« Le commandant Bruno Kohlhuber est un héros »
La ministre Marlène Schiappa a rendu l’hommage de la Nation, hier à Nice, au sapeur-pompier emporté dans la Vésubie avec un coéquipier. Ses proches racontent l’homme et son abnégation
Après l’hommage du Sdis 06 mercredi, c’est la Nation qui a honoré la mémoire du commandant Bruno Kohlhuber, hier matin à Nice. Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, a prononcé l’éloge funèbre, devant sa famille et les troupes du Sdis 06 endeuillées. Un cercueil entouré d’un drapeau bleu-blanc-rouge, porté par ses camarades et amis. Les hymnes qui rythment la cérémonie, de La sonnerie aux morts à La Marseillaise. Les insignes de chevalier de la Légion d’honneur décernés à titre posthume. Et les honneurs de la Nation, «endeuillée et humblement reconnaissante. » Ainsi s’est déroulée la cérémonie organisée devant la préfecture des Alpes-Maritimes.
À l’issue, des proches de Bruno Kohlhuber acceptent de le raconter. Leurs coeurs sont lourds. D’autant plus lourds qu’ils songent, aussi, à Loïc Millo. Ce jeune sapeurpompier a été emporté avec Bruno Kohlhuber dans les flots furieux de la Vésubie. Il est toujours porté disparu.
■ « Il était toujours là pour nous »
Florent, 24 ans, n’a pas le coeur à parler. Avec ses camarades, il vient d’emmener le cercueil de son ami, son mentor Bruno Kohlhuber. Ils se sont connus au ski-club de la Colmiane. « Il m’a beaucoup aidé quand j’ai voulu devenir pompier, consent à dire Florent. C’est quelqu’un qu’on respectait beaucoup, que j’aimais beaucoup... » Un mot pour définir Bruno Kohlhuber ? « Son aura. L’homme avait un charisme exceptionnel. Il disait les choses. Et il était toujours là pour nous. »
■ «Unmec exemplaire »
L’adjudant-chef Olivier Toya a porté un coussin avec les décorations posthumes, aux côtés de l’un des trois fils du défunt. « Exercice particulier... » Plongeur à la Tour Rouge, à Nice, Olivier a partagé les premières années de carrière avec Bruno Kohlhuber. Caserne Fodéré, puis Magnan. Il « garde l’image d’un mec exemplaire. Droit. Honnête. Il aimait son métier. » Olivier soupire : « Quand on voit l’endroit où le 4x4 est parti, c’est tellement improbable... »
■ « Il s’est sacrifié »
Le capitaine Loïc Greboval a quitté la Côte et le Sdis 06 pour la Vendée. Il est revenu honorer son ancien collègue officier, cet « ami très proche.
Au-delà de notre métier exigeant, on avait une passion commune : le vélo. Ça nous permettait de décompresser. Il avait une force de travail incroyable. Il organisait les Défis vélo pompiers ». Loïc Greboval est « fier » de la carrière de Bruno Kohlhuber. « Il a choisi de gravir tous les échelons de sapeur à capitaine – puis commandant à titre posthume, ce qui est largement mérité. » La Vésubie ? « Il l’aimait. Il ne voulait pas la quitter. Il l’avait en lui. Ce jour funeste du 2 octobre, il s’est sacrifié. Et ce sacrifice n’a pas été vain. On s’engage au plus près du danger ; aujourd’hui, on en a payé le prix fort. »
■ « Nos coeurs saignent »
Le commandant Jean Giudicelli, patron de la compagnie Pays Niçois, a piloté les opérations de secours dans la Vésubie. Le 2 octobre, Bruno Kohlhuber y assurait sa première permanence comme chef de colonne. Il laisse « l’image d’un homme très engagé, avec de fortes valeurs professionnelles et humaines : altruisme, courage, générosité,
Schiappa dans son éloge funèbre. « Au nom du gouvernement, du président de la République, j’adresse mes pensées les plus émues à son épouse et ses trois fils. (...) Il a été un sapeur-pompier exemplaire, portant toujours haut les couleurs de son uniforme et les valeurs de son engagement. (...) Le commandant Bruno Kohlhuber est un héros. Il a donné sa vie pour en préserver d’autres. Et c’est tout l’honneur de l’engagement des sapeurs-pompiers. »
engagement sans faille. Un homme au grand coeur, toujours à mes côtés dans les interventions majeures. » Feu de la rue d’Alger, attentat de Nice, tempête Alex : «Iladémontré que cet engagement pouvait aller jusqu’au sacrifice ultime, avec cette volonté qui les caractérise, lui et son conducteur. On pense aux deux. Nos coeurs saignent. On continue à porter assistance aux gens qui en ont besoin ; c’est la meilleure manière de leur faire honneur. »