Breil-sur-Roya, plateforme stratégique des secours
Toute la journée, les hélicoptères ont effectué des rotations pour acheminer des denrées vitales et des secours dans les villages isolés de la Roya. Mais aussi pour rapatrier des personnes fragiles
Un vrombissement presque continu. Un fond sonore désormais habituel pour les habitants d’une vallée meurtrie. Sur le vaste terrain, situé en face de la gare de Breil-sur-Roya, pas dix minutes ne s’écoulent sans qu’un hélicoptère
ne décolle à destination des villages (1) encore isolés, faute d’accès routiers et ferroviaires en état. « Breil-surRoya est devenu un centre stratégique de communication et d’acheminement des vivres vers Tende, La Brigue, Saorge et Fontan. Je ne compte plus les tonnes », résumait, hier matin, Yoann Toubhans, sous-préfet NiceMontagne. Sur le ballast, entre les rails, les denrées vitales s’accumulent à vue d’oeil. Des packs d’eau, vivres, produits de première nécessité, carburant, et même des réchauds… En provenance, notamment, de Menton par le col de Brouis ou de Nice par les rails. Preuve d’une générosité qui dépasse les seules frontières de la Roya. À chaque rotation, des secours embarquent pour des missions d’assistance à la personne. «Onpart pour Fontan. On a des médicaments, de l’oxygène, de quoi perfuser », confie un sapeur-pompier des Alpesde-Haute-Provence. D’autres forces, elles, grimpent dans les oiseaux de fer pour être dépêchées dans des zones inaccessibles à pied, le long de la rivière. Objectif : procéder à de minutieuses reconnaissances pour retrouver au moins 4 personnes disparues à Breil-sur-Roya et Tende.
personnes rapatriées
Autre priorité du jour : le rapatriement en urgence d’au moins vingt personnes, dont des touristes. « La priorité a, surtout, été donnée aux personnes fragiles et vulnérables, ainsi qu’aux blessés. Nous avons des médecins sur place qui font un état des victimes avant l’embarquement. Un quart des rapatriés ont été acheminés jusque vers des hôpitaux », précise Franck Fiorelli, chef du poste de commandement de Breil-sur-Roya. Il y a cette jeune femme en fin de grossesse, victime de contractions alors qu’elle logeait au Prieuré de
Saint-Dalmas-de-Tende. Ou encore Annie Allard qui a partagé un vol avec son mari, son fils et deux personnes à mobilité réduite. « Je suis diabétique et je n’avais plus de médicaments. Le pharmacien de Tende ne pouvait pas me fournir de l’insuline. Là-haut, c’est l’horreur. Tout est ravagé : les ponts, les routes… Il n’y a plus de piscine, plus de terrains de tennis. Même l’aire de jeux pour les enfants a disparu. Les anciens n’ont jamais vu le village dans cet état », confie-t-elle, avant de retourner sur
Marseille. Geneviève Todesco, elle, descend de l’hélicoptère, les larmes aux yeux. Plus tôt, elle a appris le décès de son âme soeur. « Mon mari souffrait d’insuffisance cardiaque et de diabète. Il a été évacué samedi en hélicoptère et est décédé à Pasteur dans la nuit, se désole-t-elle. Je peux vous dire qu’en tout cas, il y a une véritable entraide dans cette vallée de la Roya. Avec cette catastrophe, on en a presque oublié le Covid… »
Hier soir, le réseau était revenu dans une bonne partie de la vallée. De
quoi faciliter la communication entre le poste de commandement et les forces de secours locales, encore isolées et à pied d’oeuvre pour faciliter le quotidien des habitants. Jusqu’alors, les téléphones satellitaires étaient privilégiés. Quant à l’eau et l’électricité, les cinq communes de la Roya connaissent des fortunes diverses. 1. Six hélicoptères de la Sécurité civile, du SDIS06, de la gendarmerie et de l’Armée.