Monaco-Matin

23 titres de noblesse pour le prince de Monaco

Le souverain de Monaco, appelé prince depuis le XVIIe siècle, possède de nombreux titres dont plusieurs ont été attribués par le roi Louis XIII en septembre 1641

- ANDRÉ PEYREGNE

Malgré ce qu’on pourrait croire, le titre de prince de Monaco ne remonte pas à la nuit des temps. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que les souverains ont commencé à s’appeler princes.

Avant, ils étaient « seigneurs ». On respectait le « seigneur de Monaco ». On s’inclinait devant lui. Et cela depuis le premier, Rainier Ier, qui régna de 1297 à 1301. Le dernier seigneur de Monaco fut jusqu’à Hercule Ier (15891604).

Honoré II fut le premier à être appelé prince. C’est au roi de France Louis XIII qu’il le doit. Le monarque français le désigna « prince souverain », ce qui lui assurait le rang de prince étranger à la Cour de France. Il reçut le droit d’être appelé Altesse sérénissim­e.

Les dons de la France au souverain

Louis XIII était également à l’origine du Traité de Péronne, signé le 14 septembre 1641, qui débarrassa Monaco du joug espagnol et plaça la Principaut­é sous tutelle de la France (voir Monaco-Matin du 19 septembre). Ce traité eut d’autres conséquenc­es : Louis XIII accordait au souverain de Monaco de régner sur Menton et Roquebrune et lui faisait don du duché de Valentinoi­s (autour de Valence), du comté de Carladès (dans le Massif Central), du marquisat des Baux-de-Provence, de la seigneurie de Saint-Rémy-de-Provence, de la cité de Chabeuil, des baronnies de Calvinet (dans le Cantal) et de Buis (en Isère). Ces dons de territoire­s français compensaie­nt la perte des possession­s espagnoles qui avaient été confisquée­s par le roi d’Espagne. Par là même, le prince de Monaco devenait duc de Valentinoi­s, marquis des Baux, comte de Carladès, baron de Calvinet et du Buis, seigneur de Saint-Rémy.

Au regard de la tradition et de la législatio­n de la noblesse française, ces titres ont officielle­ment été éteints en France en 1949, à la mort du prince Louis II, car ils se transmette­nt par filiation masculine et légitime. Or, le prince Louis II était sans descendanc­e officielle – Louis II n’avait qu’une fille naturelle, Charlotte, dont l’officialis­ation permit d’assurer une succession sur le trône monégasque par son mariage en 1920 avec le prince Pierre de Polignac, qui eut pour descendant­s Rainier III et Albert II.

Il n’empêche, ces titres ont été repris dans l’Annuaire officiel de la Principaut­é et sont toujours portés par le prince de Monaco.

À ce titre issus du Traité de Péronne s’ajoutent quinze autres, issus de deux descendanc­es : celle de Jacques Goyon de Matignon, devenu prince de Monaco par son mariage en 1715 avec la fille du prince Antoine Ier ; celle de la famille du cardinal de Mazarin, à laquelle appartenai­t Louise d’Aumont qui épousa en 1777 le prince Honoré IV. Jacques Goyon possédait le titre de sire de Matignon, commune des Côtes d’Armor, qui a donné son nom à l’Hôtel Matignon à Paris lors de l’installati­on de sa famille dans la capitale française, mais aussi les titres, attachés à trois communes de la Manche, de comte de Torigni et baron de SaintLô, de Luthumière et de Hambye. Ces titres ont été transmis aux enfants de Jacques Goyon, dont le premier, le prince de Monaco Honoré III.

Des titres venus de France et de Monaco

Quant à la famille Mazarin, à laquelle appartenai­t le célèbre cardinal Mazarin, ministre des rois de France Louis XIII et Louis XIV, et dont une représenta­nte fut Louise d’Aumont, épouse du prince Honoré IV, elle possédait de nombreux titres : duc de Mazarin, bien sûr (du nom d’un duché des Ardennes), mais aussi duc de Mayenne, prince de Château-Porcien (en Champagne), comte de Ferrette, de Belfort, de Thann et de Rosemont, baron d’Altkirch et seigneur d'Issenheim (toutes communes d’Alsace), et marquis de Guiscard (dans l’Oise). Ces titres ont été transmis aux enfants de Louise d’Aumont et Honoré IV, dont les premiers furent les princes Honoré V et Florestan Ier.

À ces titres venus de la France, la Principaut­é de Monaco peut attribuer les siens propres, en reprenant souvent les appellatio­ns des titres français. C’est ainsi qu’Albert Ier a donné à Charlotte, la fille naturelle de Louis II, le titre de Mademoisel­le de Valentinoi­s puis de duchesse de Valentinoi­s. Le prince Albert II a attribué le titre de comtesse de Carladès à sa fille Gabriella, tandis qu’était attribué celui de marquis des Baux à son frère Jacques, prince héréditair­e. En totalisant les titres du prince Albert II, l’Annuaire officiel de Monaco présente l’impression­nante liste suivante : Prince souverain de Monaco, Duc de Valentinoi­s, Marquis des Baux, Comte de Carladès, Baron du Buis, Baron de Calvinet, Seigneur de Saint-Rémy, Seigneur de Matignon, Comte de Torigni, Baron de Saint-Lô, Baron de la Luthumière, Baron de Hambye, Duc de Mazarin, Duc de Mayenne, Prince de Château-Porcien, Marquis de Guiscard, Marquis de Chilly, Comte de Longjumeau, Comte de Belfort, Comte de Ferrette, Comte de Thann, Comte de Rosemont, Baron d’Altkirch, Seigneur d’Issenheim.

Cela fait vingt-trois titres en tout.

 ?? (DR) ?? De haut en bas et de gauche à droite : Honoré II, premier « prince de Monaco » ; Louis XIII, qui a donné au souverain de Monaco le titre de prince ; Jacques de Goyon, qui a ajouté aux titres nobiliaire­s des princes de Monaco ; Louis d’Aumont, qui a ajouté, elle aussi, aux titres nobiliaire­s des princes de Monaco.
(DR) De haut en bas et de gauche à droite : Honoré II, premier « prince de Monaco » ; Louis XIII, qui a donné au souverain de Monaco le titre de prince ; Jacques de Goyon, qui a ajouté aux titres nobiliaire­s des princes de Monaco ; Louis d’Aumont, qui a ajouté, elle aussi, aux titres nobiliaire­s des princes de Monaco.
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