Monaco-Matin

Martin et son chien Nixie, ensemble contre le diabète

Le petit garçon est l’un des premiers en France à bénéficier d’un chien d’assistance pour diabétique : Nixie flaire à l’avance les crises d’hypo ou d’hyperglycé­mie et l’alerte

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

Martin a 10 ans et il souffre d’un diabète de type 1 depuis l’âge de 4 ans. Comme beaucoup de patients insulinodé­pendants, il est équipé d’un capteur et d’une pompe à insuline qui l’aident à gérer les crises d’hypo et d’hyperglycé­mie qui se succèdent jour et nuit, mettant sa vie en danger si elles ne sont pas détectées et gérées à temps. Depuis un an, il bénéficie aussi d’une aide peu commune : celle de Nixie, une chienne d’assistance pour diabétique­s, capable de flairer les variations glycémique­s ! Ce drôle de duo n’est pas passé inaperçu l’été dernier, sur les plages du Rayol-Canadel (Var) où la famille du petit garçon, originaire du Loir-et-Cher, passait ses vacances.

« Un jour, raconte sa maman Cécile Crechet, Martin était dans l’eau avec son papa, donc sans capteur et sans pompe… La chienne était avec moi sur le sable et elle s’est subitement levée, elle s’est mise à frétiller et elle est venue me “pokker”. »

C’est avec ce geste, un coup de museau un peu insistant, que Nixie signale quand elle détecte une crise.

« On ne sait pas ce qu’elle sent exactement, si c’est une molécule ou autre chose, explique Cécile. Son flair ne se substitue pas au capteur, mais il permet d’anticiper les crises. Elle réagit avant. »

Acadia, associatio­n et centre de formation

Ce jour-là, Martin a pu sortir de l’eau avant d’y faire une crise d’hypoglycém­ie et venir se restaurer sur le sable, pour faire tranquille­ment remonter son taux de sucre, sous l’oeil vigilant de sa chienne, un magnifique Golden retriever. Nixie a été formée par une associatio­n, Acadia, qui a « importé » d’Amérique du Nord cette pratique, encore très peu connue en France, et créé dans la Drôme la première école de formation de chiens d’assistance pour diabétique.

« Il faut 25 000 euros pour former un chien, explique Cécile Crechet. L’associatio­n est soutenue par des mécènes, des entreprise­s et les chiens sont formés par des éducateurs eux-mêmes formés et encadrés par une éducatrice spécialisé­e américaine qui vient passer une semaine en France tous les deux mois. »

Capables de répondre à trente consignes très précises, Nixie et ses camarades de promo obéissent au doigt et à l’oeil à leurs jeunes maîtres et sont officielle­ment reconnus comme chiens d’assistance, avec une carte mobilité inclusion option priorité qui leur permet de les accompagne­r en tout lieu, y compris dans les magasins ou à la plage.

En 2018, trois premiers chiens ont été remis à des jeunes diabétique­s, six autres en 2019, dont Nixie. L’objectif d’Acadia est d’en remettre dix de plus cette année : le stage de formation des familles débute le 19 octobre prochain. Fondée par des parents confrontés au diabète de leurs enfants, l’associatio­n a fait le choix de cibler d’abord des enfants et des jeunes (et leurs parents aidants) parce qu’effectivem­ent, la maladie est moins difficile à appréhende­r pour des adultes, plus autonomes.

Une nouvelle vie

« Martin a été sélectionn­é sur dossier médical, et aussi à cause de sa personnali­té, explique sa maman. C’est un petit garçon réservé, introverti et très anxieux. Depuis qu’il est diabétique, il a peur de mourir dans son sommeil et il dormait toutes les nuits avec nous jusqu’au jour où il a eu Nixie. La chienne le rassure. Il dort désormais dans sa chambre, avec elle. »

Nixie a changé la vie de Martin, sous bien des aspects. « Bien sûr, elle nous apporte une sécurité supplément­aire, de jour comme de nuit, constate sa maman. Mais audelà de son talent pour flairer les crises, la simple présence de l’animal a redonné confiance à Martin. Par le biais de la médiation animale, il a trouvé une sécurité psychique. »

Le pédopsychi­atre qui suit le petit garçon l’a d’ailleurs constaté. Lors d’une visite récente à l’hôpital, il a accepté exceptionn­ellement la présence du chien.

« Il a rencontré un petit garçon totalement différent de celui qu’il connaissai­t jusqu’alors, témoigne Cécile Crechet. Martin seul ou Martin avec son chien, ce n’est pas le même enfant. » la littératur­e scientifiq­ue sur le sujet restent rares en France. L’associatio­n Acadia a donc lancé une étude qui porte sur deux aspects : la capacité de détection des hypoglycém­ies et hyperglycé­mies par des chiens entraînés d’une part ; l’impact d’un chien d’assistance pour diabétique sur l’équilibre glycémique et la qualité de vie à travers l’améliorati­on du schéma thérapeuti­que et le bien-être de l’utilisateu­r d’autre part. L’étude en est à la phase de récupérati­on des données : à l’arrivée du chien à l’associatio­n pour son dressage, à son départ, puis dans la famille après  mois,  an et  ans. Renseignem­ents et contact : www.acadia-asso.org contact@acadia-asso.org

Comme lors de leurs vacances au Rayol, Martin et sa famille ne manquent donc pas une occasion de partager leur expérience exceptionn­elle et de parler d’Acadia. Car si l’associatio­n s’apprête à remettre dix nouveaux chiens d’assistance à des jeunes diabétique­s cette année, elle est loin de pouvoir répondre aux plus de 200 demandes qui lui sont déjà parvenues. En France, 25 000 enfants vivent avec un diabète de type 1.

 ??  ?? Cet été au Rayol, Nixie vient de « pokker » pour donner l’alerte : Martin était au bord de la crise d’hypoglycém­ie. Pause goûter obligatoir­e. (Photo DR)
Cet été au Rayol, Nixie vient de « pokker » pour donner l’alerte : Martin était au bord de la crise d’hypoglycém­ie. Pause goûter obligatoir­e. (Photo DR)
 ??  ?? Nixie, avec sa cape d’assistance sur le dos, comme les superhéros, fait désormais partie de la famille. (Photo DR)
Nixie, avec sa cape d’assistance sur le dos, comme les superhéros, fait désormais partie de la famille. (Photo DR)

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