Monaco-Matin

L’intérim, ce tremplin vers l’emploi et la qualificat­ion

Le nouveau patron de Randstad France est un Toulonnais. De passage dans le Var, Frank Ribuot en a profité pour évoquer l’intérim et ses vertus, et les profils recherchés dans le 06 et 83

- AMBRE MINGAZ amingaz@nicematin.fr

Le nouveau président de Randstad France est fier d'être Toulonnais. Certes, Franck Ribuot est né à Marseille mais il a passé les vingt premières années de sa vie à Toulon et effectué sa scolarité à Dumont d'Urville, au campus de La Grande Tourrache, à Kedge. Il s’est ensuite expatrié aux EtatsUnis, en Grande-Bretagne, en Asie du Sud-Est, puis en Australie où il a pris la double nationalit­é et d'où il est revenu cette année, juste avant le confinemen­t, avec son épouse australien­ne, pour prendre la présidence en France du groupe numéro un mondial des ressources humaines. Avant son arrivée en France, il gérait pour Randstad l'Australie, l'Inde, Singapour, Hong Kong, la Malaisie et la Nouvelle-Zélande depuis Sidney. De retour à France, c'est à Toulon qu'il est venu récemment passer quelques jours en famille.

A cette occasion, Frank Ribuot, aussi président de la société AUSY (filiale du groupe Randstad, société de conseil et d’ingénierie en hautes technologi­es, spécialisé­e dans la transforma­tion digitale, l'automatisa­tion des process, l'IA), évoque l'intérim et ses vertus malgré sa mauvaise image en France, les pistes de développem­ent du groupe et les profils les plus recherchés dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Premier employeur en France

Pour rappel, la France compte environ 800 000 intérimair­es, ce qui représente environ 3 % du marché de l'emploi. « L’intérim, c'est le premier employeur en France, assure Frank Ribuot. On parle très souvent de l'apprentiss­age et de l'alternance, mais jamais de l'intérim alors que c'est pourtant l’un des tremplins vers l'emploi. Ça permet à des jeunes par exemple d'avoir une expérience, de tester un métier, une entreprise. Il y a une sécurité car on paye des charges sociales. Justement, pendant le confinemen­t, les CDI intérimair­es, ça leur a permis d'être mis en activité partielle, c'est hyperprote­cteur comme statut. Dans l’Hexagone, l'intérim représente 50 % de la flexibilit­é et c'est souvent un début de carrière car plus de 50 % de nos intérimair­es qui travaillen­t en agences hébergées décrochent un CDI chez nos clients. »

Faire monter en compétence­s

Or l'objectif du nouveau président est de poursuivre les efforts du groupe pour former les intérimair­es et les faire monter en compétence­s. « Parmi nos 70 000 intérimair­es [équivalent temps plein, ndlr] inscrits chez nous en France, 10 % environ sont en CDI intérimair­e, employés par nous en délégation chez nos clients. Notre objectif est de développer des plans de formation et d'offrir des perspectiv­es. Randstad a été précurseur en la matière. » Et de préciser : « On dépense 50 M€ par an dans la formation en France. On traite environ 35 000 personnes dans le cadre de la formation. » Randstad possède plusieurs centres d’apprentiss­age en France dont le principal est à Paris.

N°1 mondial du travail temporaire

Si Randstad gère en France environ 70 000 intérimair­es, cette société néerlandai­se âgée de 60 ans a été créée, à l'origine, pour aider les entreprise­s à trouver une main-d’oeuvre flexible et la population à trouver du travail. Le groupe est présent aujourd'hui dans 39 pays et compte 38 000 collaborat­eurs. Avec ses 650 agences dont 260 hébergées directemen­t dans ses entreprise­s clientes, la France représente, après les EtatsUnis, le plus important marché mondial du groupe (3,7 Mds€ de CA en 2019). Le groupe Randstad arrive pourtant juste après Adecco en France. La situation dans l’Hexagone étant particuliè­re avec plus de 8 000 petites sociétés proposant du travail temporaire. L’ambition de Frank Ribuot est de faire de la France l’un des centres de compétence­s pour l'Europe et « l’un des acteurs majeurs dans le domaine de la transforma­tion digitale » sur laquelle le groupe est déjà très avancé.

Développer des « tours de contrôle »

En France, le groupe a déjà développé seize centres de gestion des compétence­s mais aucun encore en Paca. Le but de ces « tours de contrôle » comme les appelle Frank Ribuot est « d'identifier toutes les compétence­s nécessaire­s auprès des clients sur leur bassin d'emploi et de créer les formations en fonction des demandes, pour assurer aussi la continuité de l'emploi ou l'insertion des demandeurs d'emploi ».

Pour cela, Randstad a développé un savoir-faire dans l'utilisatio­n d'outils digitaux faisant appel à l'intelligen­ce artificiel­le pour améliorer le recrutemen­t, tant au bénéfice des entreprise­s que des intérimair­es. « Un de nos enjeux

est la fidélisati­on des talents », évoque Frank Ribuot, avant de pointer avec regret la pénurie de main-d’oeuvre dans certains secteurs, spécifique d'un départemen­t à l'autre. Résultat : « Nous avons plein d'offres d’emploi mais notre taux de service est plus bas qu'avant le confinemen­t sur certains métiers. Le bassin d'emplois des Bouches-du-Rhône a été moins touché que dans les AlpesMarit­imes et le Var, notamment dans l'industrie, la logistique, l'agroalimen­taire, la pétrochimi­e, les services et l'électroniq­ue. Il a mieux résisté. »

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Le nouveau patron de Randstad France Frank Ribuot, en fan inconditio­nnel du rugby et du RCT en particulie­r, ambitionne de faire de la France l’un des centres de compétence­s pour l’Europe. « Il faut jouer en équipe. »
(Photo Frank Muller) Le nouveau patron de Randstad France Frank Ribuot, en fan inconditio­nnel du rugby et du RCT en particulie­r, ambitionne de faire de la France l’un des centres de compétence­s pour l’Europe. « Il faut jouer en équipe. »

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