Monaco-Matin

Fontan : que devient le cochon de la Roya, la mascotte de la vallée ?

Le rocher en forme de cochon, peint en rose par un Fontannais, il y a 58 ans environ, a suscité des centaines de partages sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont demandé s’il avait résisté à la tempête

- OLIVIER SCLAVO

Tous ceux qui empruntent la route qui longe la Roya l’ont aperçu. Les enfants comme les parents l’attendent avec impatience au détour du virage de l’usine EDF de Paganin, comme une borne marquant l’arrivée prochaine à Saint-Dalmas-deTende. Lui, c’est le cochon de la Roya, dans les gorges de Paganin. Lors de la tempête Alex, beaucoup se sont demandé ce qu’il était advenu de cet emblème de la vallée dont peu connaissen­t son histoire tant il est posté « depuis toujours » dans le lit du fleuve.

Des centaines de partages, de commentair­es, parfois inquiets, parfois nostalgiqu­es. Sur plusieurs groupes Facebook d’habitants, d’amoureux ou d’usagers de la vallée de la Roya, beaucoup se sont demandé ce qu’était devenu le cochon de la Roya.

Patrimoine nostalgiqu­e

Le cochon de la Roya, ce rocher à la forme d’animal, peint en rose pour terminer de marquer son apparence, trône dans le lit du fleuve depuis des dizaines d’années.

Si la catastroph­e humaine qu’a laissée dans son sillage la tempête Alex est encore vive, la survie des symboles demeure essentiell­e. Le rocher au cochon fait partie de ce patrimoine nostalgiqu­e, partagé par tous ceux qui empruntent la route de la Roya, pour monter ou descendre dans cette vallée, ou rejoindre l’Italie voisine.

En recherchan­t ces centaines de commentair­es pour prendre des nouvelles de la mascotte de la vallée, celui de Martine sort du lot : « C’est mon mari qui l’avait peint il y a quelques années ». Le mari de Martine, c’est José Ricci, 74 ans, originaire de Fontan. Il raconte la naissance de cet illustre compagnon qui a accumulé les années.

« J’étais un pêcheur assidu, et nous avions une réserve à hauteur de l’usine EDF de

Paganin, se rappelle José. Ce rocher il se trouvait sur un de nos parcours de pêche et on le voyait souvent. Moi je le trouvais rigolo avec sa forme de cochon, alors un jour je me suis dit que j’allais le peindre. À l’époque on descendait facilement dans le lit de la Roya, on avait seulement à enjamber quelques rochers. »

L’époque que José évoque c’est celle des années 1960. « Je devais avoir 16 ou 17 ans alors faites le calcul [ndlr : 1962 ou 1963] », poursuit-il. Ça m’avait pris une matinée, tout seul, précise

José. Il y a aussi un phoque avant le petit tunnel qui mène à Saint-Dalmas-deTende, je voulais le faire mais finalement c’est quelqu’un d’autre qui s’y est collé. Depuis, il a été refait mais ce n’est pas moi. »

Et puis la tempête Alex s’est déchaînée sur la vallée de la Roya. Le vendredi 2 octobre, les eaux du fleuve emportent tout sur leur passage.

« Des nouvelles du cochon ? »

José et sa femme Martine avaient quitté Nice trois mois auparavant pour retrouver les racines de la famille de José, à Fontan.

« On a été rapatrié dans la nuit de vendredi à samedi en urgence à la gare de Fontan-Saorge, se rappelle José. Je voyais des arbres déracinés et se faire emporter dans tous les sens. Il y a d’énormes blocs de pierre qui ont descendu la Roya et qui sont arrivés jusqu’à Fontan. Ce n’est pas surprenant que les ponts aient été emportés. On a eu peur. J’ai passé toute la nuit de vendredi à samedi, assis sur une chaise dans la gare. »

La tempête passée, Martine et José sont maintenant mobilisés pour remettre en état le village et participen­t à l’élan de solidarité.

Le sort du cochon n’est pas apparu comme une priorité. Et puis les photos et les commentair­es ont commencé à fleurir sur les réseaux sociaux. « Des nouvelles du cochon ? », « j’espère qu’il se porte bien », « il est encore là ou pas ? » . Ils sont nombreux à se demander si le cochon a résisté aux assauts des flots en furie.

L’emblème attend un coup de peinture

Les premières photos sont publiées le 7 octobre. Elles montrent le rocher à sa place, mais la peinture a disparu. « On dit qu’il a résisté », réagit José. « On voudrait le refaire avec mes deux fils Sylvain et Stéphane, on voudrait lui redonner vie », livre-t-il. José lâche le combiné. Il doit repartir apporter son aide à l’épicerie solidaire installée dans l’église de Fontan. Martine continue : « C’est l’emblème de la vallée. Les enfants l’adoraient, il est important pour nous. »

Un emblème qui n’attend qu’un coup de peinture pour retrouver sa roseur pré-Alex pour continuer de faire sourire les génération­s qui passent par la Roya. Un emblème qui pourra compter sur son créateur quand les humains auront retrouvé une vie normale.

 ??  ??
 ??  ?? Le cochon de la Roya, à hauteur de l’usine EDF de Paganin, un symbole, une mascotte de la vallée, pour tant de familles. (Capture Google Street View
Le cochon de la Roya, à hauteur de l’usine EDF de Paganin, un symbole, une mascotte de la vallée, pour tant de familles. (Capture Google Street View

Newspapers in French

Newspapers from Monaco