Le front de la tempête Alex « Comme une Tende : « Lui dire merci, cela ne scène de crime » sera jamais suffisant »
Les pieds englués, ils avancent en sondant la vase, comme dans une avalanche, en amont du pont Durandy, au début de la vallée de la Vésubie. L’eau est glaciale.
Leur mission : retrouver des victimes, des voitures dans le lit des rivières. Et permettre leur identification. Pour Gilles Falco, commandant la brigade nautique d’Antibes, et Nicolas Tricoire, le temps n’est hélas plus au secours aux personnes. Les six enquêteurs subaquatiques de la brigade sont dans une phase judiciaire. « Qu’une famille sache de quoi est décédé leur proche, c’est essentiel », confie Gilles Falco. Ils travaillent « comme sur une scène de crime ». Particularité, on en connaît le meurtrier : la tempête Alex. Une fois un corps repéré, l’endroit de la découverte est filmé, photographié. Chaque élément sera un indice précieux témoignant des derniers instants d’un disparu. Un travail difficile, dans des milieux hostiles. Mais, à tâtons, dans une eau glaciale, ils connaissent l’importance de leur métier.
Stéphanie Andreoletti craque. « Je suis contente de vous voir. Heureusement que vous étiez-là ! » Elle fond en larmes. Le grand gaillard filiforme, en uniforme kaki, qui la domine de toute sa hauteur, pose une main apaisante sur son épaule. « On a juste fait notre travail », répond-il simplement. La Tendasque insiste : « Vous avez été super, vous tous, et votre compagne aussi. » Touchant de douceur et de sincérité, le gendarme Romain Hossepied confie : « Heureusement qu’elles sont là les compagnes ! »
Vendredi, à Tende, ce militaire d’une modestie incroyable lui a sauvé la vie. En ce soir de tempête Alex, Romain Hossepied était au coeur du cataclysme, à Tende. Il sert dans la brigade locale. «Vers22h3023 h, le pont de Tende s’est écroulé. Ça devenait difficile. » Sous les yeux du gendarme une maison est emportée.
Avec ses collègues, aidé des pompiers et de véhicules de la ville, il prend la décision de faire évacuer les 72 résidents et les dix soignants de l’Ehpad dont la façade était balayée par les flots boueux.
Héroïques
La brigade de Tende a été héroïque, même s’ils en refusent le terme. A l’image de l’adjudant David Garcia, dont Nice-Matin avait raconté l’incroyable histoire, qui a ainsi sauvé dix-sept personnes ce soir-là. Avant l’Ehpad, Romain Hossepied avait fait évacuer une mère et son fils, d’origine polonaise, dans une villa, située en bord de Roya en passant par-dessus le portail. C’est là qu’il a vu trois personnes, dans la maison d’àcôté : Stéphanie Andreoletti, son mari Yvan, et leur fille de 20 ans. L’eau montait dangereusement audessus du genou. «Onaouvert un trou dans le grillage du jardin avec des pinces pour les rejoindre. » Stéphanie, Yvan et leur fille étaient littéralement encerclés par les flots. Le gendarme Hossepied les a évacués, les sécurisant pour traverser des cuvettes d’eau menaçantes. « Leur dire merci, ce ne sera jamais suffisant », estime le couple.