Nice : voyage au temps de Napoléon III, le bâtisseur
Le musée Masséna emmène le visiteur 160 ans en arrière, pour assister à l’arrivée du couple impérial comme si on y était. Un séjour de deux jours décisif pour Nice. Embarquement...
Si vous aimez les destinations insolites, sans prendre de risques par temps de Covid-19, alors mettez le cap sur la villa Masséna à Nice. Jusqu’au 30 novembre, ce musée municipal emmène le visiteur dans un étonnant voyage à remonter le temps. Jusqu’au 12 et 13 septembre 1860, dates du séjour de l’empereur Napoléon III et de son épouse Eugénie venus prendre possession de Nice, devenue territoire français depuis le plébiscite d’avril. Dans le décor empire de la villa Masséna, c’est le séjour du couple impérial qui a été reconstitué. Ici tout est vrai, authentique : les meubles, documents, livres, bijoux, photos, gravures...
«La seule distorsion historique c’est la villa Masséna, s’amuse Jean-Pierre Barbero, directeur du musée. Et pour cause ! Elle a été construite en 1898, trente-huit ans après la venue de Napoléon III et d’Eugénie à Nice. » Cette ancienne demeure de villégiature sert donc de cadre fictif au séjour bien réel du couple impérial reçu au palais Sarde. Suivez le guide...
Proclamation et clés en or de la ville
Des salons d’apparat au cabinet de travail à l’étage, le musée retrace la visite du couple impérial comme si vous y étiez. À l’entrée, c’est une arche de fleurs qui attend le visiteur, comme celle tressée par les Niçois, place Saint-François pour accueillir Eugénie et son impérial époux. Dans la salle à manger impeccablement dressée, domine la statue Harmonie qui, au temps de l’Empire, trônait sur l’actuelle place Masséna. À côté, sous cloche, sont disposées, sur un coussin de velours carmin les authentiques clés en or de la ville remises, il y a 160 ans, par le maire François Malausséna à Napoléon III. Sont aussi à examiner de près la proclamation de l’annexion de
Nice à la France, le registre retraçant, heure par heure, le parcours officiel et le livre de gravures sur les temps fort du voyage impérial. « Napoléon III est arrivé en bateau. Le port de Nice étant à l’époque trop peu profond, c’est à Villefranche que l’empereur a accosté. De là, il a rejoint Nice, en calèche, par la basse corniche qui n’était alors qu’un chemin caillouteux », raconte Jean-Pierre Barbero. Pour le directeur du musée Masséna, c’est durant ce long voyage poussiéreux, bordé de paysages à couper le souffle, que Napoléon III a mesuré le manque criant d’infrastructures qu’il va combler.
Napoléon III et ses réalisations en photos
Au-delà de la présentation de services en porcelaine, de crinolines et autres robes Empire (voir cidessous), l’intérêt de cette exposition est de décrypter le lien particulier unissant Napoléon III à Nice et son rôle majeur joué dans l’essor de la ville.
Tout cela se fait pas à pas, au fil de photos inédites, jamais présentées à Nice avant et après le passage de Napoléon III et ses promesses d’urbanisation qu’il va tenir. Sur ces clichés sépia, on découvre les chantiers et les transformations : les travaux d’endiguement du Var pour tracer une nouvelle voie, l’actuelle RN7, la construction, en 1792, d’un pont tout neuf, plus large - baptisé plus tard pont Napoléon-III, à la place d’une méchante passerelle de bois qu’il avait dû emprunter. S’ajoute bien sûr, la gare Thiers, promise par l’empereur, qui a été « construite en 1864, à 1 km du centreville » relate Jean-Pierre Barbero. Grâce à l’arrivée du train, Nice grandit, s’étoffe, devient luxueuse et festive pour accueillir et divertir avec ses batailles de fleurs, ses quatorze casinos et son opéra, les têtes couronnées et les grandes fortunes de l’Empire. De petite ville vivant de la pêche, de l’agriculture et de son huile d’olive, elle va devenir, grâce au coup de pouce de cet empereur bâtisseur, le salon de l’aristocratie européenne... 1. Villa Masséna, 65 rue de France. Jusqu’au 30 novembre. Ouvert tous les jours, sauf mardi, de 10 à 18 heures. Entrée gratuite.