues sont peu nombreuses... On va dire que c’est une belle galère.

Est-il facile de créer un lien avec Claire Keim alors que vos deux personnage­s se détestent ?

On prend beaucoup de joie à jouer ensemble, que les scènes soient dramatique­s ou pas, on est vraiment en phase. Dans le jeu, c’est un plaisir.

Qu’est-ce qui vous avait séduit dans ce projet au départ ?

Le concept de traiter le couple comme un thriller. Une femme qui soupçonne son mari d’être infidèle et qui le traque comme un flic. Il y a un double niveau. Et puis le mensonge dans l’intimité est passionnan­t à jouer.

Est-ce facile de se mettre dans la peau d’une personne que tout le monde déteste, son ex-femme, son fils, son beau-père...

Je me suis rappelé que j’étais payé pour jouer et que ce n’était pas ma vraie vie [rires]. Plus sérieuseme­nt, Matteo paie ses erreurs de la première saison et il va s’engager dans une forme de rédemption. Quand on prend un peu de recul, on se rend compte qu’il a trompé sa femme, c’est grave mais ce n’est pas un meurtrier. Doit-il payer plus que ce qu’il a fait ? Clairement, il va apprendre de ses erreurs même s’il va, dans un premier temps, se retrouver à poil. Jusqu’où peut-il tomber avant de remonter la pente ?

La Scandinavi­e n’en finit plus de produire des séries de qualité. On peut d’ores et déjà citer Bron, Borgen, Lilyhammer, Wallander, Trapped mais surtout deux locomotive­s : Millenium et l’inévitable The Killing. Certaines ont d’ailleurs été reprises par les plus grands showrunner­s américains à commencer par The Killing de Torleif Hoppe. Le Danois revient sur le devant de la scène avec sa dernière création : Kidnapping. Une série en huit épisodes qui débute ce soir sur Arte. On retrouve tous les ingrédient­s scandinave­s dans cette série qui se

C’est un rôle à part, non ?

J’aime beaucoup les rôles ambigus. Ça me permet de faire des choses différente­s. Il y a un vrai plaisir d’être dans la prise de risques car le risque était de rendre crédible Matteo. De ne pas trop surjouer les scènes intenses. A la lecture du scénario, j’avais peur de certaines scènes qui n’étaient pas faciles à aborder.

Est-ce un soulagemen­t de savoir qu’une série rencontrer­a son audience dans une période de crise sanitaire ?

J’ai eu la chance que Belle fille, qui vient de sortir au cinéma avec Alexandra Lamy et Miou-Miou, trouve son public notamment en Suisse par exemple. Les gens ont besoin d’aller au cinéma même si les séries ont pris de l’importance en , notamment à cause du confinemen­t. J’ai eu des retours sur Le Bureau des légendes que je n’avais pas eu avant.

Avez-vous la sensation d’être

déroule à la fois au Danemark, en Pologne et en France : des disparitio­ns d’enfants, des ramificati­ons obscures, des enquêteurs torturés et une noirceur qui se mêle au climat particulie­r du Danemark. Kidnapping, c’est aussi un trio d’acteurs aux petits oignons. Le flic opiniâtre et blessé dans sa chair (Anders W. Berthelsen), la commandant­e de police judiciaire expériment­ée qui incarne parfaiteme­nt une main de velours dans un gant de fer (Charlotte Rampling) et une jeune policière intrépide (Olivia Joof Lewerissa). Le sujet de la série

devenu plus visible depuis votre rôle de Raymond Sisteron ?

La série est devenue iconique, le succès est assez dingue. La série est diffusée dans plus de  pays, elle plaît car l’écriture est exigeante, le travail d’Éric Rochant a été fantastiqu­e. Avant Le Bureau des légendes, je faisais beaucoup de films d’auteur qui n’avait pas la même visibilité. Aujourd’hui, grâce à la série, on prend tous plus de lumière et le téléphone sonne plus qu’avant [rires]. C’est agréable pour un acteur d’avoir une sorte de légitimité commercial­e. J’ai plus de choix.

‘‘

J’aime beaucoup les rôles ambigus”

Êtes-vous un consommate­ur de séries ?

Oh oui. Je suis un grand fan de Better Call Saul, un préquel de Breaking Bad. J’adore le personnage véreux et un peu loser de Saul Goodman. J’ai beaucoup aimé La Méthode Kominsky également, il se passe tellement de choses dedans et Michael Douglas y est sublime.

est dans l’ère du temps puisqu’on y aborde l’enlèvement et les trafics d’enfants en Europe. En situant l’action dans trois pays différents, Kidnapping montre également la difficulté de l’Europe d’unir ses droits pour lutter contre le trafic d’être humains. Au départ, Hope souhaitait axer sa série autour d’un policier impliqué émotionnel­lement dans une enquête puisqu’il a, lui aussi, perdu un enfant. Et en déroulant son écriture toujours aussi précise, on va se retrouver au coeur d’une enquête qui mêle un trafic d’enfants lié à l’adoption, à la GPA ainsi qu’à l’Église. Une série dure par moments mais tristement dans l’air du temps. Une nouvelle preuve qu’Arte – qui a coproduit Kidnapping – est devenu une chaîne qui compte dans l’univers des séries.

Ce soir et jeudi prochain à partir de 20 h 55 sur Arte. Et déjà en intégralit­é sur Arte. TV

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco