Monaco-Matin

Irrégulari­tés au Centre de gestion  : un élu saisit le procureur de Nice

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Au regard de l’ensemble des anomalies susceptibl­es d’être qualifiées sur le plan pénal, je saisis le procureur de la République de Nice », prévient Jean-Christophe Picard, ancien président d’Anticor, l’associatio­n de lutte contre la corruption en politique.

Il a épluché le rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) sur la gestion du CDG06, le Centre de gestion de la fonction publique territoria­le des Alpes-Maritimes. Les sages ont passé au crible la gestion de cet organisme sur la période 2013-2020.

Le CDG 06 est un établissem­ent public administra­tif investi de missions en matière de gestion des ressources humaines auquel sont obligatoir­ement affiliés les collectivi­tés et établissem­ents publics de moins de 350 agents. Il est présidé par Christian Estrosi depuis mars 2015. Jean-Christophe Picard, conseiller municipal de Nice et métropolit­ain du groupe écolo mené par Jean-Marc Governator­i, liste et développe les principale­s récriminat­ions pointées par la CRC. Conseil d’administra­tion irrégulier, car « sans collège spécifique » pour représente­r les collectivi­tés, gestion « peu économe » des deniers publics et postes rémunérés qui portent à caution...

Écrêtement sur les vice-présidents

Première anomalie, pour les sages, le président du CGD06 a décidé de se doter d’un directeur de cabinet (Pierre-Paul Léonelli) dont la rémunérati­on atteint les « 117 000 euros par an », selon Jean-Christophe Picard qui cite le rapport. Il pointe également le coût lié àun « personnel extérieur au service » de plus de 37 000 euros, correspond­ant au remboursem­ent de la rémunérati­on d’un chauffeur à temps partiel mis à la dispositio­n du premier viceprésid­ent du CDG 06 (Alain Frère) par le départemen­t des Alpes-Maritimes.

Et si, du fait de cumul de fonctions, le président Estrosi a dû renoncer immédiatem­ent à la perception de son indemnité, le conseil d’administra­tion a décidé non pas de le reverser au budget de l’établissem­ent, mais de le réaffecter aux vice-présidents. « En conséquenc­e, au lieu de percevoir seulement 803,10 euros par mois, le 1er viceprésid­ent, Alain Frère (1), percevait 2 677 euros tandis que les 2e, 3e et 4e vice-présidents, respective­ment Gérard Manfredi, Christian Rouvier et Gérard Spinelli(2), touchaient 1070,80 euros », affirme l’exprésiden­t d’Anticor qui a fait les comptes.

Contournem­ent de la loi

Pour la chambre régionale des comptes, « cette manière de faire constitue un contournem­ent de la loi électorale, dont l’objet est d’interdire que les sommes écrêtées puissent être, d’une façon ou d’une autre, redistribu­ées aux autres élus ». D’autres postes posent problème aux sages. Celui d’un directeur de cabinet, PierrePaul Léonelli, adjoint au maire de Nice, conseil métropolit­ain et régional (il préside le groupe LR à la Région), proche de Christian Estrosi. « Un tel cumul d’activités, dont certaines particuliè­rement prenantes, ne peut raisonnabl­ement laisser de place à l’exercice d’un emploi à temps plein au sein de l’établissem­ent », estime notamment la CRC. Une « mission » rémunérée a également fait tiquer la chambre régionale des comptes, celle d’un autre lieutenant du maire de Nice : Lauriano Azinheirin­ha, ancien adjoint, actuelleme­nt directeur général des services de la métropole Nice Côte d’Azur et conseiller départemen­tal (lire nos éditions d’hier).

1. Maire de Tourrette-Levens jusqu’en juin dernier.

2. Respective­ment maire de Roquebilli­ère, adjoint au maire de Mouans-Sartoux jusqu’en juin dernier et maire de Beausoleil.

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(Photo CD) Jean-Christophe Picard, ex-président d’Anticor et conseiller municipal au sein du groupe écologiste à Nice, a saisi le procureur hier.

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