La victoire du collectif du collectif
Séduisants en première période, bousculés ensuite, les Aiglons ont su rester soudés et déterminés avant que les remplaçants ne scellent un succès mérité
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Les Aiglons se sont approprié le dicton hier après être passés du rang de dominateurs à dominés en l’espace d’une mi-temps. À l’image de l’homme du match, Pierre Lees-Melou, les Aiglons ont montré du sérieux et de l’application dans leurs temps forts, puis du coeur et du caractère dans la meilleure période des Verts pour asseoir une victoire qui semblait pourtant facilement se dessiner à 2-0 à la pause. « On a fait le dos rond, on a bien défendu. Même si on a un peu trop reculé, on n’a pas été vraiment en danger, analysait
Vieira à chaud. C’est l’entrée de Bouanga qui nous a posé beaucoup de problèmes. »
Un technicien que Claude Puel avait décidé de sanctionner au coup d’envoi pour son début de saison médiocre (voir ci-dessous). Hagards dans le pressing, maladroits dans la construction, les Verts ont attaqué le match bien pâles sans leur poison numéro 1. Vieira, qui avait redouté toute la semaine le duo Hamouma-Bouanga, a d’autant plus facilement remporté la bataille tactique avec sa défense à trois centraux inédite.
Soirée boulettes pour les gardiens
Avec Lotomba et Kamara plus haut, les triangles de jeu étaient moins prévisibles, les appels en profondeur plus nombreux et variés, et le danger permanent dans le camp stéphanois une demi-heure durant. Lees-Melou retrouvait enfin la mire de l’extérieur de la surface, Nice maîtrisait le ballon et se procurait des occasions, tous les feux étaient au vert. « Je prends la première période pour moi, a plaidé coupable Puel à l’issue du match. On a essayé un autre système que l’on n’avait pas pu travailler. On était dans un certain inconfort. Dans l’anticipation, le pressing collectif, notre jeu, on a facilité la tâche de cette équipe niçoise habile techniquement. En deuxième mi-temps, on l’a pratiquement plus vue. »
Plus habitué à sauver les meubles, Benitez a cette fois favorisé la bascule. Comme dirait notre chef de service, un Chaudron refroidi par la Covid avait mis les boulettes au plat du jour pour les gardiens. Après la faute de main de Moulin qui a profité à Gouiri, Benitez s’est troué au pied pour relancer le compteur buts d’Aouchiche et le suspense dans la partie en même temps.
« On veut redonner du plaisir à Gioria »
Patrick Vieira est alors repassé à quatre derrière, a fait entrer Danilo, Ndoye et Myziane... encore un coaching gagnant. « Sur le troisième but, Danilo récupère le ballon, Dan (Ndoye) frappe et
Myziane marque, rembobine Dante. C’est la preuve que chacun pourra nous aider sur ce marathon de matchs qui nous attend. C’est important que tout le monde se sente concerné. »
Par ce qu’il se passe sur le pré, mais aussi en dehors. Les Aiglons avaient un brassard noir à Geoffroy-Guichard et un supplément d’âme au fond du coeur. « On veut dédier cette victoire à Fred Gioria, quelqu’un de très important pour le club, pour qui on a un grand respect, a conclu Dante en conférence de presse pour appuyer le discours de Lees-Melou déjà tenu au micro de Canal +. On s’était dit dans le vestiaire que ce match était pour lui, pour sa maman. Parfois on n’a pas trop de mots, mais dans la vie quand tu perds quelqu’un, il faut se consoler en se disant qu’il y a encore beaucoup de personnes qui t’aiment. Nous on est là pour lui, et on fera tout pour lui redonner du plaisir à travers nos prestations sur le terrain. » C’est le collectif, la famille du Gym même qui est sortie renforcée du Forez. Et par plus que seulement trois points.