Monaco-Matin

Philippe Geluck Le Chat confiné... mais déchaîné

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Pour quelqu’un qui préfère les chiens, comme moi, voici un chat que l’on aime beaucoup. Très beaucoup même, comme disent parfois les enfants. Et comme Le Chat est parmi nous pour la vingttrois­ième fois, cela méritait bien un petit coup de téléphone en Belgique à Philippe Geluck, le papa du Chat. Avec sa voix douce, son joli timbre, mais pince sans rire quand même, Geluck est tel qu’on se l’imagine : sympa et pas aussi con que puisse l’être parfois le Chat. Voyons tout cela avec lui...

Cet album a été fait pendant le confinemen­t. Cela vous a évité de péter un câble ?

Oui absolument. J’ai dû renoncer à mon projet pharaoniqu­e de sculptures monumental­es qui devaient être exposées sur les Champs-Élysées à Paris [lire plus loin, ndlr]. Donc je me suis retrouvé bien dépourvu quand le confinemen­t fut venu. Je ne pouvais pas laisser l’humanité dans un tel désarroi jusqu’à ne pas lui proposer quelque chose en fin d’année.

En effet, à Noël on offre souvent un album du Chat et ça aurait été une année sans, ce n’était pas possible.

Certaines planches sont en noir et blanc. Vous n’aviez plus de crayons de couleur pendant le confinemen­t ?

Mon marchand de couleurs était confiné (rires). En fait, c’est un choix esthétique et graphique qui fait d’autant mieux ressortir ce qui est en couleur. Je fais toujours une première maquette entièremen­t en couleur et c’est un peu écoeurant comme un dessert dans lequel il y aurait trop de sucre et trop de crème fraîche. Donc le premier travail est d’alléger car j’aime aussi le dessin en noir et blanc : il a parfois une pertinence que la couleur peut édulcorer.

Comment pouvez-vous encore trouver des vannes au bout de vingt-trois albums ? Et qu’est-ce qui vous a guidé pour celui-ci ?

La légèreté. Je sortais de deux ans de travail à la fonderie pour mes sculptures et j’avais besoin de légèreté pour essayer de faire un album qui fasse rire, qui ne soit pas une prise de tête et qui ne traite pas, comme je l’ai déjà fait, de sujets durs : on avait besoin de souffler, d’évacuer ce poids qui nous est tombé dessus avec la Covid. Le Chat peut être un baume apaisant et il a cette faculté cathartiqu­e de nous “désangoiss­er” un petit peu. J’ai évité les gags sur ce virus, il y en a un au début et un à la fin et c’est tout.

Qu’est-ce qui fait le succès du Chat ? Car il est gros, léger, même con quand il dit, par exemple, que les méduses n’ont pas de nez...

(rires) Oui mais en même temps personne n’avait jamais relevé la chose ! Il est gros certes, il est con oui souvent mais ce n’est pas un gros con. D’ailleurs un gros con n’est pas forcément gros mais il est con ! Son succès c’est qu’on se reconnaît en lui sur certains sujets, qu’il répond à des questions que nous ne nous serions pas posées s’il n’y avait pas répondu, et ça c’est fort.

Au début pourtant, le Chat n’a pas plu à certains...

Quand j’ai publié le premier album en , un monsieur avait écrit dans un petit journal du fin fond d’une province en Belgique : ‘‘Oui c’est pas mal mais il ne tiendra jamais au-delà d’un album’’. Vingttrois albums plus tard j’aimerais bien rappeler ce monsieur pour lui dire que j’y suis arrivé. Donc la longévité explique également le succès du Chat : il s’est installé dans la vie des gens. Ce qui est touchant pour moi c’est de voir comment les génération­s se le recommande­nt de grands-parents en parents et en petits-enfants. Ça, c’est très très impression­nant car des gags produits il y a trente ans continuent à faire rire des mômes dont, parfois, les parents n’étaient pas nés à l’époque.

Et ce projet de statues géantes du Chat que l’on devrait pouvoir enfin découvrir en avril  à Paris ?

‘‘

Il est gros certes, il est con oui souvent mais ce n’est pas un gros con”

C’est un travail de malade. Je les sculpte à taille originale, environ cinquante centimètre­s de haut, puis avec un procédé de scan D et de fraisage on reproduit à l’identique une sculpture de deux mètres de haut. Ensuite on retravaill­e les détails. Puis un tirage en bronze est effectué par une fonderie. Il y aura vingt statues d’une tonne chacune, sur un thème différent. C’est une sorte de gag muet puisque les statues ne parlent pas... enfin sauf une. Ça doit être la seule au monde !

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