Reprise des trains voyageurs jusqu’à Saint-Dalmas
Hier, le premier train de voyageurs a pu circuler. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le désenclavement des villages de la Roya. D’ici peu, la circulation des trains devrait être possible entre Limone et Tende
Dans le wagon, les affaires s’empilent. Certains voyageurs ont rapporté leur glacière, des cartons ou même des valises pour transporter leur stock de nourriture. « Nous avons acheté du pain, du lait, du beurre, du fromage, de la viande... car depuis la tempête Alex, il est impossible de trouver des produits frais à Tende. La reprise du trafic va nous permettre de nous sentir moins isolés mais aussi de retrouver, peu à peu, une vie normale », témoigne Karine.
Hier, l’habitante est montée à bord du train qui relie Breil-sur-Roya à Saint-Dalmas-de-Tende. Le premier depuis la dramatique tempête du 2 octobre dernier qui a détruit les villages de la Roya, mais aussi fortement endommagé le réseau ferroviaire. Au terminus, les voyageurs ont été accueillis sur un quai provisoire, situé à 2 kilomètres de la gare initiale de Saint-Dalmas-de-Tende. Une véritable renaissance
‘‘ après des jours d’isolement. À souligner que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décrété la gratuité de tous les trains Nice-Breil pendant toute la durée de la crise. « Dès le 8 octobre, la voie a été rouverte jusqu’à Fontan-Saorge. Aujourd’hui (hier), je suis fier d’annoncer qu’elle fonctionne jusqu’à Saint-Dalmas de Tende » ,a précisé dans un communiqué Renaud Muselier, président de la Région Paca. La prochaine étape sera de faire circuler des trains du côté italien, entre Limone et Tende pour le fret et les voyageurs (lire par ailleurs). À ce jour, deux trains allerretour roulent sur l’axe Breil, FontanSaorge et Saint-Dalmas, mais d’autres horaires sont prévus. « Nous souhaitons assurer un transport de voyageurs aller-retour le matin et probablement le soir. Néanmoins, ce trafic ne doit pas perturber les rotations des marchandises », précise Philippe Tabarot, vice-président de la Région Sud en charge des transports.
Depuis la fenêtre, des maisons éventrées
Car le rail permet également d’acheminer les produits de première nécessité, ainsi que le matériel de reconstruction. Le train a permis d’apporter du foin aux éleveurs ou même de débarrasser Breil d’une centaine de carcasses de voitures. Hier, à bord du wagon, les voyageurs oscillaient entre soulagement et tristesse. Car depuis les larges fenêtres, tous contemplent le paysage blessé par les intempéries. En contrebas, des branches tortueuses emprisonnent des maisons éventrées et des portions de route pulvérisées. « C’est une vision effrayante...», confie Katia Cotta. La Fontanaise prend le train vers Saint-Dalmas-de-Tende, afin de se rendre à La Brigue. « Je travaille à l’Ehpad Le Touzé et pas question d’arrêter malgré lla difficulté pour me rendre là-bas. » Katia devra encore marcher 45 minutes avant d’arriver à l’Ehpad. Mais qu’importe, elle s’estime déjà très chanceuse. « Je n’ai pas le droit de me plaindre. Dans mon équipe, certaines personnes ont perdu leurs maisons et tout ce qu’ils ont. La tombe du père d’une de mes collègues a été emportée dans le cimetière de Tende... Tous ces gens ont été choqués, et pourtant, ils continuent à travailler avec courage. » Dans la rame, beaucoup de personnes voyagent pour retrouver des proches à l’instar de Florian, un jeune Mentonnais. « Mes parents vivent à Saint-Dalmas-deTende et je ne les ai pas vus depuis la tempête. Ils n’ont pas eu de gos dégâts chez eux mais je ressens le besoin d’être auprès d’eux. »
Un élan de solidarité
Florian a prévu de rester plusieurs jours dans la vallée et de donner un coup de main à l’Esat Le Prieuré qui assure la distribution de l’aide alimentaire. Contribuer à l’effort de guerre et retrouver un proche, ces deux mêmes raisons ont motivé Laëtitia, venue de RoquebruneSur-Argens avec son fils Mathieu. «Mon mari est pompier volontaire à Saint-Dalmas, je suis venue le retrouver mais aussi donner de mon temps pour m’occuper des enfants de la garderie du village. » Pourtant longtemps menacé, le train s’avère être un fabuleux outil de reconstruction et de solidarité.
Retrouver, peu à peu, une vie normale ”