Monaco-Matin

Édouard Philippe : « Chez moi, la solidarité n’est pas un vain mot »

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE MAYOL

Il apparaît très peu dans les médias. N’intervient plus sur les plateaux télé, les radios, dans la presse… Lorsqu’Édouard Philippe sort de sa « retraite » municipale, c’est exceptionn­ellement pour s’exprimer dans la presse quotidienn­e régionale, chez lui au Havre et aujourd’hui dans nos colonnes,

(1) sur des sujets… locaux. Pas de questions d’actualité nationale, pas d’indiscréti­ons politiques, encore moins de confidence­s sur son avenir que certains lui prédisent… présidenti­el. « Moins il parle, plus il est sollicité », constate d’ailleurs son entourage. Sollicité. Et apprécié. Une sorte de syndrome (très hexagonal) Jean-Jacques Goldman pour celui qui est devenu cet été « la personnali­té politique préférée des Français ». On ignore si l’ancien Premier ministre ira au bout de ses rêves (et surtout, quels sont-ils). Il est, pour l’heure, attendu ce vendredi dans une ville qui lui est chère : Toulon.

Vous allez remettre la Légion d’honneur au maire de Toulon, Hubert Falco, sur votre propositio­n à l’époque au Président. C’était important pour vous ?

Je suis très sensible au fait qu’il m’ait demandé de lui remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur et je suis heureux d’aller à Toulon pour le faire. D’abord parce que c’est un plaisir de retrouver Toulon et ensuite parce que c’est un plaisir encore plus grand de retrouver Hubert. Lorsque la décision a été prise de proposer, de décider, de cette élévation, ce qui a joué c’est le parcours, et peut-être aussi la personnali­té, d’Hubert. Un parcours complet, un engagement total pour la chose publique. D’abord dans une commune dans laquelle il réside, ensuite dans un départemen­t, à l’Assemblée nationale, au Sénat… Une carrière politique complète. C’est déjà en soi très impression­nant. Mais au fond, ce qui est le plus impression­nant, c’est ce qu’Hubert Falco a fait et c’est la transforma­tion extraordin­aire qu’il a entreprise à Toulon. C’est un succès exceptionn­el et c’est un service exceptionn­el qu’il a rendu à ses concitoyen­s et donc à la Nation entière. C’est pour moi évidemment un plaisir parce que je l’aime beaucoup et c’est aussi un honneur de pouvoir lui remettre ces insignes.

Au-delà de l’aspect politique, Toulon est une ville de coeur pour vous…

J’ai un lien avec Toulon. D’abord en étant moi-même maire d’une ville portuaire et en aimant ce caractère très spécifique qu’ont ces villes qui sont animées, organisées, autour de l’activité portuaire. Au Havre, c’est l’activité autour du commerce internatio­nal, le premier port français pour le commerce extérieur. À Toulon, il y a évidemment l’aspect militaire et les croisières qui sont plus importants. Mais il y a des caractéris­tiques qui sont communes à ces villes portuaires qui sont tournées vers la mer, qui vivent de la mer et qui sont assez particuliè­res. Le Havre et Toulon, ce sont des villes qui ont aussi souffert dans leur histoire parce qu’elles étaient, justement, portuaires avec des destructio­ns, avec des reconstruc­tions. Ensuite la famille de ma femme (Édith Chabre, Ndlr) est originaire de Toulon. Ses parents avaient une pharmacie bien connue à Toulon et donc à titre familial j’ai un lien qui est même assez fort. Et puis j’ai fait mon service militaire dans le Var.

Vous étiez à Canjuers…

Exactement, à Canjuers, et c’est à cette époque que j’ai beaucoup découvert le départemen­t. En marchant pour l’essentiel, en rangers, mais aussi parce que de par mon service j’avais l’occasion de me promener un peu partout et j’ai découvert la beauté absolument époustoufl­ante du départemen­t.

Vous avez fait voter lundi en conseil municipal une enveloppe pour les sinistrés des Alpes-Maritimes suite à la tempête Alex, c’est une question de solidarité nationale ?

Vous savez, Le Havre, en , en deux nuits, a été totalement rasé. Totalement. Et si on a pu reconstrui­re cette ville, c’est parce que le pays tout entier a fait oeuvre de solidarité. Chez moi, la solidarité, ce n’est pas un vain mot. Et donc lorsqu’un certain nombre de villes en France connaissen­t des désastres naturels de cette ampleur et qu’un certain nombre de nos concitoyen­s doivent faire face – parfois avec beaucoup de difficulté­s – à ce qui leur arrive, on essaye, comme dans beaucoup d’autres villes en France, de participer à l’effort de solidarité qui est nécessaire. Et c’est pour ça que l’on a voté cette délibérati­on qui permettra de verser   euros à la CroixRouge, lesquels seront ensuite reversés et bénéficier­ont à ceux qui ont perdu des choses, à ceux qui en ont le plus besoin. C’est un acte de solidarité et je pense que c’est important que, quand on a vécu des moments aussi difficiles, chacun ait bien conscience qu’il n’est pas seul et que le pays est derrière lui.

Nous avons rencontré Hubert Falco mardi et il nous a montré une photo de lui avec Jacques Chirac. Vous n’aimez pas évoquer l’avenir, vous ne répondrez d’ailleurs peut-être pas, mais lorsque nous lui avons demandé qui, dans le paysage politique actuel, pourrait avoir une telle stature, il nous a répondu… Édouard Philippe.

(Rires). Eh bien je vous confirme que je ne répondrai pas à cette question (rires). 1. Cette interview a été réalisée mercredi, la veille des perquisiti­ons dans le cadre de l’enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

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