Monaco-Matin

« On est désolé, on a vu ta maison partir »

A 26 ans, Adélaïde Albertini a tout perdu dans la tempête Alex. De ses écuries, des parcelles, de la demeure familiale à Roquebilli­ère, il ne reste, aujourd’hui, que des pierres et du bois

- ELODIE ANTOINE

Adélaïde Albertini était installée à Roquebilli­ère avec ses parents depuis trois ans et elle y gérait les écuries de la Cinarca. Elle témoigne du drame qu’elle et toute sa famille ont vécu, et la difficulté de s’en relever.

Comment avez-vous su que tout avait été emporté ?

J’ai eu trois minutes de réseau le samedi vers  heures et j’ai reçu des SMS de plein de gens qui m’ont dit : « On est désolé, on a vu ta maison partir sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux. » Donc avant de constater par moimême l’ampleur des dégâts, j’avais déjà eu l’informatio­n.

Vous avez pu vous échapper à temps avec votre mère et votre soeur. Où était votre père quand vous êtes partis ?

On ne savait pas où il était et nous n’avions pas de réseau. Je n’ai pas voulu reprendre la voiture pour aller le rechercher parce que je me suis dit que, de toute façon, je ne le retrouvera­is pas et que je me mettrais en danger. Je voulais éviter le suracciden­t au maximum. Je l’ai finalement retrouvé le samedi matin. J’étais soulagée ; on s’est pris dans les bras et nous avons pleuré.

Vous avez pu sauver tous vos chevaux ?

Tous les chevaux ont pu être sauvés grâce à des voisins qui ont accepté de les garder chez eux, dans leur jardin, garage et même sur leur terrasse et des agents de la métropole qui nous ont aidés à les évacuer. Finalement, tout a été une question de minutes.

Que ressentez-vous aujourd’hui ?

Je me sens surtout en colère et, rétrospect­ivement, j’ai peur, parce que je me dis que si cet

LES SENS EN ÉVEIL après-midi-là on avait fait une ou deux choses différemme­nt, on n’aurait peut-être pas pu s’échapper de la maison. On serait donc parti avec et on serait mort, comme mes voisins Jo et Paulo Borello. C’est très anxiogène comme situation. Ça se ressent physiqueme­nt, ça fait un poids sur l’estomac. Et puis par exemple, avant j’adorais l’orage et, maintenant, j’en ai peur. Il y a des petits changement­s comme ceux-là. Peut-être que ça passera ou sinon je me ferai aider.

Où êtes-vous logés actuelleme­nt ?

Mes parents sont logés à Nice chez des amis qui leur prêtent gratuiteme­nt un logement et moi je suis chez mon compagnon à Antibes avec mes deux chiens.

Vous envisagez de retourner plus tard à Roquebilli­ère ?

Mes parents oui, ils l’envisagent. Moi moralement, je ne suis pas fermée à cette idée. Maintenant, pour une exploitati­on agricole, il y a certaines contrainte­s de terrain et de surface auxquelles il faut répondre, et je ne suis pas persuadée que, dans la vallée, il y ait encore une zone qui correspond­e. D’autant que je ne suis pas la seule agricultri­ce à avoir été touchée.

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 ??  ?? Une derrière image de la maison de la famille Albertini avant qu’elle ne soit emportée par la Vésubie en furie. (DR)
Une derrière image de la maison de la famille Albertini avant qu’elle ne soit emportée par la Vésubie en furie. (DR)
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Adélaïde Albertini a tout perdu mais veut rebondir. (DR)

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