Netflix fait sa Révolution
Production française, La Révolution aborde les événements de 1789 de manière audacieuse en mêlant histoire et fantastique avec un casting jeune emmené par Amir El Kacem.
Ça commence sous la neige. Au ralenti. Et d’entrée on coupe des têtes. Bienvenue au coeur de La Révolution, la nouvelle grosse production française de Netflix, disponible depuis ce matin sur la plateforme. On va être franc, c’est un ovni. Aurélien Molas, le jeune showrunner, aurait pu se contenter de raconter la Révolution française d’un point de vue chronologique mais non. Le garçon à la tête du projet a été plus loin. Bien plus loin.
« La série commence par une simple question : et si on vous avait menti ? », analyse Amir El Kacem, l’homme qui campe Joseph Guillottin, le héros et inventeur de la guillotine. « C’est une enquête scientifique qui devient un complot politique, poursuit El Kacem. On donne une version différente de l’Histoire de France. On parle d’une époque ou ça dégainait le canon pour rien. »
Enquêtant sur une série de meurtres mystérieux, Joseph Guillotin découvre l’existence d’un nouveau virus : le sang bleu. La maladie se propage au sein de l’aristocratie et pousse la noblesse à attaquer le peuple.
C’est le début d’une révolte… Un pari osé qui mélange biographie et fantastique d’autant plus que cette période de l’Histoire de France est rarement portée à l’écran. Pas de quoi effrayer Molas, au contraire. « C’est un concept auquel j’ai toujours pensé. J’avais déjà ça en tête et puis en voyant une alerte sur Allo Ciné sur la production The Kingdom en Corée produite par Netflix, je me suis dit que c’était le moment de me lancer. Je me suis senti pousser des ailes et j’ai commencé à écrire la Bible de la série. J’avais envie de m’emparer du symbole de la Révolution française. C’est un pan de notre histoire incontournable et à la fois méconnu, notamment sur ce qui a suivi 1789 comme la période de la Terreur. La période de Napoléon est aussi méconnue, c’est comme ça ».
Du côté du casting, il a fallu faire avec une autre difficulté : interpréter un personnage réel mais du XIXe siècle en la personne de Guillotin. « C’est difficile de camper un personnage historique car on a peu d’images, peu de matière, détaille El Kacem. Jouer en costume d’époque permet de se mettre plus aisément dans la peau du personnage. Guillotin est un idéaliste, naïf, sans trop d’amis, qui se réfugie dans la médecine pour exister. Mais c’est aussi un médecin qui devient révolutionnaire, il y a un peu de Che Guevara en lui. On lit beaucoup, on se documente pour ce genre de personnage. » Visuellement, la série est une franche réussite. Les lumières, la photographie, les scènes de combats, les costumes et surtout ce dernier épisode qui est nerveux à souhait. « J’avais en tête Le Pacte des loups mais je me refusais de le revoir, pour autant ça infusait dans ma tête, abreuve Molas. Il y avait une ambition romanesque, c’est comme ça qu’on voulait travailler, proposer un visuel propre, fouillé, travaillé. Avec une identité française aussi. »
Même son de cloche chez celui qui campe Guillotin : « Les moyens donnés par Netflix sont colossaux et permettent de faire un tel projet tout en racontant l’histoire de France. C’est un pari exceptionnel, fou».
À tel point que la série se termine sur une ouverture... celle d’une deuxième saison. « On a tourné comme une série en trois saisons : Bleu, blanc, rouge. Pour trois périodes distinctes, j’ai un doux rêve concernant la prise de la Bastille même si on est tributaire du succès de la série », analyse Molas. Mais la force de frappe de Netflix doit permettre ce doux rêve. « C’est un plaisir de travailler avec eux, il y a
‘‘
C’est un pari exceptionnel, un peu fou”
une bienveillance permanente et de la créativité. Je me suis forcément demandé si j’avais les épaules pour un tel projet et ils m’ont constamment encadré et accompagné », conclut le showrunner.
En attendant la suite, les huit premiers épisodes s’engloutissent assez facilement. Et le projet est porté par un jeune casting talentueux dont le très surprenant Julien Frison, sans oublier les valeurs sûres comme Laurent Lucas, Dimitri Storoge, Lionel Erdogan, Mamadou Doumbia et Isabel Aimé Gonzalez Sola.