Plan social à la SBM : une situation inédite
Jamais la société n’avait rencontré un contexte économique si exécrable. Elle a annoncé hier matin un plan de restructuration avec des départs volontaires et des licenciements économiques
Je vous garantis que nous avons fait tout ce que nous pouvions. Et nous continuerons pour que le plan de restructuration se passe le moins mal possible. Je n’en dors pas la nuit. C’est dur. Mais je dois penser à la survie de la société. J’emprunte 110 millions d’euros pour arriver jusqu’à la fin de l’année. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous sommes face à une réalité qui nécessite de prendre quelques mesures. Et croyez bien que nous ferons en sorte qu’elles soient le moins douloureuses possibles pour tout le monde. Ce n’est pas une bonne journée pour moi… »
Hier, à l’Hôtel de Paris, JeanLuc Biamonti, a expliqué avec gravité la situation dans laquelle se trouve la Société des Bains de Mer, dont il est le président délégué.
Un seul exercice comptable avec des chiffres encourageants entre le 1er avril 2019 et le 30 mars 2020 ne peut suffire à faire oublier les pertes de la SBM depuis plusieurs années. La société, fragile financièrement, ne parvient plus à faire face aux charges quasi-constantes qui sont les siennes alors que son chiffre d’affaires s’est totalement écroulé avec la crise sanitaire. 74 % en mois au deuxième trimestre de cette année…
Réduire les dépenses de millions
« La situation nous a obligés à emprunter beaucoup d’argent ; 110 millions qui nous permettent de tenir jusqu’à la fin de l’exercice. Il faut penser, sans attendre, à la pérennité de cette maison. »
La Société des Bains de Mer, bien qu’elle soit encore soutenue par l’État au travers du CTTR, doit très vite trouver une solution financière. Autour de Jean-Luc Biamonti, président délégué, les administrateurs ont acté le montant qu’il est indispensable de réduire dans la colonne des dépenses : 25 millions d’euros.
Il faut donc un plan de redressement, également appelé plan de restructuration, mais que l’on peut aussi nommer « plan social » Discuté à plusieurs reprises avec le gouvernement, présenté jeudi matin au conseil d’administration de la SBM et le soir au Conseil national, enfin hier matin aux principaux cadres et le midi aux syndicats, le plan de la SBM doit notamment tailler dans la masse salariale. La mine grave, Jean-Luc Biamonti le dit d’emblée : « Il faut que cela se passe dans le meilleur esprit possible. Ce sont des moments très très difficiles. Nous allons essayer de faire du mieux possible pour tout le monde. »
Encourager les départs volontaires
Le plan s’articule en trois axes : encourager d’abord et avant tout un maximum de départs volontaires pour les plus de 57 ans, procéder à des licenciements économiques et revoir à la baisse des articles de certaines conventions aujourd’hui encore extrêmement favorables selon
la direction.
Pour la première fois de son histoire, la SBM va devoir se séparer d’un certain nombre de salariés pour des raisons strictement économiques. Combien ? La SBM refuse d’avancer un chiffre puisqu’il dépend de plusieurs éléments et de mesures qui doivent être négociés, dès la semaine prochaine, avec les syndicats et délégués du personnel. « Le nombre de départs contraints sera fonction du nombre de départs volontaires. Nous espérons que beaucoup de gens choisiront de partir, ce qui minimiserait les licenciements. Les rumeurs de 500 salariés voire plus sont insensées. Ce sera beaucoup moins. Mais il est impossible de donner un chiffre aujourd’hui. » Les personnes concernées devraient être d’un tiers dans le secteur hôtels et restaurants, un tiers dans les Jeux et enfin un tiers dans les services transverses.
Jean-Luc Biamonti explique : « Il y aura des aides financières au départ. Nous accompagnerons
les salariés qui seront contraints à quitter la société pour les aider à trouver autre chose. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour minimiser l’impact social. » Concernant la taille dans les « avantages » aux salariés, il sera question de revoir, par exemple, la convention « Jeux » qui fixe un nombre de cadres, ce qui déclenche des promotions en chaîne à chaque départ. « Si nous nous mettons autour d’une table, nous pouvoir décider raisonnablement de ne pas remplacer, durant un certain temps, les cadres qui partent en retraite. Honnêtement, cela ne me semble pas être un énorme sacrifice. Les salariés vont conserver leur emploi, leur salaire. Ils vont juste progresser un peu moins vite. Il faut que tout le monde y mette du sien. »
Ce serait effectivement un effort bien moins conséquent que les licenciements économiques qu’il va falloir minimiser au maximum.