Simon Johannin des poèmes comme un album photo
Après deux romans empreints de poésie, Simon Johannin, qui sera en dédicace au Festival de la mode de Hyères demain, revient avec un beau projet. Un poème étalé sur quatre-vingt-dix pages. De quoi faire voguer l’âme entre amour et violence.
L’idée, c’était vraiment qu’il y ait quelque chose de narratif. Je voulais qu’on lise le livre, si possible, d’une traite. » Après deux romans remarqués L’Été des charognes, en 2017 (prix littéraire de la vocation), un récit d’initiation âpre au texte sauvage, et le terriblement beau Nino dans la nuit ,en 2019 – coécrit avec sa femme Capucine –, où l’on suit la destinée d’une jeunesse désenchantée d’afters en petits boulots, Simon Johannin publie Nous sommes maintenant nos êtres chers. Un recueil de poésie, dans lequel les poèmes sont dénués de titre et où les vers coulent librement. À dévorer de préférence d’une traite donc. « Dans l’ensemble, je voulais qu’il y ait une histoire qui se dessine même si c’est complètement différent d’un roman. Qu’on ait des images qui montent. Les poèmes ne sont donc pas interchangeables dans leur position. Il y a un ordre qui a été établi pour arriver quelque part », explique, à l’autre bout du fil, le jeune homme de vingtsept ans pour qui l’écriture de la poésie est un exercice régulier.
Initiation, violence et adolescence
Dès les premières strophes, on retrouve les thèmes chers à l’auteur. Ça parle d’initiation, de violence, de l’adolescence, d’amour, de la difficulté de gérer des émotions trop fortes. « J’aborde les mêmes thématiques mais sans l’idée de la fiction. De manière beaucoup plus nue et plus franche. Aussi beaucoup plus ténue et symbolique. J’essaie de m’exprimer avec le moins de mots possible mais qui fassent, quand même, passer une vibration. Pour moi, c’est peut-être un peu une manière de clore un chapitre.
Ce qui l’inspire ? « Des scènes, anodines ou pas, qui ont été marquantes visuellement. Qui sont restées plus que d’autres. Ça fonctionne un peu comme un album de photographies. »
Originaire du sud de la France, Simon Johannin a grandi dans un patelin du Tarn où ses parents apiculteurs tiennent une exploitation. À dix-sept ans, il quitte sa montagne natale pour suivre des études de cinéma à
‘‘ Montpellier.
C’est là qu’il rencontre Capucine, sa femme, photographe et romancière.
Dans son oeuvre, le rôle de cette dernière est déterminant. Ensemble, ils effectuent leurs recherches artistique et littéraire. Croisent leurs regards. Loin d’être une simple muse, elle participe à tous ses projets. Pour celui-ci, elle s’est chargée notamment de la collaboration avec l’artiste Jacques Merle qui a fait le dessin de la couverture.
Performances live
Au fil des rencontres et des propositions, Simon Johannin prend soin de nouer ce genre de jolies collaborations. De mélanger son art à d’autres univers. De le rendre transversal. Accessible. Dernièrement, avec son ami musicien Jardin, il faisait partie de la programmation du festival des arts et des écritures contemporaines Actoral à Marseille, une ville dans laquelle il a l’habitude de se rendre pour écrire. Ensemble, ils proposaient Texte et Techno, une performance live narrative et rythmée : Jardin a mis en musique deux poèmes de Simon. « Notre envie, c’est vraiment de partager un moment privilégié avec les personnes sur place. C’est plus fort comme ça qu’avec un système de podcast que l’on écoute chez soi. On attend d’autres dates qui vont se préciser dans les mois qui viennent. Après, pour moi, le meilleur moyen de découvrir les livres c’est de les lire, pas de les écouter. »
◗ Simon Johannin en dédicace. Dans le cadre du Festival de la mode de Hyères, ce samedi, de 15 h à 17 h. Parvis,villa Noailles.Avec François-Marie Banier, Sophie Fontanel, Paolo Roversi et Luis Alberto Rodriguez. Rens. villanoailles-hyeres.com
◗ Simon Johannin dans La Compagnie des poètes sur France Culture. Aujourd’hui, vendredi 16 octobre, de 16hà17h.
Je voulais qu’il y ait une histoire qui se dessine”