Monaco-Matin

La victoire sinon rien

À 80 minutes d’un nouveau trophée, les Rouge et Noir n’ont plus à se poser de questions. Ils doivent juste tout donner pour briser le rêve anglais et surtout ne rien regretter

- PHILIPPE BERSIA

Le printemps en automne… Pour avoir réussi dès septembre à écarter de nouveau les Scarlets de Llanelli de sa route en quart de finale et Leicester en suivant, le RCT a gagné le droit de disputer la finale de la Challenge Cup 2019-2020 ce soir face aux Anglais de Bristol. Reçu huit sur huit, série en cours. Mais, arrivés de haute lutte à ce point de leur vie commune, après une saison 2019-2020 totalement bouleversé­e par la Covid-19, les Rouge et Noir n’ont pas vraiment le droit de galvauder la fin. Par deux fois déjà, en 2010 et en 2012, ils ont échoué au port. Et savent, au moins pour les plus anciens, toute la frustratio­n qui suit une défaite en finale.

Ce soir, les hommes de Collazo ont rendez-vous avec l’histoire. Et si le contexte n’invite pas à une véritable communion avec le public, l’occasion d’inscrire leur nom sur ce trophée est trop belle pour la laisser passer.

Bristol, la force montante

La scène se déroulera finalement à Aix, sur la pelouse synthétiqu­e du stade Maurice-David, devant un petit millier de supporters varois. Mais nul doute, même s’il ne s’agit que de la Challenge Cup, que des millions de téléspecta­teurs, bien au-delà de la région Paca, vont observer de près ce choc entre deux équipes dont la montée en puissance n’aura échappé à personne. Deux équipes qui ont d’ores et déjà gagné le droit de disputer la Champions Cup en suivant. Champion de deuxième division anglaise en 2018, Bristol est la force montante du rugby anglais comme en attestent sa présence aujourd’hui en finale et son accession le week-end dernier jusqu’aux demi-finales de Premiershi­p. Certes, les partenaire­s de Radradra ont raté la dernière marche de leur championna­t domestique face aux Wasps, s’inclinant même lourdement (4724). Mais cela les rendra peut-être encore plus dangereux ce soir… Eux aussi veulent commencer à écrire leur histoire.

Le RC Toulon version Lemaître-Collazo semble, lui, déjà bien relancé pour renouer avec son glorieux passé. Mais le club n’a toujours rien gagné depuis cinq ans maintenant… Et il a besoin d’un nouveau trophée pour valider son changement profond et se projeter durablemen­t vers le haut.

Ce n’est qu’en gagnant qu’on devient un champion ! Retranchés à l’hôtel à Aix depuis mardi soir pour se tenir à l’abri du coronaviru­s (Bristol est arrivé hier soir), les Rouge et Noir, à défaut d’avoir pu s’entraîner parfaiteme­nt cette semaine, ont eu le temps d’analyser, et leurs adversaire­s, et la situation.

Bristol également invaincu

Limite agacé par les superlatif­s qui entourent les commentair­es actuels au sujet des Bristols Bears avant cette finale, Patrice s’est échiné à décrypter le jeu anglais pour en démontrer les limites à ses joueurs et booster leur confiance. Cette fameuse confiance qui doit leur permettre de tenter des coups, sans les retenir, face à une équipe qui affole les statistiqu­es... (lire l’encadré).

L’armada de Pat Lam a affolé les défenses de Parme, Brive et du Stade-Français en poule, puis des Dragons de Newport en quart de finale (56-15) et de BordeauxBè­gles en demie (37-20 ap). Également invaincus dans l’épreuve (7 victoires pour un curieux nul concédé 7-7 chez les Zebre), les nouveaux copains de Dave Attwood ne manquent pas d’atouts pour bousculer les Toulonnais. Et ce, même en l’absence de leur arrière AllBlack Charles Piutau, de leur numéro 8 internatio­nal anglais Nathan Hugues ou encore de leur ailier vedette Henry Purdy.

Jeunes loups et vieux grognards

Mais Patrice Collazo qui pourra lui, finalement, compter sur l’essentiel de ses forces, et qui alignera

sa meilleure équipe du moment, a sa petite idée pour contrarier les ambitions de jeu bristolien­nes : les priver de ballon tout simplement, en mettant l’accent sur la conquête et l’agressivit­é. Comme pour Radradra, qu’il ne faudra surtout pas laisser s’exprimer, ce soir, il faudra tuer dans l’oeuf toute tentative d’attaque adverse sous peine de voir Bristol s’enflammer et briller. Vaste programme, certes, mais si sa bande d’enragés, savant mix de jeunes loups et de vieux grognards, parvient à le respecter, elle aussi aura alors certaineme­nt l’opportunit­é de s’illustrer ballon en main et au final de démontrer que le nouveau Toulon fera aussi un beau champion 20192020. Edition « virussée » ou pas, on prendra. Et peut-être même qu’on l’embrassera !

 ?? (Photo D. Leriche) ?? Il faudra gagner les duels pour espérer décrocher le trophée.
(Photo D. Leriche) Il faudra gagner les duels pour espérer décrocher le trophée.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco