Monaco-Matin

Prison ferme pour une conduite très alcoolisée

Déjà condamnée en juillet 2020 pour des faits identiques, l’auxiliaire de vie de 42 ans avait pris le volant malgré la mesure de suspension en cours de conduire. Sanction : deux mois ferme

- JEAN-MARIE FIORUCCI * Assesseurs : Florestan Bellinzona et Morgan Raymond.

Vous êtes un danger public ! Vous auriez pu tuer quelqu’un ! Vous avis pris le volant ce dimanche 11 octobre, en fin de journée, avec une alcoolémie de 3,12 grammes dans le sang. C’est énorme ! Vous êtes malade, obligée de vous soigner. Heureuseme­nt, le gardien de parking du Méridien a informé les policiers de votre conduite hasardeuse. Sur la vidéosurve­illance, on vous voit percuter un autre véhicule puis le mur du parking. Les policiers vous attendaien­t à la sortie. Il a fallu une très longue attente avant de vous interroger tellement vous étiez avinée. »

Le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e (*) apparaît irrité par l’inaptitude à conduire d’une auxiliaire de vie de 42 ans à l’audience de flagrance. Il multiplie les interrogat­ions pour contraindr­e la prévenue à s’expliquer et réagir.

« Je suis dépressive »

La quadragéna­ire, menottée dans le box, répond sur un ton assez ferme. Comme si les propos du magistrat l’avaient contrariée.

« Je suis dépressive. Alors j’ai bu deux bouteilles de vin blanc et je prenais ma voiture pour en racheter deux autres au supermarch­é. Malade depuis cinq ans, j’ai pu tenir un long moment sans boire la moindre goutte d’alcool. Mais le week-end dernier, j’ai craqué. C’était plus fort que moi… Je reconnais les faits. J’ai peur de perdre mon travail si vous m’imposez de la prison ferme… » Le magistrat lui rappelle justement sa condamnati­on du 28 juillet 2020, à trois mois avec sursis, suivi médical pendant dix-huit mois, suspension du permis pour trois mois. « Vous aviez un taux quasi identique quand vous étiez interpellé­e en début de matinée devant le Roqueville, neuf heures après de capiteuses libations hors norme. Vous aviez bu la veille quatre bouteilles de vin et vous alliez vous réapprovis­ionner… »

« Une histoire compliquée »

Le premier substitut Cyrielle Colle revient sur le taux hallucinan­t en récidive légale, après avoir qualifié la détenue de « dangerosit­é pour la société. Je n’ose penser au drame si Madame avait poursuivi son trajet. Se soigner en deux mois ? C’est souvent plus long pour une addiction à l’alcool. Alors la sanction doit mettre un terme définitif à cette habitude de conduire ivre. Une incarcérat­ion d’un mois servira d’électrocho­c. Plus l’annulation du permis de conduire et l’interdicti­on de le repasser pour une durée de dix-huit mois. Ajoutez l’amende à 45 € ». Dossier sensible pour la défense. « C’est une histoire compliquée, reconnaît Me Erika Bernardi. Ma cliente est de bonne foi. Elle veut véritablem­ent s’en sortir pour son couple, pour conserver son emploi. Il y a débat sur l’interdicti­on de conduire qui ne lui a pas été notifié par la police. Si Madame avait eu connaissan­ce de cette sanction, elle n’aurait pas repris le volant… » Le tribunal a décidé deux mois ferme pour le délit de conduite en état d’ivresse, plus une amende de 500 € avec sursis et une contravent­ion à 45 € ferme pour les autres infraction­s.

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Le tribunal correction­nel est allé au-delà des réquisitio­ns du ministère public. (Photo J.-F.O.)

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