De l’eau douce sous la mer
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La première mention d’une eau souterraine circulant depuis Castellar jusqu’au littoral italien, près de la frontière, se trouve sous la forme d’une légende connue depuis la fin du XVIIIe siècle et transcrite par Jules-Pierre Lorenzi dans le n° 97 du Païs Mentounasc : « La légende du berger et le Gourg de l'Ora ». Il y est question d’un berger qui menait son troupeau du côté de la Graglia au-dessus du Gourg de l’Ora, une cascade qui se trouve près de la route de la Condamine, sur la commune de Castellar, à la limite de la commune de Castillon.
Grâce au bâton du berger
Ce berger y aurait perdu son bâton, au pommeau sculpté en tête de chien, dans une crevasse. Longtemps après, il rencontra à Vintimille un campagnard qui tenait un bâton qu’il reconnut comme le sien. Interrogeant l’homme, il apprit que son bâton avait été trouvé en bord de mer, dans les rochers du Cap Mortola !
Le massif de calcaires qui constitue la frontière francoitalienne près du littoral, et qui culmine à 1148 mètres d’altitude à la cime de Restaud, draine les eaux de pluie susceptibles de réapparaître sous forme de sources. Sous la surface rocheuse existe une zone d’absorption correspondant aux fractures dans lesquelles l’eau s’infiltre. Plus profondément dans le sous-sol, se trouve une zone de transfert vertical où l’eau circule dans des conduits karstiques. Enfin, ces derniers alimentent un drain principal oblique qui débouche sur un point bas du massif calcaire sous forme de source. Il se trouve que cette source d’eau douce est actuellement située à 36 mètres sous le niveau de la mer et à un kilomètre du littoral, entre la pointe Garavano et le Cap Mortola qui se trouvent sur le territoire de la commune de Vintimille. Il s’agit de la résurgence de la
Mortola, qui jaillit du fond des eaux italiennes.
L’exploitation de la source pas concrétisée
Autour de 2003, la société française Nymphéa Water a beaucoup fait parler d’elle au sujet d’un projet de captage de l’eau douce de la Mortola.
Durant le mois de juillet 2003, un système de captage a été installé avec le positionnement d’une « coiffe » au-dessus de la source et d’une « fontaine flottante » en surface, les deux équipements étant reliés par un tuyau souple. L’eau douce, potable, est bien arrivée jusqu’à la fontaine flottante où elle a été goûtée par les responsables de l’opération. On a alors parlé d’une exploitation permanente de cette eau douce dans le cadre d’un accord franco-italien. Ce projet ne s’est pas encore concrétisé mais on sait qu’en cas de besoin, l’eau de la Mortola sera disponible…