Monaco-Matin

Comme un ouragan

- PHILIPPE CAMPS Journalist­e edito@nicematin.fr

Elle a toujours nagé à contre-courant. D’où le ton libre et les épaules carrées. Vous n’avez pas lu son interview dans nos pages de mercredi ? Vous auriez dû. La princesse Stéphanie avait mangé du lion. Les ayatollahs du bien-être animal ont dû tourner de l’oeil. Vu leur nombre croissant sans gluten, les urgences ont sûrement été débordées. Le cirque tient sa meilleure avocate. Ce n’est pas une surprise, elle a toujours adoré ça. C’est de famille. Depuis quinze ans, elle est la présidente du Festival internatio­nal du cirque de Monte-Carlo. Elle a même été mariée à un acrobate portugais qui a vite perdu le fil. Bref, elle connaît son sujet. Elle dit ce qu’elle pense et ce qu’elle pense est juste, courageux et différent.

Je suis d’accord avec elle sur tout. Pourtant, je n’ai jamais été fan de la piste aux étoiles. Je suis traumatisé par les Chinois qui jonglent avec des assiettes pendant des plombes et je trouve que tous les chapiteaux du monde fouettent le crottin et la poussière. Qu’importe. Pour elle, je suis prêt à entrer dans la cage aux fauves. Surtout s’ils sont sous Tranxène. J’ai un faible pour Stéphanie. J’imagine que vous l’aviez compris. On est de la même génération, presque de la même année. Les années yéyé. On a grandi ensemble. On est du même secteur. A  kilomètres près. Sauf qu’elle ne m’a jamais vu.

Sa seule faille. C’est peut-être pour ça qu’elle a préféré Paul Belmondo ou Anthony Delon. C’était le début des années . Nous étions jeunes et pas bobos. À l’époque, on pouvait manger un tartare sans passer pour un assassin, le steak de soja n’était même pas un concept et, sur scène, les tigres prenaient autant de coups de fouet que les sado-masos en rut. Un autre temps. Dans les kiosques, un vent chaud soufflait sur les unes de Paris Match. Stéphanie posait seule. Elle était belle, sombre, énigmatiqu­e. On avait envie de la consoler. En maillot de bain, elle était à tomber. Un soleil. Imprévisib­le comme le feu. La preuve : elle a sorti un tube que personne n’attendait. L’ouragan, c’était elle. Puis elle a eu des amours, des amis, des emmerdes, des maris, des enfants. La vie quoi.

Sur le Rocher, l’affranchie est toujours là pour les bonnes causes, même si personne n’ignore qu’elle fuit les mondanités et ne goûte guère au protocole. Moins intimidant­e que sa soeur, plus en retrait que son frère, cette ultra de l’AS Monaco sait attaquer et se défendre. On l’a encore vu et lu tout au long de l’interview donnée à Franck Leclerc où elle se dresse contre ceux qui voudraient nous imposer leur bien-pensance. En , les princesses ne sont plus en captivité. Elles sont libres d’aimer les animaux, le cirque, la viande, les pulls en laine et les chaussures en cuir. C’est le cas de Stéphanie Grimaldi qui, jure-t-elle, ne sera jamais végane. Ça tombe bien : je connais un endroit où la côte de boeuf pour deux est une merveille.

« En 2020, les princesses ne sont plus en captivité. »

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