Monaco-Matin

En octobre je plante ce que je veux

Conseils avec Yann Bordat, un jeune paysagiste pétri de talent.

- RAPHAËL COIFFIER rcoiffier@nicematin.fr

Quel bonheur que ce mois d’octobre pour les jardiniers en herbe. Seule période de l’année où ils peuvent planter tout ce qu’ils veulent. Foi de Yann Bordat !

Ce jeune pépiniéris­te et paysagiste, installé depuis deux ans chemin de La Foux au Pradet, vous invite même à ne pas mollir sur la pioche et la bêche.

« Comme le dit le dicton, à la sainte Catherine [le 25 novembre, ndlr], tous les arbres prennent racine. C’est donc le moment, par exemple, de mettre en terre les fruitiers. » À noyaux, pépins, à baies, ils trouveront toujours sols à leur goût. « Tout en y apportant de la fumure au fond du trou, de la cuvette. D’une dimension, en général, une fois et demie le volume de la motte. Il ne faut pas oublier, aussi, de bien mélanger du terreau à votre terre. » Les fruitiers ne seront pas les seuls à profiter des bienfaits de l’automne. Saison propice au développem­ent racinaire et, d’ordinaire, arrosée par les pluies. « On peut s’essayer, sans trop tarder, aux fèves, aux épinards. Aux variétés exotiques. Pas trop aux aromatique­s et aux palmiers. Même si, avec notre climat méditerran­éen, presque tout est possible actuelleme­nt. En particulie­r sur le littoral car, dans l’arrièrepay­s, c’est différent. Le gel n’est pas rare... »

Haie classique, libre ou mélangée

Si l’envie vous prend de refaire la haie qui vous sépare de votre voisin envahissan­t, c’est donc le moment. Besoin d’un conseil ? Yann, fort de son savoir vert, saura répondre à toutes vos questions.

« On peut rester dans le classique, la haie stricte avec au maximum trois variétés. Dont la plus courante, l’éléagnus. Moi, je

‘‘ préfère la haie libre, mélangée. Elle attire les papillons, les abeilles. On y met des solanum, des myrtes, des buddleja. Franchemen­t, c’est superbe. »

Ce chantier achevé, le jardin n’attend plus que ses hôtes. Abricotier­s, pêchers, pruniers, cerisiers, grenadiers feront votre bonheur. Tandis que les massifs, fournis de vivaces (lavande et gaura notamment) prendront leurs aises au gré de la douceur automnale.

« Même si elles ne sont pas très belles en ce moment dans les pépinières, ça ne veut rien dire. Elles se développer­ont dans les jardins. »

Pour ceux qui ne craindraie­nt pas la facture d’eau, le temps est également venu de semer le gazon. « Vous pouvez choisir des semences résistante­s telles que le cynodon, le zoysia ou encore le kikuyu. Elles nécessiten­t beaucoup moins d’arrosage. »

Sinon, il y a encore la solution des plantes couvre-sol. À commencer par le lippia, dont les petites fleurs, éparpillée­s ci et là ressemblen­t à un tableau de van Gogh. Enfin, histoire de passer l’hiver au chaud, avant de remettre le nez à la fenêtre en avril et s’émerveille­r devant son décor naturel, sortez dès à présent les sécateurs. « Généraleme­nt, on taille à la chute des feuilles, sauf pour tout ce qui est persistant, à l’image des lauriers roses. En gros, il faut supprimer un tiers de la plante et bien la nourrir ensuite, lui apporter de l’engrais organique. Je sais que ça peut faire mal au coeur, mais c’est un mal pour un bien. » La meilleure manière de préserver nos petits jardins...

Je préfère la haie libre. Elle attire les papillons, les abeilles... ”

Yann Bordat, designer jardin.

Chemin de la Foux au Pradet.

Tél. 06.59.40.71.19. yann.bordat@gmail.com

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