« L’avenir est noir » pour les commerces à Tende
L’avenir économique de la vallée de la Roya inquiète les commerçants comme Aline, gérante de l’Hôtel du Centre, mais aussi les artisans qui n’ont plus de matériel pour travailler
Après une perte d’exploitation au printemps, liée à la crise de la Covid, l’arrière-saison s’annonçait plutôt bien pour Aline Bourgeois, 66 ans, gérante de l’Hôtel du Centre, situé au coeur du village de Tende.
Chaque année, lors des vacances scolaires de la Toussaint, la vallée de la Roya attire motards, cyclistes et randonneurs, mais aussi retraités. « Avec le coronavirus, les gens recherchaient la montagne. J’avais des réservations de Paris, de Normandie. J’ai dû tout annuler ».
Depuis onze jours le village est inaccessible par la route. Toutes ont été détruites lors du passage de la tempête. Les reconstruire prendra plusieurs années.
« Comment faire revenir les clients ? »
« Notre échappatoire, c’est le rétablissement de la ligne de chemin de fer jusqu’à Tende. Dans 2 à 3 mois, a promis Emmanuel Macron », rappelle Aline Bourgeois.
« Pour relancer nos économies, nos commerces, il faut qu’on puisse être approvisionnés. Mais il faut aussi qu’on ait quelque chose à vendre. Aujourd’hui il n’y a plus rien ! On vit du tourisme. Comment faire revenir les clients ? Si on n’a plus rien à proposer ils iront dans une autre vallée », prédit la gérante de l’Hôtel du Centre qui se demande dans quel état se trouvent les sentiers de randonnées du Mercantour et l’accès à la vallée des Merveilles.
« La boulangerie, l’épicerie, la pharmacie... on est tous démoralisés. Et après nous ce sera les artisans, car si on n’a plus d’argent on ne pourra plus les faire travailler. Je pense aussi aux familles qui vivent ici avec des enfants. Il n’y a plus d’école. Ils vont devoir partir. Le village va se dépeupler. Et le CHU ? Ils avaient déjà du mal à recruter. L’avenir est noir », conclut Aline, propriétaire du fonds de commerce. Mais sans recettes, comment payer les charges ?
Le train comme unique espoir « Je n’ai plus d’avenir ici. Si je ferme, personne ne reprendra l’hôtel, lâche avec dépit celle qui a, malgré elle, encore envie d’y croire : je vais attendre de voir si on a une ligne de chemin de fer ».
Les services de la chambre de commerce et d’industrie étaient sur place hier pour informer commerçants et artisans sur les aides proposées pour les accompagner. « Ils sont très à notre écoute et je les en remercie. Malheureusement, ils ne pourront pas nous aider éternellement ».