Procès de Paul Cuevas : « Je ne parlerai plus »
Accusé du vol et du meurtre de Patrice Ferrari, le terrassier de se dit innocent et reproche à la cour d’assises de l’avoir déjà condamné. Il encourt ce soir la perpétuité
Depuis trois jours, la cour d’assises passe un temps ou à détailler les escroqueries dont a été victime Patrice Ferrari, retrouvé massacré en janvier 2016 à Malaussène. Une soixantaine de chèques a été déposée par Paul Cuevas sur les comptes de connaissances de bistrots. Au total, plus 80 000 euros ont disparu du compte en banque de la victime. Les copains de bar ont trempé dans la combine et se sentent, parfois, un peu coupables. Cuevas, lui, clame son innocence.
Le 15 décembre 2015, Patrice Ferrari avait fini par déposer plainte auprès de la brigade financière. Même après sa disparition mystérieuse, le soir du 23 décembre 2015, des chèques signés de sa main étaient encore présentés à l’encaissement. « Qu’est-ce que j’aurais aimé être convoqué par la police !, s’exclame l’accusé. Au moins, j’aurais été incarcéré et je serais innocent aujourd’hui. » La présidente Catherine Bonnici revient une fois de plus sur le volet financier qui pourrait constituer le mobile du crime. « Je ne m’expliquerai plus », prévient Paul Cuevas, jeudi matin, sur un ton exaspéré. « La presse et vous m’avez déclaré coupable. (…) Je ne suis pas un meurtrier mais le verdict est connu d’avance. »
Lettre au président
Le terrassier de 48 ans, à l’accent corse et à la carrure de rugbyman se rassoit et bougonne. Son avocat, Me Éric Scalabrin, reste impassible. La présidente Catherine Bonnici, d’une voix douce, tente de faire revenir l’accusé à la raison : «Je pense que c’est important que vous vous exprimiez. – Ne faites plus perdre de temps aux jurés.
– Vous n’avez pas l’impression que ça vous dessert ? – Que l’on me fasse payer pour les chèques, OK, mais quand j’ai vu les photos de
Patrice, j’en ai pleuré, vomi. Avec tout le respect que je vous dois, je ne parlerai plus, je suis fatigué. »
La présidente revient à la charge en insistant sur ses multiples versions, ses contradictions, ses explications parfois abracadabrantes. « Peut-être que je me défends mal », coupe Paul Cuevas., toujours aussi en colère. Il le répète : quarante-sept mois qu’il clame son innocence au point d’avoir écrit tous azimuts, y compris au président de la République. Mais la présidente est têtue. Elle revient à cette soirée du 23 décembre 2015, s’arrête sur le créneau 19 h 4521 h 15, laps de temps où le téléphone de Paul Cuevas reste éteint.
Un coup de tête
Éric, un élagueur de Gilette, vient expliquer à la barre comment Cuevas lui a demandé de lui fabriquer un alibi ce soir-là, parce que celui-ci devait soi-disant rendre visite à sa maîtresse à Cagnes-sur-Mer. Un service qui lui vaudra une garde à vue et un profond sentiment de culpabilité, lui qui appréciait tant Patrice Ferrari. «Si sa copine m’appelait, il fallait que je dise que j’étais avec Cuevas. Elle a appelé. Je n’ai pas décroché. »
Quant au sang de Patrice Ferrari dans le coffre du Renault Espace emprunté lors de cette funeste soirée, l’accusé mime une explication : « On s’est fâché avec Patrice, c’était courant décembre. Je lui ai mis un coup de tête. Il ne s’est pas senti bien. Il s’est appuyé sur le hayon [l’accusé a le bras en l’air] et il s’est assis dans le coffre à l’arrière droit. » Une version, donnée lors de sa huitième audition devant le juge d’instruction qui colle enfin avec les constatations des techniciens d’investigation criminelle. Convaincra-t-elle les jurés ? Réponse ce soir.